Édition internationale

Bannissement des cours après 20h : freiner l’industrie du tutorat ?

Le ministère de l'éducation vise à évoluer vers des écoles sans soutien scolaire supplémentaire, afin de réduire le stress scolaire et préserver la santé mentale des élèves. La circulaire n 29, publiée le 14 février dernier, interdit aux enseignants d’imposer des classes en dehors du temps scolaire. Récemment, Ho Chi Minh-Ville a décidé de renforcer cette mesure nationale en interdisant les cours après 20 heures, afin de limiter les abus du soutien extra-scolaire.

Bannissement des cours après 20h : freiner l’industrie du tutorat ?Bannissement des cours après 20h : freiner l’industrie du tutorat ?
Écrit par Joséphine Chaboche
Publié le 22 avril 2025, mis à jour le 23 avril 2025

Ho Chi Minh-Ville prévoit d’interdire les cours supplémentaires après 20h afin de freiner l’expansion du secteur du tutorat privé.

L’objectif affiché de cette mesure est de « protéger le bien-être des étudiants ». L'initiative a été annoncée par Ho Tan Minh, chef de bureau du département de l’éducation et de la formation de Ho Chi Minh-Ville en avril dernier. Des consultations avec les services municipaux, les experts en éducation et les parties prenantes avaient été organisées préalablement.

 

Interdiction des cours après 20h

Actuellement, la ville compte plus de 10.000 centres de soutien scolaire, dont 1.300 sont organisés sur le temps extra-scolaire par des enseignants de l’enseignement public.

Cette mesure s’inscrit dans un effort plus large du gouvernement visant à limiter la croissance de l’industrie du tutorat privé. La pression du système scolaire pour exceller à l’école et réussir ses examens exigeants a largement contribué à l’essor du tutorat privé et des cours de soutien publics.  

 

Les cours extrascolaires déjà freiné depuis février 2025

Le 14 février dernier, le Ministère de l’éducation et de la formation avait déjà publié une circulaire limitant les cours supplémentaires en temps extra-scolaire pour les élèves de primaire. Seuls l’art, le sport, la musique ou encore les langues vivantes pouvaient être enseignés en dehors du temps scolaire réglementaire.  

Concernant les élèves du supérieur, la circulaire a également limité la tenue de ces cours supplémentaires en accordant du soutien uniquement aux élèves ayant des difficultés et des résultats insuffisants dans leur parcours scolaire, ainsi qu’aux élèves volontaires qui préparent des concours.

Autrement dit, les enseignants ne peuvent plus imposer de cours de soutien à leurs élèves. La circulaire vise à empêcher qu’ils retiennent une partie du contenu de leurs cours dans le but de faire pression sur les élèves pour qu’ils paient des cours particuliers. Dans un contexte où les examens génèrent déjà une forte charge mentale, cette pression implicite renforçait le stress et désavantageait les élèves ne pouvant pas se le permettre. L’objectif du gouvernement est donc de réduire la pression académique et de mettre fin aux abus de cette pratique, qui rallongent considérablement la journée des élèves.

 

élèves du lycée Trung Vuong de Hô-Chi-Minh-Ville
Source VN Express, élèves du lycée Trung Vuong de Hô-Chi-Minh-Ville

 

Un représentant du ministère a d’ailleurs précisé que le but est bien de « limiter les abus et pratiques d’exploitations » de ces cours de soutiens, mais pas d’interdire les « besoins légitimes » d’apprentissages pour les enfants et leurs enseignants.

 

Des mesures qui ont suscité un vif débat public

La circulaire de février a déclenché de nombreuses réactions dans le débat public. Bien que plusieurs directeurs d’école aient salué une mesure facilitant la gestion des activités scolaires, son application a soulevé des inquiétudes chez certains parents. Dans certaines écoles, les classes sont nombreuses et les rythmes d’apprentissage sont donc variables d’un enfant à l’autre. Des parents ont exprimé leurs préoccupations quant aux difficultés et retards scolaires que pourraient rencontrer leur enfant sans soutien.

Face à ces craintes, bon nombre de familles se sont tournées vers des services de tutorat privés, bien plus coûteux. Certains pensent que cette réglementation pourrait aggraver les inégalités, rendant l’accès au soutien scolaire plus difficile pour les familles aux revenus modestes.

Sujets du moment

Flash infos