La mousson indienne est le plus important des systèmes de mousson du monde et affecte principalement l'Inde et ses voisins, le Sri Lanka, le Pakistan et le Bangladesh. La mousson fait référence au vent saisonnier de l'océan Indien et de l'Asie du Sud, qui souffle du sud-ouest en été et du nord-est en hiver. Ce processus apporte de grandes quantités de précipitations dans la région entre juin et septembre.
Les moussons sont causées par le fait que de la terre s'échauffe et se rafraîchit plus vite que la mer. Au printemps, les températures terrestres s'élèvent progressivement et la terre atteint une température plus élevée que la mer. L'air chaud de la terre tend à s'élever, créant une zone de basse pression locale au niveau du sol. Cela crée un appel d'air et un vent constant souffle alors de la mer vers la terre car sous les tropiques la circulation d'air subit peu de perturbations, contrairement aux latitudes plus élevées. Cette circulation peut durer des semaines ou même des mois, le temps que la température de surface de la mer devienne aussi chaude que la température maximale quotidienne des terres et que la boucle thermique ne puisse plus se former (source Wikipedia).
Les caractéristiques géographiques uniques du sous-continent indien, ainsi que les facteurs atmosphériques, océaniques et géophysiques associés, influencent le comportement de la mousson. En raison de ses effets sur l'agriculture, la flore et la faune et d'autres effets économiques, sociaux et environnementaux - la mousson est l'un des phénomènes météorologiques les plus attendus, suivis et étudiés dans la région.
La mousson sud-ouest, la source d’eau principale de l’Inde
Les moussons d'été du sud-ouest se produisent de juillet à septembre. Le désert du Thar et les régions adjacentes du sous-continent indien du nord et du centre se réchauffent considérablement pendant les étés chauds. Cela provoque une zone de basse pression sur le sous-continent indien du nord et du centre. Pour combler ce vide, les vents chargés d'humidité de l'océan Indien se précipitent dans le sous-continent. Ces vents, riches en humidité, sont attirés vers l'Himalaya. L'Himalaya agit comme un haut mur, empêchant les vents de passer en Asie centrale et les obligeant à se lever. À mesure que les nuages se lèvent, leur température baisse et des précipitations se produisent. Certaines régions du sous-continent reçoivent jusqu'à 10 000 mm de pluie par an.
Cette mousson représente près de 80% des précipitations en Inde.
Le retrait de la mousson et l'arrivée de la saison sèche
Vers septembre, le soleil se retirant rapidement vers le sud, la masse terrestre nord du sous-continent indien commence à se refroidir rapidement. Avec cette pression atmosphérique qui commence à monter sur le nord de l'Inde, l'océan Indien et son atmosphère environnante retiennent toujours sa chaleur. Cela provoque un vent froid qui souffle de l'Himalaya et de la plaine indo-gangétique vers les vastes étendues de l'océan Indien au sud de la péninsule du Deccan. Ceci est connu comme la mousson du nord-est ou la mousson en retraite.
En voyageant vers l'océan Indien, le vent sec et froid ramasse de l'humidité dans la baie du Bengale et la verse sur l'Inde péninsulaire et certaines parties du Sri Lanka. Des villes comme Chennai, qui reçoivent moins de pluie de la mousson du sud-ouest, reçoivent la pluie de cette mousson. Environ 50% à 60% des pluies reçues par l'État du Tamil Nadu proviennent de la mousson du nord-est.
Après le retrait de la mousson, une saison ensoleillée, sèche et poussiéreuse commence dans la majeure partie de l'Inde qui s'étale de novembre à mai. La période la plus sèche arrive en novembre au Punjab ; décembre en Inde centrale, au Bengale et en Assam ; janvier dans le nord du Deccan ; et février dans le sud du Deccan.
La mousson, la ligne de vie des agriculteurs indiens
L'économie indienne dépend fortement de l'agriculture et les moyens de subsistance du fermier indien dépendent en grande partie des pluies de mousson. L’agriculture, avec tous les secteurs associés (graines, engrais, tracteurs…), est la source principale de revenus d’une grande partie de la population indienne. 70% des foyers des zones rurales dépendent de l’agriculture pour leurs besoins quotidiens et 82% des agriculteurs ont de petites exploitations. Un retard de quelques jours dans l'arrivée de la mousson peut gravement affecter l'économie, comme en témoignent les nombreuses sécheresses en Inde ces dernières années.
La mousson sud-ouest est le moyen principal d’irrigation d’une grande majorité des agriculteurs indiens et l'avancée de celle-ci est donc étudiée avec attention chaque année. Dès le mois d’avril, l’Institut Météorologique Indien (IMD) et l’organisme privé, Skymet, annoncent leurs prévisions pour l'arrivée et l'intensité de la mousson.
En Inde, les exploitants agricoles récoltent leur production deux fois par an :
- en mars/avril, pour les semences plantées en octobre/novembre après la mousson, c’est la récolte appelée “Rabi” (le terme date de l’empire moghol et désigne le printemps en arabe), cela concerne blé, maïs, avoine, pois, pois chiches, fenouil, cumin, tomates, oignons…
- en octobre/novembre pour les semences plantées en mai/juin juste avant la mousson, c’est la récolte appelée “Kharif” (qui désigne l’automne en arabe), cela concerne riz, millet, maïs, haricots noirs, arachides...La récolte Kharif qui se fait juste après la mousson dépend entièrement des pluies de la mousson.
La mousson, un soulagement mais aussi un danger pour les villes
Les habitants des villes indiennes attendent eux aussi la mousson avec impatience car elle rafraîchit l'atmosphère et nettoie l’air, la végétation et les rues. A Mumbai, c’est aussi la saison pendant laquelle les citadins en profitent pour faire le plein de verdure dans les collines environnantes (5 idées de randos dans le Maharashtra pour faire le plein de verdure !)
Mais, les citadins craignent cependant l'intensité des pluies qui engendre des inondations terribles surtout dans les villes comme Mumbai à forte densité de population et dont le système d'écoulement des eaux de pluie est peu efficace. A Mumbai, lorsque de fortes précipitations surviennent en même temps qu’une grande marée, les zones basses sont complètement inondées, l’eau des égouts est refoulée et la ville est littéralement immobilisée comme ce fut récemment le cas en juillet 2019 ou en août 2017 (Mousson 2019 : Mumbai sous les eaux).