Édition internationale

Christian Philip : défendre et faire rayonner la Francophonie, un défi permanent

Ancien recteur, député et premier adjoint au maire de Lyon, Christian Philip s’est toujours investi pour l’éducation et la Francophonie. Fondateur du Réseau International des Maisons des Francophonies, il anime aujourd’hui la Maison de la Francophonie de Lyon et continue de promouvoir une Francophonie vivante et accessible à tous.

Christian PhilipChristian Philip
Chrisitan Philip ancien élu de la ville de Lyon, co-président fondateur du Réseau International des Maisons de la Francophonie (RIMF) - Photo courtoisie
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 22 février 2025, mis à jour le 6 mars 2025

 

 

 

Un universitaire devenu acteur politique

Christian Philip est une figure marquante du paysage universitaire et politique français. Ancien recteur, député et premier adjoint au maire de Lyon, il s’est illustré par son engagement dans l'enseignement supérieur et sa défense des valeurs francophones. "Je me considère plus comme ayant eu un parcours dans l’éducation. La politique est venue par hasard", confie-t-il, soulignant ainsi une trajectoire guidée par les opportunités et les convictions.

 

 

De l’université au monde politique : un cheminement inattendu

Son parcours débute dans les amphithéâtres des universités françaises. Agrégé de droit, il devient président de l’université du Mans à seulement 30 ans. C’est dans ce rôle qu’il entre en contact avec le monde politique. D’abord suppléant de François Fillon en 1980, il est nommé directeur des enseignements supérieurs de 1986 à 1989, puis recteur de l’Académie de Reims de 1989 à 1992 et recteur de Clermont-Ferrand de 1992 à 1993. En 1993, il devient directeur du cabinet de François Fillon, alors ministre de l’Enseignement supérieur, fonction qu’il occupe jusqu’en 1995.

 

 

François Fillion et Chrisitan Philip
François Fillion, à gauche et Christian Philip à droite 

 

En 1995, un tournant majeur se produit : Raymond Barre lui propose de devenir son premier adjoint à la mairie de Lyon. "C’était difficile de dire non à Barre", se souvient-il. Il occupera cette fonction jusqu’en 2001, avant d’être élu député du Rhône sous l’étiquette UMP. Toutefois, il se sent peu à l’aise dans les jeux partisans. "Les vrais adversaires en politique, ce ne sont pas ceux d’en face, mais ceux de son propre camp", observe-t-il avec lucidité.

 

 

 

Christian Philip avec Raymon Barre
Christian Philip avec Raymon Barre

 

 

Après plusieurs années consacrées à la politique et à la Francophonie, il retrouve l’université en 2009 en devenant recteur de l’Académie de Montpellier, poste qu’il occupera jusqu’en 2013.

 

 

Chrisitian Philip  docteur honoris causa de l'Université de Montréal
Christian Philip, docteur honoris causa de l'Université de Montréal

 

 

Un engagement constant pour la Francophonie

Au-delà de ses responsabilités universitaires et politiques, Christian Philip nourrit depuis toujours une passion pour la Francophonie. Président de l’Association France-Québec dès 1974, il contribue activement à la promotion de la langue française à l’international. Nommé représentant personnel du Président de la République pour la Francophonie par Nicolas Sarkozy en 2007, il rédige alors un rapport intitulé Francophonie, une volonté pour la France, une nécessité pour le monde. Cependant, il est rapidement confronté à un manque d’intérêt politique pour ce dossier. "La Francophonie n’était pas une priorité pour le président", admet-il.

 

 

Rapport au Président de la République
Rapport au Président de la République, Francophonie, une volonté pour la France, une nécessité pour le monde.

 

 

C’est au Québec, en discutant avec son ami Michel Robitaille, qu’il a l’idée de structurer un réseau mondial de maisons de la Francophonie. De cette réflexion naît en 2019 le Réseau International des Maisons des Francophonies (RIMF), dont il est aujourd’hui co-président. "Nous avons créé un cadre, mais chaque maison doit s’adapter à son environnement", explique-t-il, convaincu que l’essor de la Francophonie passera par une initiative citoyenne et une mobilisation des citoyens francophones.

