Réussir sa première année de médecine en France relève presque du miracle. Chaque année, seuls 20% des étudiants viennent à bout de ce concours intransigeant. Pour contourner cette sélection draconienne, certains élèves n’hésitent pas à s’expatrier dans des universités étrangères supposées moins exigeantes.
La récente suppression du numerus clausus va-t-elle inverser la tendance ? Le nombre d’étudiants français qui choisissent de s’inscrire dans une faculté de médecine en Europe ou dans le reste du monde ne cesse d’augmenter d’année en année. En juin dernier, le Parlement a voté la loi Santé : elle prévoit notamment de revoir le système des études de santé et sonne la fin du numerus clausus pour le concours de médecine en première année. Jugée « absurde » par Emmanuel Macron, cette limitation du nombre de reçus pour la suite du cursus universitaire laisse plus de 40.000 étudiants dans le doute. Redoubler ? Se réorienter ? Et pourquoi ne pas tenter sa chance à l’étranger ?
Le gouvernement a pour objectif de former 20% de médecins supplémentaires. Mais cet argument est loin de convaincre l’ensemble des futurs étudiants en médecine. Le numerus clausus a beau disparaître, l’entrée reste sélective. Ce sont désormais les universités et les agences régionales de santé qui décident du nombre d’élèves autorisés à passer en deuxième année en fonction des capacités de formations et des besoins des territoires. Qu’ils soient hésitants au moment des vœux pour l’admission post-bac ou recalés en première année, les étudiants français cherchent parfois à éviter une atmosphère hyper concurrentielle suivie d’un possible échec et regardent avec attention d’autres opportunités en dehors des frontières.
Quels pays attirent les étudiants en médecine ?
Tous les ans, ils sont plusieurs centaines à quitter la France pour faire leur première année de médecine dans des universités étrangères. Si la Belgique reste une destination phare, elle a cependant perdu certains de ses charmes auprès des étudiants français. Le système belge, débordé par le nombre d’inscriptions dans les facultés de médecine d’élèves tout droit venus de France, a dû prendre des mesures pour limiter le nombre de candidats étrangers. Une fois leurs études terminées, ces médecins rentrent pour la plupart dans leur pays d’origine et provoquent une pénurie de médecins dans le royaume. En 2012, la Belgique décide de fixer un quota : seuls 30% d’étrangers pourront faire partie des promotions d’étudiants en médecine. Cinq ans plus tard, elle durcit encore ses conditions avec un examen d’entrée en première année.
Ces nouvelles restrictions profitent à d’autres pays européens. La Roumanie fait les yeux doux aux étudiants français, seul pays en dehors de la Belgique dans l’Union Européenne où des universités proposent des cursus dans la langue de Molière. L’admission se fait sur dossier : les établissements prennent principalement en compte les notes du bac et l’expérience associative. Des facultés de médecine en Hongrie, en Croatie, en Allemagne ou encore au Royaume-Uni attirent également de nombreux étudiants mais l’anglais ou la langue locale doit être parfaitement maîtrisée. Si l’admission semble plus facile à l’étranger, cela ne signifie pas pour autant que la formation est moins difficile. Même s’il n’existe pas de concours en première année, une moyenne minimale est généralement demandée pour intégrer la classe suivante. Attention cependant aux frais d’inscription. S’ils ne dépassent pas les 1000 euros par an en Belgique, ils oscillent entre 5.000 et 11.000 euros selon la destination choisie en Europe.
Peut-on exercer en France avec un diplôme étranger ?
Si l’étudiant obtient son diplôme dans une université faisant partie de l’un des 28 pays de l’Union européenne, il peut sans aucun problème contacter l’ordre des médecins et exercer en France. Si au contraire, il décroche son parchemin en dehors de cette zone, il ne peut pas pratiquer la médecine en France sauf s’il entame l’une des deux procédures possibles. Soit il reprend ses études, avec l’obligation de passer les épreuves de la fin de la première année (possibilité d’obtenir des dispenses d’années études pour la suite du cursus), soit il lance une procédure d’autorisation d’exercice (PAE).