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Sophal Sea, l’homme qui veut sauver le Tonlé Sap du plastique

À Siem Reap, Sophal Sea mobilise les villages flottants pour nettoyer le Tonlé Sap et relancer un tourisme durable.

Sophal Sea, l’homme qui veut sauver le Tonlé Sap du plastiqueSophal Sea, l’homme qui veut sauver le Tonlé Sap du plastique
Photo Thmey Thmey
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 27 avril 2025

Originaire du district d’Angkor Chum, près de Siem Reap, Sophal Sea commence sa carrière comme guide touristique après des études en gestion du tourisme à Phnom Penh. Mais très vite, il change de trajectoire.

En 2009, il fonde Bamboo Shoot, une ONG visant à aider les jeunes filles rurales à poursuivre leurs études en ville. À l’époque, il finance le projet avec ses propres revenus et l’aide de touristes touchés par son initiative. Aujourd’hui, d’anciennes bénéficiaires font vivre le projet à leur tour.

Le plastique, un fléau invisible

En 2018, Sophal change de cap. Sur le lac Tonlé Sap, il découvre l’ampleur de la pollution plastique : sacs accrochés aux arbres, filets fantômes bloquant les hélices des bateaux…

Il décide alors de sensibiliser les communautés locales, en commençant par le village flottant de Mechrey. Avec l’aide de moines bouddhistes, il comprend le cycle de l’eau et la façon dont les déchets s’accumulent à la saison sèche. Une nouvelle mission est née.

Nettoyer le lac, un pari fou 

Quand il propose aux habitants de nettoyer les plastiques dans les arbres, certains rient. Mais Sophal persévère en  expliquant l’impact du plastique sur la santé du lac, sur le tourisme et sur l’environnement. 

Peu à peu, les villages voisins s’impliquent : Chong Khneas, Kampong Pluk, Kampong Khleang… Sophal lance des campagnes annuelles, le 23 novembre (Journée de l’assainissement) et le 5 juin (Journée de l’environnement). Les familles reçoivent des sacs pour trier les déchets. Celles qui s’engagent reçoivent du riz : c’est le programme du riz contre du plastique.

Un combat lié à l’économie locale

Mais sans revenus, difficile de mobiliser. La pandémie de COVID-19 coupe le flux touristique et freine la participation. La protection de l’environnement doit s’accompagner d’un soutien économique.

Il relance alors les traditions locales, comme la construction de huttes ou de ponts en bambou pendant la saison sèche, et y intègre des actions de nettoyage. L’idée : reconnecter les habitants à leur environnement et à leur culture tout en sensibilisant.

Le rêve d’un tourisme vert et solidaire

Aujourd’hui, Sophal veut aller plus loin. Membre d’un comité de l’Association cambodgienne des agents de voyage (CATA), il développe des projets touristiques durables. L’un des plus prometteurs : le Bakong Traditional Green Trail.

Ce circuit propose aux visiteurs de découvrir la vie locale, les savoir-faire traditionnels et l’agriculture khmère. Ils peuvent fabriquer des nouilles à l’ancienne, apprendre l’artisanat ou simplement partager un moment avec les habitants. Objectif : prolonger leur séjour et faire vivre l’économie locale.

Pour un Tonlé Sap durable

Sophal a réussi à transformer une prise de conscience en action collective. Mais il reste des défis : manque d’infrastructures de recyclage, besoin d’investissement, sensibilisation à long terme. Pour lui, la solution passe par l’éducation, l’économie locale et le respect de l’environnement.

« Les villages flottants ne sont pas des zoos pour touristes. Ils ont une culture, une âme, et un rôle à jouer pour protéger notre lac ». 

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone. 

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