Par ailleurs, il anime actuellement la Maison de la Francophonie de Lyon, un espace dédié à la promotion du français et aux échanges culturels francophones au sein de la métropole lyonnaise.

 

 

Le RIMF : une structure au service de la Francophonie et de ses citoyens

Le RIMF vise à créer un espace d’échanges et de collaboration entre les différentes maisons de la Francophonie à travers le monde. Il ne s’agit pas seulement de promouvoir la langue française, mais aussi de répondre aux besoins des citoyens francophones en matière de culture, d’éducation et d’intégration. "L’objectif est de donner une visibilité aux initiatives locales et citoyennes et de renforcer leur impact grâce à une mise en réseau efficace", souligne Christian Philip.

Parmi les dossiers prioritaires du RIMF, il souhaite mettre en avant la question de la mobilité francophone, notamment à travers la création d’un Erasmus francophone. "Faciliter la mobilité des étudiants et des jeunes professionnels au sein de l’espace francophone est un enjeu clé pour renforcer nos liens culturels et économiques", explique-t-il. Il insiste également sur l’importance d’une meilleure reconnaissance des diplômes entre pays francophones et d’un accès simplifié aux ressources éducatives en français.

En complément de ces efforts, le RIMF entend aussi contribuer concrètement à la mobilité des jeunes en proposant des solutions d’hébergement dans les villes où des Maisons de la Francophonie existent. "Nous voulons mettre en place des dispositifs qui permettront aux jeunes de se loger plus facilement lorsqu’ils se déplacent dans un pays francophone", précise-t-il, estimant que l’accès au logement est un frein majeur à la mobilité.

Le RIMF met également des outils à la disposition de la Francophonie institutionnelle et citoyenne. Parmi ces initiatives figure Le Petit Journal – Édition Francophonie, une plateforme visant à donner de la visibilité aux actions francophones et à renforcer les échanges d’informations entre les différents acteurs. "Nous devons fournir des espaces d’expression et de partage pour que la Francophonie se structure et se développe de manière cohérente, avec et pour ses citoyens", affirme-t-il.

 

 

Une Francophonie en quête de reconnaissance

Malgré ses efforts et ceux de nombreux acteurs engagés, la Francophonie peine à trouver une place dans le débat public en France. "Pour beaucoup, la Francophonie est perçue comme un héritage post-colonial dépassé", regrette-t-il. Il dénonce également le manque de visibilité du dernier Sommet de la Francophonie : "Les Français n’en ont jamais entendu parler, faute de communication adaptée".

Pour Christian Philip, la diversité linguistique est pourtant un enjeu fondamental face à la domination de l’anglais. "L’avenir, c’est la pluralité des langues. Il ne s’agit pas de combattre l’anglais, mais d’assurer la coexistence de plusieurs cultures", défend-il. Selon lui, le défi réside dans la capacité des institutions et des citoyens à prendre conscience de cet enjeu et à agir en conséquence.

 

 

Comprendre la Francophonie en France

 

 

Un avenir francophone plein d’espoir

Loin d’être une cause perdue, la Francophonie bénéficie aujourd’hui d’un engagement renouvelé et d’un dynamisme croissant à travers le monde. Grâce à des initiatives comme celles portées par le RIMF, les jeunes générations ont l’opportunité de redécouvrir et de réinventer le français comme un outil de dialogue et d’échange. "Nous avons les moyens d’inverser la tendance, et les premiers résultats sont encourageants", affirme Christian Philip.

En parallèle à son engagement pour la Francophonie, il reste impliqué dans diverses activités associatives. Il préside notamment une association œuvrant pour le maintien des personnes âgées à domicile. "L’engagement social est une continuité de mon action : il s’agit toujours de soutenir, d’accompagner et de créer des liens", conclut-il.

 

Flash infos