Jipango / Idées Japon est une association franco-japonaise infatigable depuis sa création à Paris en 1998 dont l’objectif est de promouvoir la culture japonaise en France et dernièrement au Japon avec Idées Kamakura, auprès des expatriés et des touristes. Nous allons découvrir l’évolution de cette association grâce à sa fondatrice Madame Naoko Tsunoi.
Bonjour Tsunoi san,
Tout d’abord, un grand merci d’avoir accepté cette interview. Je suis ravie de pouvoir échanger avec vous et découvrir plus en profondeur l’évolution de Jipango, une association qui joue un rôle si important dans la diffusion de la culture japonaise en France. Pour vous rendre nostalgique, j’ai encore votre guide « 100 regards inédits sur le Japon +1000 bonnes adresses japonaises en France » publié en 2004 !
Comment est né Jipango à Paris ?
Lorsque je suis arrivée en France, il y avait peu de sources d'informations sur le Japon en français. Avec mon expérience dans un média anglophone à Tokyo, j'ai lancé en 1998 un journal gratuit pour présenter des infos pratiques sur le Japon à Paris et le voyage au Japon.
D'abord, j'ai préparé une maquette pour montrer aux annonceurs potentiels. Je me souviens bien de la réaction du directeur du bureau de compagnie aérienne japonaise qui était très motivé de nous soutenir car il souhaitait avoir au moins 100 000 visiteurs Français au Japon. En 1998, c'était 56 000 visiteurs par an. Après 20 ans, en 2018, ils sont arrivés à 300 000 ! Grâce au soutien de 20 annonceurs, le premier numéro du magazine Jipango est né en automne 1998. 1997 était l'Année du Japon en France et l'ouverture de la Maison de la Culture du Japon à Paris. Depuis nous avons organisé des défilés de kimono, concerts de musique traditionnelle, danse nihon-buyō (1), ikebana, cérémonie du thé…
Comment gérez-vous la visibilité de l'association à l'échelle nationale et locale ?
Nous diffusons une newsletter, "Jipango Mail Service", pour informer sur les événements liés au Japon à Paris, incluant aussi des infos en province, plus de 70 infos par mois. Cette newsletter, qui compte aujourd'hui 10 000 abonnés, continue de croître.
Pouvez-vous partager quelques succès ou projets marquants que l'association a réalisés ?
En 2004, nous avons publié "100 regards inédits sur le Japon", un guide qui reste vivant même après 20 ans. Entre 2005 et 2006, nous avons loué un espace dans le 3e arrondissement pour organiser expositions, conférences et ateliers, ce qui est devenu la base du Salon Idées Japon à l'Espace Cinko au 12-18 Passage Choiseul dans le quartier de l’Opéra.
Ce salon annuel est comme une grande réunion de créateurs, artistes et spécialistes franco-japonais pour présenter leurs créations, produits de style japonais et montrer leurs savoir-faire via des ateliers. Il continue d'attirer plus de 6 000 visiteurs, même après le Covid, grâce à Claire de Bréban avec qui je travaille depuis 20 ans et autres collaborateurs.
Comment l'association s'adapte-t-elle à l'évolution des intérêts et des tendances concernant la culture japonaise en France ?
S'adapter aux évolutions rapides des tendances n'est pas facile. Par exemple, dans le premier numéro, nous avons présenté 56 bons restaurants japonais à Paris, surtout de sushi et yakitori, mais aujourd'hui, la scène culinaire inclut des ramen, onigiri, wagyu et cha-kaiseki, vegan style japonais...
Le même phénomène se produit dans l'édition, avec des mangas et des livres japonais traduits et publiés presque simultanément au Japon et en France.
Comment voyez-vous l'évolution de la perception de la culture japonaise en France ces dernières années ?
Il est impossible de résumer dans un mot ou de généraliser… La perception de la culture japonaise en France s'est élargie. Beaucoup de Français découvrent cette culture sans même aller au Japon.
Grâce à l'augmentation des visiteurs et aux informations en temps réel diffusées par les blogueurs, cela va approfondir encore plus cette perception.
Pourquoi et comment est né Idées Kamakura ? Quel est son public cible ?
Idées Kamakura organise des ateliers culinaires, principalement végétariens, inspirés par la cuisine bouddhiste végétarienne shojin ryori. Cette initiative a commencé à Paris avec Mari Fujii (2) une experte en cuisine bouddhiste zen, et continue maintenant à Kamakura. L'objectif est de créer des moments de partage culinaire où des personnes de différentes origines peuvent se retrouver, comme je l'ai expérimenté en France.
Avez-vous des partenariats avec d'autres associations, organismes culturels ou des entreprises ?
Nous collaborons avec des centres culturels et des associations pour diffuser des informations sur leurs événements.
Comment l'association est-elle financée et quel rôle jouent les bénévoles dans le fonctionnement de Jipango ?
L'association est financée par les encarts publicitaires de nos partenaires, les frais des exposants du Salon, et les participations aux ateliers. Nos activités sont rendues possibles grâce à une équipe engagée qui partage un esprit bénévole.
Quelles opportunités voyez-vous pour l'avenir de l'association ?
Comme le Salon Idées Japon est limité uniquement aux personnes qui peuvent se déplacer à Paris, j'aimerais créer un portail en ligne « Expo-Vente », permettant aux acheteurs et fabricants de se connecter.
Pour l'atelier cuisine aussi, l’idéal serait de proposer une "leçon vidéo" pour apprendre en ligne.
Je vous remercie beaucoup pour votre temps Tsunoi san et vous souhaite bonne continuation.
Dernier guide à consulter > Le Japon : source d’inspiration artistique
(1) Nihon-buyō dance traditionnelle japonaise, voir tuto MCJP : https://www.mcjp.fr/fr/initiation-a-la-danse-nihon-buyo-2
(2) Mari Fujii a écrit plusieurs livres sur la shojin ryori, la cuisine végétarienne des temples zen dont The Enlightened, Kitchen : Fresh Vegetable Dishes from theTemples of Japan (en anglais).
https://www.ideesjapon.com/journal/dossier-cuisine-2023/
https://www.ateliercafeculture.com/mari-fujii/
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