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COVID-19 : Pourquoi les Indiens sont-ils réticents au vaccin ?

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Écrit par Capucine Canonne
Publié le 12 avril 2021, mis à jour le 19 décembre 2023

Alors qu’une 2nde vague de Covid-19 pourrait à nouveau submerger l’Inde, les habitants du pays restent très réticents à se faire vacciner, et ce, pour plusieurs raisons. Explications.  

 

Une perte de salaire

La Covid-19 a fait tellement de mal à l’économie du pays et à de nombreux foyers Indiens. Les travailleurs, comptant la moindre roupie, ne peuvent plus aujourd’hui se permettre de passer à côté d’un seul jour de salaire. Or, c’est ce que le vaccin demande…un jour pour aller se faire piquer. Pourquoi ces réticences s’étendent aussi aux personnes plus âgées ? Tout simplement parce qu’il faudrait les accompagner se faire vacciner ou veiller sur eux par la suite (si nécessaire) ; chose que les travailleurs ne peuvent pas non plus se permettre…

Ce n’est pas faute d’ouvrir de plus en plus de centres de vaccination, même au cœur des bidonvilles. Mais cela ne suffit pas à persuader de très nombreux Indiens. Un jour de salaire, reste un jour de salaire. Et s’il y avait des effets secondaires, cela voudrait dire rester en convalescence et ne pas travailler ? Et s’il fallait payer des frais médicaux supplémentaires ? inenvisageable…  « Je n’ai aucune idée de l’endroit et de la manière de me faire vacciner de toute façon. Tout ce que je sais, c’est que beaucoup de gens dans ma rue ont dit non au vaccin. Et quelques-uns qui ont eu des douleurs musculaires, de la fièvre et qui n’ont pas pu aller travailler », a déclaré Lakshmi, 40 ans, qui vit à Chennai.

 

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Bidonville de Dharavi, à Bombay. 

 

Un vaccin trop vite approuvé ?

Aujourd’hui, la campagne de vaccination en Inde repose sur deux vaccins : Covaxin, développé par une firme locale, et Covishield mis au point par AstraZeneca et l'université d'Oxford, tous deux produits par le Serum Institute of India. Le problème est que Covaxin a reçu une "approbation d'urgence" en Janvier dernier. "Sûrs à 100%", avait alors assuré le Contrôleur général des médicaments de l'Inde, V.G. Somani. Depuis, le Gouvernement avait expliqué que le vaccin avait été approuvé en "mode d'essai clinique", signifiant que la campagne de vaccination ferait office de phase 3. Aujourd’hui, si l’efficacité du vaccin Covaxin n’est pas encore officiellement certifiée, le laboratoire qui l’a développé (Bharat Biotech) assure une efficacité de 81%. Pour de nombreux Indiens, il y a encore trop d’incertitudes, et ce n’est pas l’injection publique du Premier Ministre, Narendra Modi, le 1er mars dernier, qui va radicalement changer les mentalités ; Mais plutôt le temps…

 

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Vaccination publique de Narandra Modi, début mars 2021

 

Geste solidaire, des médecins (du Tamil Nadu, nous en parlions dans lepetitjournal.com) avaient décidé de se faire vacciner et prouver l’efficacité du remède début Janvier "Les gens ont très peur. Nous ne pouvons forcer personne à se faire vacciner, c'est sur la base du volontariat", expliquait un médecin, sous couvert d'anonymat. "Ces chiffres augmenteront au fur et à mesure que la confiance se renforcera. Et pour cela, nous devons nous attaquer à la désinformation" ajoutait un membre du groupe de travail sur le Coronavirus. 

 

Des doutes sur les effets secondaires

Depuis quelques semaines, c’est le vaccin Astrazeneca qui est dans la tourmente, notamment concernant les potentiels effets secondaires, à savoir la formation de caillots sanguins. Si certains pays Européens ont suspendu son administration par précaution, ce n’est pas encore le cas de l’Inde. En effet, le pays a déclaré mi-mars qu’il procédera à des examens approfondis sur le vaccin actuellement administré sur son territoire. « Nous examinons tous les événements indésirables, en particulier les événements indésirables graves comme les décès et les hospitalisations. Nous alerterons si nous trouvons quelque chose de préoccupant », a déclaré à l’AFP N.K. Arora, membre du groupe de travail national indien sur le Covid-19. Il a ajouté ensuite qu’il n’y avait « pas de problème immédiat car le nombre d’événements indésirables (en Inde) est très, très faible. Nous sommes en train de réexaminer (les effets indésirables qui ont été signalés) pour voir s’il y a eu un problème de coagulation du sang ».  En attendant, encore beaucoup d’Indiens restent réticents et l’étincelle de la fake news pourrait faire flamber toute confiance qu’il reste à certains d’entre eux…

 

Le Gouvernement accélère

Aujourd’hui, à peu près 40 millions de personnes ont reçu au moins une injection (sur 1,37 milliard d’habitants rappelons-le), soit moins de 3 % de la population totale. À ce rythme, il faudrait une décennie pour vacciner 70 % des Indiens… *

 

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Lutte acharnée contre la désinformation, multiplication d’injections gratuites dans les hôpitaux, créations de centres de vaccinations dans les bidonvilles (à Dharavi, à Bombay par exemple), le Gouvernement met tout en œuvre pour réussir sa campagne de vaccination. Et pour donner un grand coup d’accélérateur, les autorités Indiennes ont récemment décidé de suspendre (ou du moins ralentir) les exportations du vaccin Astrazeneca. En effet, elles cherchent à privilégier avant tout la population du pays car les cas sont en train de remonter à vitesse grand V dans une dizaine d’Etats. Reste à franchir ce mur encore épais de réticences…

 

 * information France24

 

 

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