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l'école Domaines avec AMUR redonne espoir aux enfants de Kompong Spoeu

AMUR offre aux enfants du Cambodge un avenir grâce à l’éducation. Soutenue par Julie Pietri, l’école transforme des vies, brisant la misère pour ouvrir la porte aux rêves et à l’espoir.

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Écrit par Dalva Dhont
Publié le 21 février 2025, mis à jour le 24 février 2025

Le 14 février, loin du gris de Paris et des salles de concerts, Julie Pietri se rendait dans une école cambodgienne pour inaugurer « la classe maternelle Julie Pietri ». Retour sur cette journée. 

Sous le soleil éclatant du Cambodge, au beau milieu des champs de mangue, une petite école se dresse. Sur ses murs peints de bleu, des dessins d’enfants marquent l’activité que connaît le lieu.  Dans la cour, les éclats de rire résonnent autour des balançoires. À moins de 100km de Phnom Penh, l’association AMUR (Au Moins Un Repas) a inauguré le 14 février la salle maternelle Julie Pietri, en présence de la marraine emblématique, Chanteuse française que l'on connait depuis les années 80. 

 

Julie Pietri avec les enfants de l'école

Le sourire montant jusqu’aux oreilles, l'interprète l’interprète d’ « Ève lève toi » a tout d’une star, mais aujourd’hui, elle est surtout là en tant que femme engagée. “Je ne veux pas rester une artiste enfermée dans son égo”, confie-t-elle. Son combat est de donner aux enfants un avenir, et elle est profondément touchée par l’honneur qui lui est fait :

“Je suis très flattée, pour moi, c’est comme un poème, c’est plein de mots d’enfants qui m’ont été donnés.”

On ne brise pas une promesse faite à un enfant 

L’histoire d’AMUR commença en 2012, presque par hasard. Éric et Martial, lors d'un premier voyage au cambodge, dînaient en terrasse lorsqu’ils aperçurent un enfant fouiller une poubelle et manger du riz avarié. L’impact avec la réalité du terrain fut si brutale qu’ils ressentirent immédiatement le besoin d’agir. Quelques jours plus tard, lors d’une visite dans une école, ils rencontrèrent Vannak, un petit garçon qui s’attacha à eux. Lorsqu’ils durent partir, il courut derrière leur tuk-tuk et leur fit promettre de revenir.

Promesse tenue. Aujourd’hui, Vannak a 18 ans et poursuit des études. Il appelle Éric et Martial “ses papas”, bien qu’il ne se souvienne plus de sa vie à l’orphelinat.

“Ce qui fait le plus de bien à voir”, confie Éric, “c’est que nous autorisons les enfants à rêver, à exister, à se forger l’avenir qu’ils souhaitent. Avant, c’était impossible pour eux de se projeter, aujourd’hui, ils imaginent un futur différent de celui auquel ils étaient prédestinés.

En effet au Cambodge c’est un cas d’école d’être destiné au même travail que ses parents. Ni par plaisir, ni par envie, mais pour se nourrir. L’école permet aux enfants de briser cette spirale, de s’émanciper. 

De la misère aux bancs de l’école

Au début, AMUR organisait uniquement des distributions de repas sur les décharges de Phnom Penh. “Lors de notre premier voyage, nous avons vu un enfant de 5 ans à peine tirer une remorque plus lourde que lui et fouiller les détritus pour se nourrir”, raconte Martial. Peu à peu, l’association grandit et accompagne 2 structures locales s'occupant d'enfants défavorisés avant de prendre en charge l'école de DOMAINES. 

Pour ces enfants, l’école est devenue une priorité absolue. Certains marchaient jusqu’à 10 km par jour pour y aller. AMUR ne leur offre pas seulement un accès à l’éducation, mais aussi un repas quotidien, une sécurité et surtout, un espoir.

L’association a aussi permis de créer des emplois pour les familles les plus démunies. Un père d’élève est aujourd’hui chauffeur de taxi pour transporter les enfants, et trois cantinières, recrutées parmi les parents, assurent chaque jour la préparation des repas. “Cela leur permet d’avoir un revenu fixe”, explique Éric. De plus, une distribution de riz mensuelle aide les familles à mieux subvenir à leurs besoins.

Les temps changent 

Lors d’une kermesse, Éric a été profondément touché, quand il y repense ses émotions prennent le dessus. C’est en réalisant à quel point les mentalités avaient évolué. “Au début, les parents étaient réticents à l’idée d’envoyer leurs enfants à l’école. Ils avaient besoin d’eux pour récolter les mangues”, raconte-t-il. Mais ce jour-là, un groupe de parents s’est rassemblé pour remercier l’association et Sophoan. Un geste rare dans la culture cambodgienne, marquée par la pudeur. “Ils nous ont dit merci de permettre à leurs enfants de rêver”, dit Éric, ému.

Cette aventure a transformé sa propre vie :

“À 25 ans, je m’imaginais père. Aujourd’hui, je me sens comme le père de 80 enfants.”

Julie lève toi 

Le jour de son arrivée à l’école, Julie Pietri a eu droit à un accueil digne d’une reine. Les enfants, excités, l’attendaient en haie d'honneur pour la guider vers la cours, mains jointes en signe de salutation à la cambodgienne. Certains enfants avaient même dormi sur place pour préparer son arrivée et le spectacle qu’ils allaient lui offrir.

Et comme un hommage vibrant à son engagement, une chanson résonne en boucle dans la cour de récréation : Ève, lève-toi. Une mélodie des années 80 devenue aujourd’hui l’hymne de toute une école.

Sophoan : la grand mère 

À l’origine de cette école, il y a une femme : Sophoan, une petite dame au sourire lumineux, qu’on appelle affectueusement “grand-mère”, signe de respect. Sa sagesse force l’admiration. “Au début, c’était très dur”, confie-t-elle. “Les enfants étaient assis par terre, les parents refusaient de les envoyer à l’école. Certains faisaient des malaises à cause de la chaleur.”

Eric, Sophoan, Julie et Martial devant la nouvelle classe maternelle

Grâce à AMUR, l’école est aujourd’hui un havre de paix et d’apprentissage. Et Sophoan ne manque jamais de rappeler combien l’aide de Julie Pietri est précieuse : “Julie est belle par la beauté et surtout par le cœur.”

“Sauver un enfant, c’est déjà sauver le monde”

Cette phrase de Julie Pietri résonne comme une évidence ici, au Cambodge. Chaque enfant qui franchit les portes de l’école maternelle porte en lui un espoir nouveau.

Grâce à AMUR, à la générosité d’Éric, Martial et Sophoan, et au soutien de Julie Pietri, ces enfants peuvent se projeter dans un avenir qu’ils n’osaient même pas imaginer.

Là où autrefois ils fouillaient les décharges, ils dessinent aujourd’hui sur les murs de leur école.

Là où ils n’avaient aucun rêve, ils apprennent maintenant à en bâtir.

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