Le ministère thaïlandais du Tourisme caresse l’idée de faire instaurer une double tarification sur les chambres d’hôtel pour les étrangers, a fait savoir mercredi une porte-parole du gouvernement.
Le ministère thaïlandais du Tourisme et des Sports envisage de demander aux hôteliers du royaume de mettre en place une double tarification selon laquelle les étrangers se verraient proposer la nuitée aux prix pré-pandémiques tandis que les Thaïlandais continueraient à bénéficier des tarifs réduits, a déclaré mercredi dans un communiqué Traisuree Taisaranakul, une porte-parole du gouvernement, citée par le Bangkok Post.
Avec la crise du Covid, qui a réduit à peau de chagrin la fréquentation touristique dans le royaume, les hôtels du royaume ont cassé leurs prix comme jamais auparavant.
Viser une clientèle haut de gamme ?
L’annonce intervient deux jours après les propos du vice-Premier ministre et ministre de la Santé, Anutin Charnvirakul, qui intimait aux acteurs du tourisme d’arrêter de proposer aux touristes internationaux des tarifs au rabais et de viser une clientèle haut de gamme, malgré les dégâts considérables infligés au tissu socio-professionnel du secteur et la perte de confiance dans le pays engendrée par la politique sanitaire chaotique de la Thaïlande durant deux ans de pandémie.
Anutin Charnvirakul est le chef d'un des principaux partis de la coalition gouvernementale, le Bhumjaithai. Outre le ministère de la Santé, le Bhumjaithai s'est aussi notamment vu attribué les ministères du Tourisme et des Transports.
"Il s'agit de maintenir nos niveaux habituels de tarifs et services pour les touristes étrangers, ce qui influe sur l’image de marque du pays", a déclaré Traisuree Taisaranakul. "Les tarifs qui ont été réduits pendant le Covid-19 seront maintenus pour les Thaïlandais afin de soutenir le tourisme domestique", a-t-elle ajouté.
La porte-parole n’a pas donné de détails sur les modalités -ni sur les coûts- d’application d’une telle politique dans la mesure par exemple où les réservations et les paiements se font généralement via les sites Internet des hôtels et le plus souvent via des plateformes de réservations, ce qui risque d'engendrer inévitablement des coûts et des contraintes diverses pour des entreprises en souffrance usées par deux années de crise. Aussi, la notion de double tarification est assez mal acceptée par la clientèle occidentale qui redevient un marché important en l'absence des Chinois toujours bloqués au pays par les mesures anti-Covid de leur gouvernement.
10 millions de visiteurs étrangers espérés cette année
En juillet, les autorités ont levé les dernières restrictions sanitaires anti-Covid concernant les voyageurs, et le gouvernement espère désormais approcher les 10 millions de visiteurs étrangers cette année, un quart de la fréquentation avant la pandémie, alors que le secteur est toujours meurtri par deux années de vache maigre. Nombre d’hôtels ont fermé définitivement, d’autres ont épuisé leur trésorerie et se sont endettés, les réseaux de prestataires -des transporteurs aux animateurs en passant par les guides- se sont délités, et la relève potentielle manque parfois d’expérience.
Chute de touristes en Asie dans les destinations populaires
Parmi les destinations les plus populaires d'Asie, la Thaïlande a accueilli en 2019 avant la pandémie près de 40 millions de voyageurs étrangers qui ont dépensé 1.910 milliards de bahts (51,77 milliards d’euros), soit l'équivalent de 11% du produit intérieur brut.
Mais en 2020, après que les autorités sanitaires ont fait fermer les frontières sur plusieurs mois puis ont instauré jusqu’au début de cette année une quarantaine stricte assortie de contraintes et autres restrictions coûteuses pour les voyageurs, le nombre d’arrivées est tombé à 6,7 millions, puis à 428.000 en 2021.
Depuis son entrée au gouvernement, Anutin Charnvirakul a vu sa cote de popularité ainsi que celle de son parti s'effondrer dans les sondages, et ce malgré le fait que le ministre de la Santé a été crédité pour la dépénalisation récente du cannabis, mesure très populaire dans le royaume. Le dernier sondage de l'Institut national d'administration du développement (NIDA) donnait seulement 2,65 % d’opinons favorables au parti et seulement 1,52% des sondés ont choisi Anutin comme possible Premier ministre, alors que les élections de 2023 approchent.