

Les 22 et 23 avril 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de la Terre, Vincent Caure – député des Français établis en Europe du Nord – a posé ses valises à Dublin pour un marathon de 48 heures. Entre échanges à l’ambassade, visite de la ferme solaire d’Hortland exploitée par Neoen, rencontres avec les consuls honoraires, associations FLAM et jeunes convoqués à la Journée Défense & Citoyenneté, l’élu souhaitait mesurer le pouls d’une communauté forte d’environ 20 000 ressortissants.
Ce déplacement s’inscrivait dans un double contexte : la montée des tensions commerciales enclenchées par Donald Trump, devenue source d’inquiétude pour l’Irlande tournée vers les États-Unis, et la quête d’une coopération énergétique plus étroite entre Paris et Dublin, portée notamment par le projet européen Celtic Interconnector.
Le député a répondu à nos questions.
Quels étaient les objectifs de votre déplacement de 2 jours à Dublin ?
Je tenais à revenir en Irlande pour deux raisons : d’abord, parce qu’il s’agit de la deuxième communauté française la plus importante d’Europe du Nord, après celle au Royaume-Uni. J’avais à cœur d’échanger à nouveau avec les Français d’Irlande sur la manière dont ils vivent leur expatriation. Ensuite, parce que les menaces du président Donald Trump d’imposer des droits de douane aux pays de l’Union européenne sont un motif d’inquiétude notamment en Irlande (les Etats-Unis représentent près de 30% de ses exportations)
Suite à cette visite, quelle est votre perception de la communauté française d'Irlande ?
Comme je vous le disais, c’est avant tout une communauté importante qui compte plus de 10 000 Français inscrits au registre, même si on estime qu’ils sont près de 20 000 à vivre ici. C’est ensuite une communauté dynamique : il y a beaucoup de jeunes actifs arrivés après le choix britannique de quitter l’Union européenne. En conséquence, la présence française se renforce avec par exemple un réseau de consuls honoraires de plus en plus dense (Cork, Galway, à Limerick et désormais aussi à Wexford).
Vous avez visité la ferme solaire d'Hortland exploitée par Neoen. Quelles coopérations concrètes envisagez-vous pour que des entreprises françaises de l'énergie renouvelable accélèrent, aux côtés de l'Irlande, l'atteinte des objectifs européens de neutralité carbone à l'horizon 2050 ?
Chaque 22 avril, nous célébrons la journée mondiale de la Terre, c’est l’occasion de faire le bilan sur les efforts engagés. L’écologie qui est à la fois le combat du siècle et une aspiration particulièrement importante chez les Français d’Europe du Nord est l’un des principaux axes de coopérations entre la France et l’Irlande. En visitant la ferme solaire d’Hortland, j’ai voulu montrer très concrètement comment une entreprise française comme Neoen pouvait s’inscrire dans la transition énergétique irlandaise. Au-delà de ce projet, la coopération énergétique entre la France et l’Irlande se structure surtout à l’échelle européenne, le projet de Celtic Interconnector en est l’exemple le plus probant. Cette future liaison entre nos réseaux électriques renforcera la souveraineté énergétique tout en facilitant l’intégration des énergies renouvelables. C’est exactement ce genre de dynamique qu’il faut soutenir pour atteindre ensemble la neutralité carbone d’ici 2050.
Vous avez déjeuné avec plusieurs entrepreneurs français installés ici. Quelles mesures fiscales ou sociales souhaiteriez-vous faire évoluer pour favoriser encore davantage la création et la croissance d'entreprises françaises à l'étranger, tout en préservant leur lien économique avec la France ?
Les liens économiques entre nos deux pays se sont développés en profondeur ces dernières années : les liaisons maritimes ont été multipliées par 4 depuis 2021 et nos échanges bilatéraux sont désormais au même niveau que ceux que la France entretient avec le Japon ! Il faut maintenant aller plus loin : c’est aussi ce que pensent les entrepreneurs français installés en Irlande avec qui j’ai pu échanger. Cela passera notamment par une meilleure connaissance du marché irlandais pour les acteurs français et vice versa.
Mes priorités sont doubles, elles concernent à la fois la vie quotidienne des Français d’Europe du Nord comme avec la recherche constante d’un meilleur accès aux services publics.
Votre rencontre autour de la Journée Défense et Citoyenneté montre l'importance de maintenir un lien civique avec les jeunes Français à l'étranger. Comment la JDC pourrait-elle évoluer - numérisation des contenus, partenariats locaux - pour mieux répondre aux attentes des 18-25 ans établis hors de France ?
La Journée Défense et Citoyenneté joue un rôle essentiel dans la construction du lien civique entre la France et les futurs citoyens d’une part, entre les jeunes citoyens eux-mêmes d’autre part. Cette expérience ne doit pas s’arrêter aux frontières de l’Hexagone mais doit au contraire pouvoir bénéficier aux jeunes Français de l’étranger. C’est pour cela que je salue les annonces du ministre Laurent Saint-Martin en vue de proposer à chaque Français de l’étranger une journée défense et citoyenneté en ligne. Dans le monde qui est le nôtre, avec le retour d’un conflit depuis 2022 aux portes de l’Europe, tout ce qui permet à nos jeunes de mieux comprendre les équilibres géopolitique est une expérience que nous devons encourager et soutenir.
Quels sont les dossiers prioritaires pour la suite de votre mandat ?
Mes priorités sont doubles, elles concernent à la fois la vie quotidienne des Français d’Europe du Nord comme avec la recherche constante d’un meilleur accès aux services publics. Cela passe par la poursuite de ce que nous avons fait depuis 2017 avec les gouvernements d’Emmanuel Macron. Je pense que nous sommes sur la bonne voie : paiement en ligne pour les demandes de passeport et de carte d’identité, extension du renouvellement en ligne des titres d’identité ou bien généralisation de l’accès à l’identité numérique renforcée afin de faciliter le vote en ligne ou l’établissement des procurations. Enfin, convaincu de la spécificité du mandat de député des Français de l’étranger, je cherche à porter à Paris une voix singulière, inspirée des réussites politiques, économiques et sociétales d’Europe du Nord. Beaucoup de réussites chez nos voisins des îles britanniques ou de Scandinavie peuvent inspirer les lois que nous votons à Paris.
Lien du canal WhatsApp du député : https://whatsapp.com/channel/0029VansDc9HrDZhKQWtFT0A
Sur le même sujet
