Visite rock de Soho : les coulisses musicales de Londres

 

Aux côtés de Laurent Arhuro, musicien et guide passionné de Londres Insolite, Lepetitjournal.com a arpenté Soho, “où toute la scène rock va prendre son envol”. Entre l’effervescence de Carnaby Street, les scènes mythiques et les studios d’enregistrement, laissez-vous guider dans une balade immersive au cœur de l’histoire musicale londonienne !

 

Carnaby Street : l’épicentre de la mode pour les stars du rock

 

Notre visite commence à Carnaby Street. Nous y retrouvons Laurent devant la boutique officielle de l’emblématique groupe des Rolling Stones. Si aujourd’hui la rue est principalement occupée par des enseignes de prêt-à-porter, il s’agissait dans les années 60 d’une adresse incontournable à Londres. 

 

Notre guide commence par rappeler que les années 60 marquent “le début de la culture jeune. Avant la Seconde Guerre mondiale, il n’y avait pas d’adolescents. C’est la première génération qui a du temps pour s’amuser. Ce moment de transition entre l’enfance et l’âge adulte n’existait pas avant. C’est un véritable phénomène social”.

 

A Carnaby Street, tout commence avec un jeune entrepreneur britannique, John Stephen, qui ouvre en 1958 sa première boutique : His Clothes. Très vite, son magasin devient un lieu prisé par les jeunes musiciens, notamment les futures stars du rock de l’époque, comme les membres des Small Faces, The Who, ou encore les Rolling Stones. Pour Laurent Arhuro, John Stephen a su faire “la liaison entre l’univers du rock, la culture musicale émergente des années 60 et le monde de la mode”. 

 

Rapidement, de nombreuses boutiques de mode indépendantes et des créateurs s’installent dans la rue, d’autant plus qu’elle est entourée de bars, très appréciés par les fans de rock. Les boutiques de vêtements de Carnaby Street deviennent alors une véritable référence dans le monde de la mode et du rock :  “Les gens venaient à Carnaby Street pour découvrir les nouvelles tendances et les événements du moment. Elle devient cette rue où nous pouvons trouver tous ces vêtements originaux. Elle sera même fréquentée par Johnny Hallyday !”.

 

Carnaby Street devient également un symbole d’émancipation féminine. On y voit des modèles arborant la mini-jupe, véritable révolution vestimentaire pour l’époque.

 

 

 

“C’est au Marquee Club que tout commence”

 

Après cette immersion dans l’univers de la mode, direction l’une des scènes les plus mythiques de Londres : le Marquee Club. Dans les années 60, il s’agit de la salle de rock la plus célèbre au monde, devenant ainsi un lieu emblématique de l’histoire du rock. C’est ici que les Rolling Stones font leur première représentation publique, le 12 juillet 1962. De nombreux groupes, alors débutants et inconnus, y font leurs premiers pas devant un public : The Who, Pink Floyd, Queen, AC/DC,... souvent avant même de sortir leur premier album ! Fermé dans les années 80, le Marquee Club reste légendaire. Laurent nous fait part de tout son enthousiasme : “Toute la scène rock va prendre son envol à Londres, dans le quartier de Soho, et c’est au Marquee Club que tout commence !”.

 

 

Les premières notes d’Amy Winehouse au Jazz After Dark

Un peu plus loin, dans un cadre plus intimiste, nous nous arrêtons au Jazz After Dark. C’est ici qu’Amy Winehouse, alors serveuse, a fait ses premiers pas dans le monde de la musique. C’est en effet dans ce bar de Soho qu’elle se fait remarquer pour la première fois. En y chantant, elle dévoile son timbre de voix unique et son charisme brut, posant ainsi les bases de sa carrière fulgurante.

 

 

Heddon Street : le décor culte de Ziggy Stardust

Laurent nous guide ensuite au fond d’une petite impasse, dans la ruelle de Heddon Street. Vous y retrouverez le décor de l’une des pochettes les plus emblématiques du rock : The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars. Cet album, qui propulse David Bowie au sommet de sa gloire, immortalise la ruelle sous une lumière mythique et théâtrale.

 

 

Agent Provocateur : l’héritage punk

 

Au 6 Broadwick Street, nous trouvons la boutique Agent Provocateur. Fondée en 1995 par Joseph Corré, l’entreprise britannique trouve ses racines dans un héritage bien particulier : celui de ses parents, Vivienne Westwood, styliste et femme d’affaires emblématique, et Malcolm McLaren, entrepreneur et manager des Sex Pistols.

