Édition internationale

La Grèce se dote de son premier cadre de planification maritime

En introduisant pour la première fois un cadre de planification spatiale maritime, la Grèce définit ainsi des règles d’organisation de son espace maritime ainsi que l’utilisation qu’elle compte en faire. Cet outil est plus que symbolique car outre une pleine délimitation de son espace maritime, il prévoit un juste équilibre entre protection de l’environnement et économie maritime.

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Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 28 avril 2025, mis à jour le 30 avril 2025

 

Une planification multisectorielle et territoriale

Le cadre est un outil politique complet qui aborde de multiples secteurs : les écosystèmes marins ; le tourisme durable ; la protection du patrimoine marin ; les infrastructures de transports ; le développement énergétique dont l’éolien et les gisements ; la pêche et l’aquaculture ; les infrastructures transfrontalières d’intérêt commun.

Par ces différents aspects qu’il s’agit de concilier, le cadre de planification doit ainsi poser les bases d’une économie bleue modernisée, usant au mieux des ressources maritimes tout en protégeant l’environnement marin et sa biodiversité.  

Le cadre définit quatre zones spécifiques afin de s’adapter au mieux aux réalités géographiques des eaux grecques. Ainsi, la Crête ; les îles ioniennes ; les Cyclades et le Dodécanèse ; les Sporades et îles égéennes septentrionales, auront une planification maritime différente.   

 

Une exigence juridique

Le cadre répond aux obligations établies en vertu de la directive européenne 2014/89 qui impose aux États membres la définition d’une stratégie d’aménagement de l’espace maritime, tenant compte à la fois de la conservation environnementale et des enjeux économiques.

Cet aspect est d’autant plus important que c’est la première fois que la délimitation complète de l’espace maritime grec figure dans un texte juridique officiel d’une instance européenne. Toutes les îles grecques y sont reconnues ainsi que l’espace maritime auquel elles donnent légalement droit.

D’autant que le cadre, en traitant des questions économiques, énergétiques et d’infrastructures, est la traduction de l’exercice, par la Grèce, de ses droits souverains sur ses eaux. Cela en parfaite conformité avec les conventions internationales sur le droit de la mer.

 

Un potentiel à exploiter

Ce cadre est instauré alors que la Grèce est en train de concrétiser deux projets énergétiques marins d’envergure : l’exploration de gisements d’hydrocarbures en Crête ainsi que le câble électrique sous-marin avec Chypre. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si le cadre souligne l’importance des infrastructures transfrontalières d’intérêt commun, statut qui a été reconnu au câble gréco-chypriote.

Avec le premier littoral de la Méditerranée, un large espace maritime et des centaines d'îles, la Grèce entend ainsi organiser au mieux la valorisation, tout en assurant la conservation, de celle que l’on surnomme parfois la grande bleue.

 

L’opposition traditionnelle de la Turquie

Par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, la Turquie a immédiatement rejeté le cadre de planification maritime. Elle a notamment affirmé que la délimitation établie de l’espace maritime grec chevauchée « illégalement » certaines zones maritimes turques. Plus que cela, le ministre a affirmé que le plan n’aurait aucune conséquence juridique pour Ankara.

Toutefois, la Turquie a exprimé son souhait de coopérer, conformément au droit maritime international, avec la Grèce pour la protection environnementale de l’Égée et de la Méditerranée orientale qu’elles partagent. Ce à quoi les autorités grecques ont répondu positivement, en espérant trouver une voie commune qui permette d’apaiser ces tensions territoriales.

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