Pascal Médeville explore inlassablement le vocabulaire khmer et en extrait des pépites. Aujourd’hui il sera question de ceux dont le salaire n’augmente jamais.
Dans le recueil de nouvelles La Veuve aux cinq maris (មេម៉ាយប្ដី៥) de Chut Khai, je rencontre une expression imagée, qui signifie littéralement « mandarin à la craie » : នាម៉ឺនដីស nea-meun dei sâ.
Le mot នាម៉ឺន nea-meun est un mot d’origine thaïe et désigne à l’origine un fonctionnaire de haut rang.
Quant au mot ដីស dei sâ, littéralement « terre blanche », il sert à désigner en khmer la craie utilisée pour écrire sur un tableau noir. (Notons en souriant que les craies de diverses couleurs sont appelées ដីសពណ៍ dei sâ poa, littéralement « terre blanche colorée ».)
Chez Chut Khai, cette expression est utilisée de façon ironique pour désigner une maîtresse d’école.
Une page d’histoire du blog angkor.art.blog explique que cette expression servait à désigner les enseignants dans leur ensemble. Cette même page cite une autre expression pour parler des membres du corps enseignant : ពួកប្រាក់ខែងាប់ puok prak-khaè gnoap, « ceux dont le salaire n’augmente jamais » (littéralement : « salaire mort »).
ប្រាក់ខែ prak khaè : salaire mensuel
ងាប់ ngoap : mourir (s’utilise normalement pour les animaux)
NB : L’expression « mandarin à la craie » n’est plus utilisée ni comprise aujourd’hui. Quant à l’expression « ceux dont le salaire n’augmente jamais », elle s’applique de façon générale aux personnes percevant un bas salaire qui n’augmente jamais.
Cet article a été publié précédemment sur Khmerologie que nous vous invitons à consulter. Il regorge d'informations croustillantes sur le Cambodge