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Commémoration : des sirènes pour se rappeler l'insurrection de Varsovie

Varsovie, 17h. Les voitures s’arrêtent, les klaxons et les sirènes d’alarme de la ville résonnent. Dans la rue, les Polonais brandissent drapeaux et fumigènes. Pendant une minute, le temps semble s’arrêter. Puis les passants applaudissent et entonnent des chants à la gloire de leur patrie et de leurs aînés. Un vibrant hommage à l’insurrection de Varsovie, que l’on revit tous les 1ers août.

insurrection de Varsovieinsurrection de Varsovie
Écrit par Marie-Line Naves
Publié le 31 juillet 2022, mis à jour le 6 août 2024

L’insurrection de Varsovie : le début de la fin

Depuis le 28 septembre 1939, la ville est occupée. Mais, en 1944, la fin de la guerre approche et l’Armée Rouge aussi. La même année, l’Armia Krajowa (Armée Intérieure), plus grand mouvement de résistance en Pologne, enclenche l’opération tempête (opération Burza) dont le but est de récupérer les territoires occupés avant l’arrivée de l’Armée. Elle est connue grâce à deux évènements symboliques, l’insurrection de Vilnius (Wilno) et celle de Varsovie.

La libération est proche et l’insurrection de Varsovie plus politique que militaire. Il s’agit d’envoyer un signal fort aux Russes. On veut leur signifier l’indépendance de la Pologne et sa capacité à choisir son régime politique après la guerre. « Nous voulons être libre et devoir notre liberté à nous-mêmes » déclare le 1er septembre 1944 le délégué du gouvernement de la République de Pologne et vice-premier ministre, Jan Stanislaw Jankowski.

Les premiers jours du mois d’août, Hitler ordonne de détruire totalement Varsovie avec ses habitants.
20.000 SS suréquipés font face à entre 50.000 insurgés dont seulement la moitié était armée. Une gigantesque bataille urbaine s’engage alors. Sans l’aide de l’Armée Rouge qui laisse les nazis écraser le mouvement, ce qui lui simplifiera la tâche pour prendre la ville plus tard, et avec un appui limité des Alliés, les insurgés sont laissés à eux-mêmes.

 

Un lourd tribut

Après 63 jours de combats, plus de 80% de la ville est détruite, plus d’une dizaine de milliers d’insurgés et civils sont morts et des centaines de milliers de personnes sont déportées. Les massacres n’ont pas épargné les civils, qui sont presque 200.000 à avoir péri.

Le 2 octobre 1944, Polonais et Allemands signent un cessez-le-feu. Les insurgés doivent rendre les armes et se faire prisonniers. Les civils sont évacués et déportés, pour la plupart dans le camp de Pruszków.

Ce n’est que le 15 janvier 1945 que l’Armée Rouge entre dans la capitale. Commence alors une nouvelle domination pour la Pologne.

 

Un symbole national controversé

La nécessité de cette insurrection, synonyme de catastrophe pour une nation, à la fois provoquée et consentie, est parfois attribuée à une forme de romantisme irresponsable polonais et donc remise en cause. Pour autant, l’enjeu de cette insurrection était l’indépendance et la souveraineté politique et territoriale polonaise après la guerre. Même si elle n’atteint pas son but, elle reste un symbole fort pour les Polonais, signe de résistance et d’indépendance. 

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