Le Sungudi de Madurai a été inscrit au Registre des Appellations d'Origine Contrôlée (AOC) en 2005-2006. Tout comme le Kalamkari dans l'Andhra Pradesh, le Sungudi de Madurai au Tamil Nadu est une technique de traitement des textiles. Ainsi, l'inscription au Registre ne concerne pas uniquement les saris et rumals, mais englobe tous les textiles réalisés selon cette technique.
L'introduction du Sungudi dans le Sud de l'Inde
La dynastie Nayak, qui régna sur le sud de l'Inde pendant plus de deux siècles, était connue pour son mécénat artistique et culturel. Durant cette période, de nombreux édifices furent construits, notamment le palais Thirumalai Nayak et le grand temple Meenakshi de Madurai. Les Nayaks ont également soutenu la restauration de nombreux temples détruits par les sultans de Delhi.
Les Saraushtriens ont émigré à Madurai sous cette dynastie, apportant avec eux ce type de tissage originaire du nord du pays. On raconte que pour plaire aux rois locaux, ces artisans qualifiés dans le tissage et le commerce de vêtements en soie ont créé un article en coton adapté au climat tropical, qu'ils ont nommé "Madurai Sungudi". En Saurashtra, le mot "sungudi" est lié au mot sanscrit "sunnam" signifiant "rond", en référence aux points circulaires imprimés sur le tissu, caractéristique distinctive de ces textiles.
Les saris Sungudi de Madurai
Le sari Sungudi de Madurai, également connu sous le nom de Chinnalapattu, est un type de sari en coton traditionnellement produit selon la méthode du "tie and dye" avec des colorants naturels. Initialement fabriqué par les Saraushtriens, d'autres communautés ont progressivement adopté cette technique de tissage.
La technique du "bandhani"
Les Sungudi sont reconnus pour leur utilisation de la technique du bandhani, principalement employée au Rajasthan et au Gujarat, et uniquement au Tamil Nadu pour les Sungudi. Cette méthode, bien que non complexe, est très chronophage. Elle implique la réalisation de petits nœuds dans le tissu, qui sont ensuite teints de différentes couleurs pour créer divers motifs. Un sari traditionnel comporte environ 20 000 puttas ou nœuds, qui doivent être noués à la main, teints, puis déliés lors de la dernière étape de fabrication.
L'avenir des saris Sungudi
Le sari Sungudi a connu un grand succès, remportant même une médaille de bronze à l'exposition d'art indien et colonial de Londres en 1886. Cependant, face à la concurrence d'autres textiles, la production de Sungudi a dû s'adapter en intégrant des techniques modernes d'impression en bloc, à la cire et en sérigraphie. Ces méthodes, plus rapides et moins coûteuses, ont permis de répondre à la demande du marché.
La fabrication d'un sari traditionnel Sungudi prend 10 à 15 jours, les femmes étant impliquées dans le processus de nouage tandis que la teinture est sous-traitée. Environ mille tisserands sont directement impliqués dans la confection des saris Sungudi, tandis que cinq mille personnes travaillent dans les métiers connexes.
Où les acheter ?
Les saris Sungudi, fabriqués en coton, sont relativement abordables et souvent portés lors d'événements sociaux, y compris les mariages. Trouver un Sungudi authentique peut s'avérer difficile en raison de leur moindre popularité actuelle et de l'offre limitée. Ils sont disponibles en ligne sur le site www.cooptex.gov.in. Un sari Sungudi de Madurai en coton est généralement vendu autour de 2000 INR (environ 25 €).