Alors que la compagnie nationale aérienne portugaise s'apprête à être reprivatisée, comme confirmé par le Premier ministre dès l'année dernière et ce lundi 6 février dernier par le ministre des Finances, la TAP peine à se sortir des polémiques dont elle est l'objet. Lepetitjournal vous en dit plus sur cette entreprise.
La TAP, une entreprise historique
Fondée le 14 mars 1945, la TAP, comme service aérien de l´état, s'appelle alors Transportes Aéreos Portugueses. La compagnie est ensuite privatisée en 1953 avant d'être renationalisée en 1975. Elle prend le nom de TAP Air Portugal en 1979, puis TAP Portugal en 2005, avant de retrouver la dénomination de TAP Air Portugal en 2017. La compagnie aérienne portugaise a connu de nombreuses difficultés depuis sa création, et alterne entre nationalisations et privatisations. En 2012, le FMI et l'UE imposent au Portugal sa reprivatisation en échange d'un prêt de 78 milliards d'euros pour l'économie du pays suite à la crise financière de 2008. Cette reprivatisation de la TAP ne se fera qu´en 2015 puis la compagnie aérienne sera de nouveau nationalisée dans l'urgence en 2020 en conséquence de la pandémie et en fonction d'un plan de restructuration imposé par l'UE.
À l'heure d'aujourd'hui, la TAP est de nouveau en phase d'être privatisée, selon une déclaration du ministre des Finances Fernando Medina lundi 6 février dernier à Madrid en compagnie de la ministre espagnole de l'Economie. Plusieurs entreprises seraient intéressées par le rachat de la TAP, notamment la compagnie française Air France et la compagnie espagnole Iberia ainsi que la compagnie aérienne allemande. Malgré ces turbulences, la TAP est aujourd'hui une entreprise qui rayonne sur la scène aéronautique, et dessert 87 destinations dans 34 pays. Une forte présence au Brésil et en Afrique de langue portugaise ainsi qu'au Canada eu aux USA, par exemple
La polémique visant Christine Ourmières-Widener, directrice-générale de la TAP
Née à Avignon, en France, Christine Ourmières-Widener est diplômée de l'Ecole Normale Supérieure de mécanique et d'aérotechnique. Elle a ensuite travaillé pour la compagnie Air France, notamment dans le cadre du projet du Concorde, puis pour d'autres compagnies aériennes. Elle a finalement intégré la TAP en juin 2021.
Lorsque Christine Ourmières-Widener a été nommée au poste de DG de la TAP, la compagnie a adopté un plan de restructuration sur quatre ans devant s'achever en 2025. À l'issue de ces quatre années, et si les objectifs sont atteints, la CEO pourrait potentiellement bénéficier d'un bonus de près de trois millions d'euros, une somme très élevée qui fait aujourd'hui polémique. Cette clause n´a pas été ratifiée en assemblée générale de la TAP ce qui crée un doute quant à la possibilité pour Christine Ourmières-Widener de toucher une telle somme à l'horizon 2025.
Les difficultés accumulées par la TAP
Le 2 décembre 2022, alors qu'elle est nommée secrétaire d'Etat au ministère des Finances, Mme Alexandra Reis est visée par une polémique qui entache l'image de la TAP. Anciennement membre de la direction de la compagnie aérienne nationale, elle aurait perçu une indemnité de 500.000 euros pour son départ prématuré deux ans avant le terme. À la demande du ministre des Finances et sous la pression des polémiques, Mme Alexandra Reis a finalement donné sa démission au poste de secrétaire d'Etat le 28 décembre dernier.
Entre nationalisation, privatisation, difficultés financières et polémiques, la TAP semble faire face à une forte instabilité depuis sa création. En témoigne les grèves survenues en 2022 par le personnel de bord pour contester de mauvaises conditions de travail et des salaires insuffisants face à l'inflation. Des grèves plus récentes, en janvier et février, ont aussi fragilisé la compagnie.
La privatisation de la compagnie saura-t-elle résoudre ces problèmes et apaiser les tensions ?