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Covid-19 en Inde : La deuxième vague est un tsunami

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@Swarnavo Chakrabarti on Unsplash
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 19 avril 2021, mis à jour le 19 décembre 2023

L'Inde atteint de nouveaux sommets inquiétants dans cette deuxième vague de la pandémie : mi-avril 2021, le nombre de nouveaux cas journaliers dépassait les 200 000 pour la première fois depuis mars 2020. Le 15 avril 2021, le taux de positivité des tests quotidiens ou les cas identifiés pour 100 tests étaient de 13,4 dépassant le pic précédent de 12,5 % enregistré en juillet 2020. Face à cette deuxième vague, le système de santé indien donne des signes inquiétants d'incapacité à faire face à la crise sanitaire. De plus, le pays risque d'être confronté à une pénurie de produits pour soigner les patients et plus particulièrement d'oxygène. 

 

 

 

Les causes possibles de l’ampleur de cette deuxième vague

Le Dr Randeep Guleria, directeur du All India Institute of Medical Sciences, a déclaré à l'agence de presse indienne ANI que l'absence de comportement adapté à la Covid-19 et la mutation du virus sont les deux raisons principales de la propagation rapide de l'épidémie en Inde : "La cause de cette recrudescence est multifactorielle. Mais les deux principales causes sont que les gens ont cessé d'adopter un comportement approprié en janvier-février, lorsque la vaccination a commencé et que les cas ont diminué. De plus, à cette époque, le virus a muté et s'est propagé davantage.” Il s'est dit préoccupé par les activités religieuses et politiques qui se déroulent en Inde dans un contexte de recrudescence des infections et a déclaré qu'elles devaient être limitées.

 

Le manque de respect des règles d'hygiène

Début 2021, les Indiens, peut-être par lassitude ou par négligence, ont commencé à ne plus appliquer les règles de prévention de la Covid-19 : les masques ont disparu, les événements festifs se sont multipliés, les attroupements dans les marchés et dans les parcs intensifiés et l'idée a commencé à circuler que le coronavirus avait disparu.

Lire Covid-19 : la deuxième vague frappe l’Inde

 

Le festival Kumbh Mela, un événement à haut risque

La Kumbh Mela est considérée comme "la plus grande congrégation mondiale de pèlerins religieux” et a été inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO. En 2021, le festival a lieu à Haridwar dans l’Uttarakhand et a été maintenu malgré la pandémie (Lire Kumbh Mela, le grand pèlerinage hindou défie le coronavirus). 

Le 12 et 14 avril étaient des jours de bain sacrés dans le Gange et les images de milliers de pèlerins s’amassant sur les berges du fleuve ont fait le tour du pays. La police de l’Etat de l’Uttarakhand finit par avouer qu’elle n’est pas en mesure de faire appliquer les règles de prévention de la Covid-19 comme la distance entre les personnes et le port du masque.

Le Premier ministre a appelé le 18 avril à la réduction de la Kumbh Mela, indiquant qu’il en avait discuté avec les autorités religieuses. C’est peut-être trop tard. Il y a actuellement plus de 13 000 cas de Covid-19 dans l'Uttarakhand alors qu’il y en avait seulement 800 il y a 10 jours.


Les campagnes électorales

L'année 2021 est une année électorale pour les assemblées législatives dans cinq États et Territoires de l’Union indienne : Assam, Bengale occidental, Kerala, Pondichéry et Tamil Nadu. Les campagnes électorales ont démarré dès la fin 2020 et ont battu leur plein dans tous les Etats concernés avec rallyes et rassemblement de personnes sans aucun respect des mesures de prévention de la Covid-19. 

Les élections sont maintenant terminées dans la plupart des Etats sauf au Bengale occidental. La Commission électorale a ordonné vendredi 16 avril de restreindre la campagne pour les trois dernières phases des élections au Bengale occidental, notamment en étendant la période de silence avant le vote de 48 heures à 72 heures et en interdisant toute campagne de 19 heures à 10 heures, en raison de l'augmentation des cas de Covid-19.

 

 

La mutation du virus

Plusieurs variants sont apparus en Inde depuis quelques mois, mais les scientifiques sont surtout inquiétés par un double variant (ce variant contient deux mutations spécifiques), apparu dans le Maharashtra puis à Delhi. Ce double variant serait responsable de la propagation rapide des nouveaux cas dans le Maharashtra.


 

Le système de santé indien mis à mal

Face à l'afflux de nouveaux patients, le système de santé indien souffre : pénurie d'oxygène, saturation des lits d'hôpitaux, manque de tests …


Pénurie possible de tests

Pour tenter de limiter la propagation du virus, la plupart des Etats indiens ont relancé les campagnes de tests qui avaient été ralenties en début d'année. Cela a contribué à une forte augmentation de la demande de tests et à l'allongement des délais d’attente pour être testé et pour obtenir les résultats et plus particulièrement dans les mégalopoles comme Mumbai.


Pénurie possible d'oxygène

Le gouvernement national a identifié 12 États confrontés à une situation inquiétante en matière de demande d'oxygène :  

  • le Maharashtra, 
  • le Madhya Pradesh, 
  • le Gujarat, 
  • l’Uttar-Pradesh, 
  • Delhi, 
  • le Chhattisgarh, 
  • le Karnataka, 
  • le Kerala, 
  • le Tamil Nadu, 
  • le Pendjab, 
  • l’Haryana et 
  • le Rajasthan

La décision a été prise d'importer 50 000 tonnes d'oxygène médical et de mettre en place des usines d'oxygène pour 100 nouveaux hôpitaux, qui seront financés par le fonds PM-CARES. Pour rassurer les gouvernements des États qui ont fait part de leurs inquiétudes quant à de graves pénuries, le secrétaire à la Santé, Rajesh Bhushan, a déclaré que les véhicules transportant de l'oxygène pourront circuler librement, sans limite de temps ni restriction interurbaine. Pour intensifier la distribution d'oxygène à travers le pays, les chemins de fer indiens s’associent au gouvernement et vont mettre en circulation des trains nommés "Oxygen Express" au cours des prochains jours pour transporter de l'oxygène médical liquide et des bouteilles d'oxygène. Des camions-citernes vides partiront en train des gares de Kalamboli et de Boisar, à Mumbai et dans ses environs, pour charger de l'oxygène médical liquide à Vishakhapatnam dans l’Andhra Pradesh, Jamshedpur dans le Jharkhand, Rourkela et Bokaro dans l’Odisha.

 

 

Plusieurs gouvernements locaux signalent également des pénuries de vaccins, de kits de test, de lits d'hôpitaux et de crématoriums. 

 

Réouverture des méga centres Covid-19

Dans la plupart des métropoles indiennes, les gouvernements locaux ont décidé de redémarrer l'activité des méga centres de traitement des patients atteints de la Covid-19. Ceux-ci avaient été ouverts en 2020 lorsque le virus avait commencé à se propager rapidement en juin puis ont été progressivement fermés suite à la diminution du nombre de patients.

Les chemins de fer indiens ont aussi reouvert les centres de quarantaine dans les wagons comme en 2020.

 


 

Marché noir de médicaments

En Inde, le médicament Remdesivir est utilisé pour une catégorie de patients atteints de la Covid-19 même si son efficacité n'est pas prouvée. La production nationale de ce médicament antiviral est passée de 2,8 millions à 4,1 millions de flacons par mois début avril, a annoncé le gouvernement indien. Pour faire face à la demande accrue, il a récemment interdit son exportation et a demandé aux sociétés pharmaceutiques d’en limiter le prix.

 


 

Mais, plusieurs affaires de vente du médicament sur le marché noir ont été découvertes ces derniers jours. 



 

Face à cette deuxième vague beaucoup plus violente que la première, les gouvernements locaux ont remis en place des restrictions de déplacement et des couvre-feu qui risquent fort d’avoir un effet négatif sur la potentielle reprise de l'économie indienne et sur les catégories sociales les plus défavorisées qui ont déjà beaucoup souffert en 2020.  

 

 

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