 

Joseph Corré s’inscrit ainsi dans la lignée de ses parents, qui avaient créé en 1971 la célèbre enseigne Sex, une boutique de vêtements et d’accessoires avant-gardistes. L’univers de cette boutique mêlait des éléments aussi variés que déroutants : accessoires inspirés des sex-shops (latex, chaînes, cuir, lanières) ou encore des vêtements propres aux hôpitaux psychiatriques, comme les camisoles de force. Pour Laurent Arhuro, c’est le point de départ du style très provoquant des punks : “ils ont fusionné tous ces éléments pour créer un style tout à fait atypique, celui des punks. L’histoire des punks est donc une histoire de business, ce sont des entrepreneurs qui ont voulu mettre en avant leur marque”.

 

Le couple formé par Vivienne Westwood et Malcom McLaren a également utilisé le groupe des Sex Pistols pour promouvoir leurs produits. Les membres du groupe étaient habillés par la marque, et le nom même des Sex Pistols fait référence à la boutique : “ils ont été les porte-drapeaux de leur marque”.

 

Joseph Corré semble avoir ainsi suivi la trace de ses parents, en perpétuant cet esprit provocateur. Le nom même de sa boutique, Agent Provocateur, fait écho à son héritage familial : “Son père était littéralement un “agent provocateur”. Son dicton était “Cash from chaos” : créer de l’argent à partir du chaos et de la provocation. Il utilisait un message subversif et anti-système tout en exploitant pleinement les rouages du système capitaliste pour générer des profits. C'était un personnage très atypique”.

 

Encore une fois, Londres s’affirme comme la capitale incontournable de la mode et du rock : “C’est à Londres que naissaient les nouvelles tendances, avec deux à trois ans d’avance. C’est pourquoi les grands créateurs français venaient régulièrement s’y inspirer. Ce qui se passait à Londres devenait une source d’inspiration pour le reste des pays développés. C’est le “Swinging London”, ce Londres qui swing, ce Londres vibrant, c’était l’endroit le plus cool de la planète pour la culture jeune”.

 

“C’est à Londres que naissaient les nouvelles tendances, avec deux à trois ans d’avance. C’est pourquoi les grands créateurs français venaient régulièrement s’y inspirer. Ce qui se passait à Londres devenait une source d’inspiration pour le reste des pays développés. C’est le “Swinging London”, ce Londres qui swing, ce Londres vibrant, c’était l’endroit le plus cool de la planète pour la culture jeune”.

 

 

Les studios d’Apple Corps : le concert mythique des Beatles

 

Nous poursuivons notre marche jusqu’au 3 Savile Row. Fondée en 1968 par le groupe britannique The Beatles, Apple Corps est bien plus qu’une entreprise, mais un véritable symbole de l’audace musicale des Fab Four.

 

C’est sur le toit de leur studio, que les Beatles donnent, le 30 janvier 1969, leur tout dernier concert ensemble avant leur séparation l’année suivante. Durant celui-ci John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr interpréteront des morceaux iconiques tels que Get Back, Don’t Let Me Down, I’ve Got a Feeling, One After 909 et Dig a Pony, ainsi qu’une reprise de l’hymne national britannique : God Save the Queen.

Alors que la foule en délire envahit les rues et le quartier pour assister à l'événement, la police peine à intervenir pour mettre fin à cette prestation historique. Voyant les forces de l’ordre arriver, Paul McCartney improvise de nouvelles paroles sur le titre Get Back. Le public peut ainsi l’entendre chanter : “You’ve been playing on the roofs again, and that’s no good, and you know your Mummy doesn’t like that… she gets angry… she’s gonna have you arrested! Get back!”. En français : “Tu es encore allé jouer sur les toits, c’est mal, tu sais que ta maman n’aime pas ça… elle est en colère… elle va te faire arrêter ! Reviens !”.

 

 

Des Beatles à Queen : l’héritage des Trident Studios

 

Pour finir, direction les Trident Studios. Le succès de ce studio d’enregistrement dans les années 60 s’explique avant tout par la qualité de son équipement électronique, qui attire rapidement les plus grands artistes. Séduits par ces installations, les Beatles y enregistrent en 1968 leur mythique : Hey Jude, suivi de leur célèbre Album blanc.

 

Les Trident Studios seront également choisis par Elton John pour enregistrer son emblématique Your Song, ou encore le groupe Genesis pour y produire plusieurs de ses albums à succès, dont Trespass, Nursery Cryme, et A Trick Of The Tail. David Bowie y enregistre également trois albums qui marquent un tournant décisif dans sa carrière : Hunky Dory, The Rise & Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, ainsi que sa chanson légendaire Space Oddity.

 

Enfin, ce studio va aussi jouer un rôle clé dans l’avènement du groupe Queen, qui va y façonner toute son identité musicale.

 

 

Plan de la visite :

1. Carnaby Street

2. Marquee Club

3. Jazz After Dark

4. Heddon Street

5. Agent Provocateur

6. Apple Corps

7. Trident Studios

 

 

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