Les saris Kandangi ont été enregistrés au Registre des Appellations d'Origine Contrôlées en 2019-2020. Ils sont tous fabriqués à Karaikudi, une petite ville réputée pour l'agriculture, le travail des métaux et le tissage.


Il est difficile de trouver ces saris en raison de leur enregistrement sous le nom de "Kandangi". Ils sont couramment désignés sous le nom de saris en coton Chettinad, la région où ils sont produits et avec laquelle ils sont associés depuis plus de 150 ans.
La région du Chettinad
Le Chettinad est une région du Tamil Nadu réputée pour l’émigration de nombreux membres des familles locales vers des pays voisins tels que la Birmanie, le Vietnam et la Malaisie. Ces migrations ont favorisé le développement d’une activité de prêt bancaire qui a prospéré aux XIXe et XXe siècles sous l’égide de l’Empire britannique.
Témoins de cette prospérité économique liée au secteur bancaire, de nombreuses demeures somptueuses, d’un grand intérêt historique et culturel, subsistent dans plusieurs villes de la région. Cependant, aujourd’hui, nombre d’entre elles sont inoccupées, et leurs propriétaires manquent souvent des fonds nécessaires à leur entretien.
La communauté Chettiar a en grande partie émigré vers des centres économiques comme Chennai ou vers des destinations plus lointaines, notamment les États-Unis. Certaines de ces demeures ont été restaurées et transformées en hôtels, dans l’attente de leur inscription au patrimoine mondial, ce qui permettrait d’obtenir des financements indispensables à leur préservation. Pour l’instant, ces sites attirent surtout un tourisme local.

Les saris Kandangi
Les saris Kandangi sont confectionnés par les tisserands de la communauté Devanga Chettiar, originaire du Karnataka et installée à Salem, Coimbatore et Karaikudi, dans le district de Sivaganga.
Les tisserands à l’origine des célèbres saris Kovai Kora de Coimbatore, reconnus et inscrits au Registre des AOC depuis 2007, appartiennent également à la communauté Devanga.
Portés en été, ces saris en coton sont généralement achetés en gros par les clients. Un sari Kandangi typique se distingue par l’utilisation d’un coton épais et rugueux, capable de résister aux lavages les plus intenses. Cependant, il est moins prisé par les nouvelles générations, qui le considèrent comme un style ancien et démodé.

Comment les identifier ?
À l’origine, la palette de couleurs des saris Kandangi était restreinte, car seuls des colorants naturels issus de matières premières locales étaient utilisés. Les teintes principales étaient le marron, la moutarde et le noir. Ces couleurs provenaient notamment du curcuma et de la Rubia cordifolia, une plante herbacée de la famille des Rubiacées, cultivée jusqu’au XIXe siècle, et même au XXe siècle, pour l’extraction d’un pigment rouge issu de ses racines. En revanche, les couleurs bleu et vert étaient peu répandues, car elles nécessitaient des teintures à l’indigo, qui n’étaient pas produites dans la région.
Côté design, les motifs s’inspiraient de l’architecture locale et comprenaient des lignes, des rayures et des figures symétriques, ainsi que des représentations florales, animales et mythologiques propres à la région.
Il faut une semaine entière à un tisserand pour confectionner un sari, un processus entièrement manuel réalisé au sein même des foyers des artisans.
En pratique, un sari Kandangi authentique se reconnaît à ses larges rayures et à ses carreaux colorés. Ces motifs sont généralement accompagnés d’une large bordure contrastant avec le corps du sari. Dans certains modèles, la bordure peut couvrir jusqu’aux deux tiers du sari.

Où les acheter ?
Comme les saris Sundugi de Madurai, le prix des saris Kandangi en coton varie entre 1 000 et 3 000 INR (soit environ 12 à 35 €).
Pour ma part, j’achète toujours mes saris au Cooptex, la coopérative des tisserands traditionnels de l'État du Tamil Nadu, placée sous le contrôle du gouvernement local.
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