Le mois de mars 2025 a été plus froid et pluvieux que la normale pour le Portugal. Ce contraste avec les sécheresses de l'été interroge : ces pluies suffisent-elles à combler le manque d'eau du pays ?


Alors que les données de l'Institut Portugais de la Mer et de l'Atmosphère (IMPA) signalaient que plus de 50% du territoire continental était en situation de sécheresse météorologique, en décembre 2024, à la fin du mois de janvier 2025, le chiffre a chuté à 6,3%. Pourtant, et toujours selon l'IPMA, le mois de janvier 2025 a été le 6e plus chaud enregistré depuis 1931. Entre pluies diluviennes, sécheresses et barrages, quelles conclusions tirer du climat au Portugal ?
Un début d'année au Portugal marqué par des pluies intenses et exceptionnelles
2025 résonne pour l'instant comme un début d'année exceptionnellement pluvieux pour le pays. Des données procurées par l'IPMA témoignent de ce temps particulier : la pluie a fait monter le niveau de l'eau de 70% entre la fin du mois de février et le 10 mars en Algarve, le sud du pays. De fait, et selon les données du Système national d'information sur les ressources hydriques (SNIRH) du 11 mars 2025, le bassin fluvial de la région est passé de 20,7% à la fin du mois de février, à 35,6% au 10 mars. Ce qui en soi est une bonne nouvelle car les barrages sont remplis et la pénurie d'eau n'est plus autant à craindre pour l'agriculture et même les coupures d'eau pour les particuliers, du moins cet été.
Plus généralement, le mois de mars a été plus froid que la normale, le bulletin météorologique de mars de l'IPMA avance une valeur de précipitations de 229,4% au-dessus de la normale, soit un total de 177,5 au-dessus des moyennes sur la période 1991-2020, faisant de ce mois le cinquième plus humide depuis l'an 2000. Pourtant, au cours des 20 dernières années le climat du Portugal avait été marqué par une réduction des précipitations d'environ 25% causant une augmentation de la sécheresse. Les régions du Sud du pays comme l'Algarve et le sud de l'Alentejo ont souvent été confrontés à de fortes vagues de chaleur et à des ressources en eau bien insuffisantes.
Pluies abondantes, mais sécheresse persistante
Si les pluies récentes et intenses ont permis d'améliorer temporairement le niveau de certains réservoirs, ces précipitations ne permettent pas une recharge complète des sols, nappes phréatiques et barrages à moyen terme, juste sur le court terme, notamment dans les régions du Sud.
De plus, ces précipitations sont distribuées de manière inégale sur le pays : tandis qu'elles ont profité au nord et au centre du pays, l'Algarve en a malgré tout moins profité.
Enfin, ces précipitations ne sont pas stockées efficacement : une grande partie des eaux de pluie s'écoule plutôt vers l'océan que dans les endroits conçus spécialement pour les conserver, faute d'infrastructures adaptées.
Les solutions du gouvernement portugais contre la sécheresse
Conscient que les précipitations récentes ne suffiront pas à résoudre durablement le problème, le gouvernement portugais réfléchit déjà depuis plusieurs années à des moyens efficaces pour améliorer la situation météorologique du pays et combler les déficits accumulés sur les dernières années. Le gouvernement portugais a mis en place plusieurs stratégies pour pallier ce déficit. Par exemple, il envisage le dessalement de l'eau de mer pour fournir de l'eau potable aux régions côtières et la réutilisation des eaux usées pour atténuer la crise hydrique dans des régions à risque comme l'Algarve.
Plusieurs projets de construction de nouveaux barrages sont également à l'étude comme ceux d'Alportel et Ribeira da Foupana. D'autres projets sont en discussion, comme la construction d'un barrage sur la rivière Ocreza dans la municipalité d'Alvito. Un plan plus vaste pour renforcer le réseau hydrique du Tage est également en discussion, incluant un tunnel reliant la rivière Zêzere au fleuve.
Si les pluies exceptionnelles du début d'année 2025 au Portugal atténuent temporairement les effets de la sécheresse, elles ne suffiront pas à résoudre le manque d'eau du pays qui, habituellement, se fait sentir en particulier dans le sud du pays. Une meilleure gestion des ressources hydriques via la construction de barrages, le dessalement et la réutilisation des eaux usées est envisagée par le gouvernement et semble indispensable pour faire face à ce problème structurel et récurrent.