Le Cambodge durcit les sanctions contre la négation du génocide des Khmers rouges, une mesure jugée nécessaire mais critiquée pour son possible usage politique à l’approche des 50 ans de la chute de Phnom Penh.


Un vote unanime pour ne pas oublier
Près de cinquante ans après l’horreur du régime des Khmers rouges, le Cambodge renforce sa législation contre ceux qui nient ces crimes. L’Assemblée nationale a voté à l’unanimité une loi qui durcit les sanctions pour toute remise en question des atrocités commises entre 1975 et 1979, une période où 1,7 million de Cambodgiens ont perdu la vie, victimes de la faim, de la maladie ou d’exécutions de masse.
De lourdes sanctions contre la négation du génocide
Cette nouvelle loi prévoit jusqu’à cinq ans de prison et des amendes pouvant atteindre 125 000 dollars pour ceux qui contesteraient la réalité de ces crimes. Une mesure qui, selon le gouvernement, vise à protéger la mémoire des victimes et à empêcher que de telles tragédies ne se reproduisent.
Une mémoire déjà fragilisée par la politique
Le Cambodge avait déjà adopté une loi similaire en 2013, après qu’un opposant politique eut laissé entendre que certaines preuves du génocide avaient été fabriquées. Mais cette loi avait aussi été critiquée, certains y voyant un moyen pour l’ancien Premier ministre Hun Sen d’affaiblir ses adversaires.
Aujourd’hui, cette nouvelle version soulève les mêmes inquiétudes. Hun Sen, qui a dirigé le pays pendant 38 ans, reste une figure influente. Il a récemment justifié ce durcissement en évoquant la menace d’une révolution qui pourrait, selon lui, replonger le pays dans le chaos.
Un passé douloureux qui pèse encore
Pourtant, dans les rues de Phnom Penh et des villages marqués par l’histoire, peu de gens doutent de la réalité du génocide. Ceux qui ont survécu aux camps de travail et aux exécutions portent encore en eux le poids de cette époque. Beaucoup ont perdu des parents, des frères et des sœurs, parfois toute leur famille.
Les procès du tribunal soutenu par l’ONU ont confirmé la responsabilité du régime des Khmers rouges dans des crimes d’une brutalité inouïe. Mais alors que le pays approche du 50e anniversaire de la prise de pouvoir de Pol Pot, la peur que l’histoire soit instrumentalisée à des fins politiques demeure.
Derrière cette loi, il y a la nécessité de préserver la vérité, mais aussi le risque qu’elle soit utilisée pour faire taire certaines voix. Pour les survivants, l’essentiel reste que leur souffrance ne soit jamais oubliée.
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