Pendant deux mois, de septembre à novembre 2024, le Liban a vécu au rythme des bombardements israéliens quotidiens, plongeant la population dans l’incertitude et la peur. Le conflit, qui était déjà présent dans le sud du pays depuis près d’un an, s’est étendu à la capitale et au reste du pays. Dans ce climat d'incertitude, l'éducation est mise à rude épreuve. Layal, professeure au collège Louise Wegmann de Beyrouth, nous partage son expérience en tant qu'enseignante confrontée à la guerre et à ses conséquences sur la santé mentale des élèves et des enseignants.


"Ces deux mois de guerre ont eu un grand impact sur la concentration des élèves et leur capacité à mener une vie ordinaire, que ce soit à l'école ou à la maison", explique Layal professeure au Collège Louise Wegmann de Beyrouth. Les bruits de bombardements, l'incertitude du lendemain et les tensions quotidiennes pèsent lourdement sur le moral des jeunes, affectant leur engagement scolaire.
Des solutions en ligne et des emplois du temps adaptés au Liban
Contrairement à d'autres établissements contraints à la fermeture, le collège Louise Wegmann de Beyrouth a su réagir avec rapidité. "L'école n’a pas fermé longtemps. Un plan d’urgence a été mis en place et on a délocalisé le site de Beyrouth à Joura (loin des évènements). Toutes les classes ont pu suivre les cours normalement." Pour les élèves ayant quitté le pays ou ne pouvant se rendre en classe, des solutions en ligne ont été développées. "Nous avons mis en place des classes à distance avec des emplois du temps adaptés pour ceux qui habitent des zones dangereuses ou ont peur de faire le trajet tous les jours" développe la professeure.
L'établissement a également dû trouver des stratégies pour compenser les cours manqués. "Des évaluations formatives ont été faites pour les élèves à distance, suivies de cours de remise à niveau. Pour les élèves fragiles, un soutien individualisé à l'école et à la maison a été mis en place."
Mais assurer un climat serein en classe a été un défi. "L’environnement était tendu, tout le monde était sous pression. Les cours étaient systématiquement suspendus à cause d'événements extérieurs. Il fallait toujours s’adapter à ces facteurs de guerre et faire preuve de compréhension et d’empathie tout en restant vigilants."
Enseigner au Liban, une charge émotionnelle écrasante
Enseigner dans un contexte de guerre, c’est également porter une lourde charge émotionnelle. "C'était très difficile de faire semblant que la vie continue. Certains élèves vivent dans des régions sécurisées et ne sont pas directement affectés, alors que d'autres ont vu leur vie chamboulée. Les professeurs aussi. Pour quelques-uns d’entre eux, il a fallu changer d’habitation pour être proche de l'école et soutenir ses propres enfants."
Pourtant, aucun accompagnement psychologique n’a été proposé aux enseignants. Mais elle n’en veut pas à l’établissement, “les Libanais sont habitués à ces perturbations malheureusement” confie-t-elle. Chacun et chacune a développé des techniques pour pallier la guerre.
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