Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 1
  • 0

Écoles anglaises : le Covid-19, une ombre qui plane jusqu'en 2030 ?

Nous pensions que les écoles avaient tiré un trait sur la pandémie, mais un rapport récent rappelle que les effets du Covid-19 sont loin d’avoir été évaporés par la machine du temps. En Angleterre, les établissements scolaires devront encore composer avec les séquelles du virus pendant plusieurs années. Tim Oates, expert en éducation et auteur de ce rapport, nous éclaire sur cette réalité inquiétante.

Écoles anglaises : le Covid-19, une ombre qui plane jusqu'en 2030 ?Écoles anglaises : le Covid-19, une ombre qui plane jusqu'en 2030 ?
Écoles anglaises : le Covid-19, une ombre qui plane jusqu'en 2030 ?
Écrit par Aldric Meeschaert
Publié le 17 septembre 2024, mis à jour le 18 septembre 2024

Les fantômes du Covid hantent encore les classes anglaises

Alors que beaucoup espéraient que l'éducation était redevenue normale, Tim Oates, dans un rapport commandé par l'Association of School and College Leaders (ASCL), tire la sonnette d'alarme. Il affirme que croire à un retour à la normale serait une erreur. “Supposer que les écoles ont pu revenir à la normale ne tient pas compte du soutien dont elles ont besoin pour retrouver les niveaux de réussite et d’équité d’avant la pandémie”, avertit-il. En effet, les écoles continuent de faire face à plusieurs défis, notamment l'augmentation des absences, le creusement des écarts de réussite et la détérioration de la santé mentale des élèves. “Nous avons élaboré des réponses insuffisantes face à l'ampleur et à la profondeur des problèmes”, écrit Oates.

Les écoles continuent de faire face à plusieurs défis, notamment l'augmentation des absences, le creusement des écarts de réussite et la détérioration de la santé mentale des élèves.

 

Les “enfants Covid” en première ligne

Si les enfants qui étaient à l’école primaire durant la pandémie rencontrent encore des difficultés, les plus jeunes, ceux nés pendant le Covid-19, sont également touchés. Tim Oates souligne que ces enfants présentent des retards dans leur développement social, cognitif et langagier, qui impactent déjà le système éducatif : “Les enfants nés ou très jeunes durant la pandémie présentent un développement diminué qui affecte le système scolaire dès le bas de l’échelle.”

Le constat est sans appel : les effets de la pandémie se feront ressentir pendant les cinq à dix prochaines années, à mesure que les élèves progressent dans le système scolaire. Oates met en garde contre une approche passive : “Je ne pense pas que nous devrions adapter les écoles pour accommoder ce niveau inférieur de développement infantile et d’absentéisme généralisé”, insiste-t-il.

 

“Je ne pense pas que nous devrions adapter les écoles pour accommoder ce niveau inférieur de développement infantile et d’absentéisme généralisé”

Une réponse politique encore insuffisante

Bien que certaines mesures aient été prises, elles sont loin de suffire. Le Programme national de tutorat (NTP), par exemple, qui visait à réduire les écarts d’apprentissage, a connu un succès mitigé. Oates précise que le NTP “a eu une adoption inégale, en particulier parmi les groupes défavorisés”. Malheureusement, le financement de ce programme n'est plus disponible, laissant les écoles seules face aux défis post-pandémie.

Une nouvelle taxe sur les lycées français à Londres ?

Le gouvernement britannique a mis en place certaines initiatives, comme l’accès à des professionnels de la santé mentale dans les écoles ou encore des clubs de petit-déjeuner gratuits dans les écoles primaires. Mais ces efforts semblent bien maigres au regard des besoins réels. « Les actions politiques actuelles ne semblent pas correspondre à la nature du défi de politique publique », conclut Oates. Les écoles anglaises ne sont pas au bout de leurs peines. L’expert de l’université de Cambridge nous rappelle que la route vers la pleine récupération sera longue et semée d'embûches. Pour lui, il est crucial que le gouvernement, les écoles et les parents travaillent ensemble dans une “protracted, grinding effort” (un effort prolongé et acharné).

La pandémie n’est peut-être plus en tête des préoccupations des médias, mais dans les écoles, son impact se fait encore sentir. Alors, la prochaine fois que vous pensez que tout est enfin revenu à la normale, souvenez-vous des mots d’Oates : “Le Covid-19 n’est pas une chose du passé ; il évolue comme une série de vagues différentes à travers le système.”

 

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions