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Gay Liberation Front, un éternel combat pour la liberté sexuelle

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Cecilie Johnson - Unsplash
Écrit par Charles Flageul
Publié le 20 novembre 2020, mis à jour le 10 décembre 2020

Vendredi 27 novembre, une manifestation publique aura lieu à Highbury Fields en l’honneur du 50ème anniversaire du premier soulèvement LGBTQ+ britannique organisé par le collectif Gay Liberation Front (GLF). Retour sur l’histoire d’un mouvement qui n’a cessé de se battre pour ce simple mot, la liberté !

 

Qu’est-ce que le Gay liberation Front ?

 

Fondé aux États-Unis en 1969, suite aux émeutes de Stonewall, durant lesquelles des attaques violentes opposèrent policiers et homosexuels, le GFL est un mouvement LGBTQ+ militant pour une liberté sexuelle totale et l’émancipation des droits de la communauté LGBTQ+.

L’enjeu de la création d’un tel mouvement était de démanteler les institutions sociales sans rôles sexuels définis et déconstruire les conventions basées sur la filiation biologique. Ainsi, vivre d’une liberté absolue et se battre contre toutes les formes d’injustices sociales étaient les deux principaux objectifs du mouvement.

Nettie Pollard, fidèle soutien du GLF, nous explique pourquoi elle s’est impliquée dans le collectif au début des années 70 :

« Je me suis engagée au Gay Liberation Front car ce n’était pas une organisation mais bien un mouvement de libération incluant le combat pour une liberté sexuelle totale. M’engager était un moyen pour moi de lutter contre toutes les formes d’injustice. Avec le Gay Liberation Front, nous étions aux côtés des féministes du Women’s Liberation mais nous marchions également contre les opérations paramilitaires en Irlande du Nord et contre la loi sur l’emploi et les relations industrielles de 1971. »

 

Les débuts d’un souffle révolutionnaire

 

Après une rencontre à New-York, lors de la « Revolutionary Peoples Constitutional Convention » organisée par le groupe Black Panthers, Bob Mellors et Aubrey Walter, deux jeunes militants LGBTQ+ britanniques, décident d’exporter le GLF au Royaume-Uni. Étudiant d’inspiration marxiste à la prestigieuse université de London School of Economics, Bob Mellors organise une manifestation, le 8 octobre 1970, devant son université pour protester contre les injures sexistes du journal étudiant de l’époque, The Sennett. C’est à partir de ce jour-là qu’il parvient à mobiliser un ensemble de jeunes étudiants révoltés contre les discriminations sexuelles.

Ce mouvement est né au même moment que d’autres collectifs et organisations militantes comme le Women’s Liberation. En effet, le GLF s’inscrit à l’époque dans une révolution internationale où la jeunesse est déterminée à se débarrasser des conventions morales du passé et d’un système oppressif qui ne laisse aucune place à l’expression des minorités sociales.

Après les insurrections de Mai 68 en France et les multiples soulèvements étudiants internationaux, c’est au tour du GLF de s’inspirer des collectifs de libération du monde entier pour balayer le conservatisme poussiéreux et lutter contre un monde austère où la liberté sexuelle ne cesse de s’évanouir.

Stuart Feather, membre du GLF depuis les années et auteur du livre Blowing the Lid, Gay Liberation, Sexual Revolution and Radical Queer, nous explique :

« Le besoin d’un mouvement de libération était plus que nécessaire pour les homosexuels de l’époque. La réforme de 1967, maintenant l’interdiction de la sodomie, a motivé les militants britanniques à se mobiliser pour gagner leur liberté et combattre les discriminations sexuelles dont ils étaient les victimes. »

 

La première action militante

 

La première manifestation organisée par le GLF s’est tenue à Highbury Fields dans le quartier d’Islington, le 27 novembre 1970, suite à l’arrestation de centaines d’homosexuels britanniques par les forces de l’ordre.

Stuart Feather nous raconte le sort tragique des homosexuels incarcérés par les agents de police :

« Au début des années 70, la police britannique avait une technique effrayante pour arrêter les homosexuels. Les agents de police les séduisaient dans la rue, les emmenaient aux toilettes pour les draguer puis les arrêtaient soudainement. »

Suite à ces arrestations, la police demandait à la presse de publier les noms des « coupables » et en informaient leurs employés. Ces actions controversées ont ruiné la vie de nombreux homosexuels, victimes de discrimination à l’embauche et d’exclusion familiale. Le GLF ne pouvait pas se taire face à ce fléau odieux et injuste. Avec le rassemblement de quelques milliers d’homosexuels à Highbury Fields, la première manifestation a donc remporté un franc succès.

 

Les débuts de la marche des fiertés

 

Deux années plus tard, le Gay Liberation Front est rentré dans l’histoire du combat LGBTQ+ britannique en organisant la toute première marche des fiertés au Royaume-Uni. De Hyde Park jusqu’à Trafalgar Square en passant par Oxford Street ou encore Piccadilly Circus, la foule fière et courageuse dansait, chantait et criait au nom de la liberté.

Nettie Pollard nous parle de ces moments de joie : « Je suis venue à la Pride avec ma petite amie de l’époque, nous nous tenions main dans la main. Nous étions heureuses d’être présentes parmi la foule. C’était un véritable moment de joie et de fierté pour nous tous. »

En revanche, Stuart Feather se souvient d’une journée assez mouvementée voire tumultueuse :

« Il y avait énormément de policiers autour de nous, il y en avait tellement que les passants n’arrivaient même pas à nous voir. Nous étions bien évidemment applaudis mais aussi hués et insultés ! Malgré les railleries, nous avons réussi à répondre avec humour, comme toujours. En tout cas, c’était une expérience exaltante pour nous tous. »

 

La fierté comme acte militant

 

Pour le GLF, la fierté est un acte de reconnaissance d’une identité sociale qui souhaite affirmer son existence en balayant les conventions. Et selon l’écrivain, cette fierté d’appartenir à une telle communauté dépasse la peur du regard de la société :

« A l’époque, nous n’avions pas peur de défendre nos droits ! Nous avions déjà tous vécu les préjudices et discriminations de notre société. Nous étions sûrs à 200% de lutter contre une injustice sociale. »

Délirantes et complètement décalées, les actions du GLF ont permis de faire évoluer les mœurs en condamnant des organisations néfastes pour les droits LGBTQ+.

Selon Stuart Feather, la manifestation la plus mémorable du GLF fut celle de 1971 contre la mobilisation d’un groupe sectaire chrétien demandant la criminalisation de l’homosexualité, le rejet de l’avortement, la prostitution et la pornographie. Suite à l’intervention du mouvement LGBTQ+, la secte chrétienne s’est effondrée et fragmentée, le signe d’une avancée significative pour l’écrivain.

 

Passer le flambeau à la génération d’après…

 

Aujourd’hui, le devoir du GLF est d’éduquer et de divertir la jeunesse ! Selon Nettie Pollard, les jeunes LGBTQ+ doivent poursuivre le combat contre la haine malgré la renaissance des régimes anti-LGBTQ+. Elle avertit les jeunes :

« Ne soyez pas satisfaits avec les seuls droits que vous pouvez acquérir car ils peuvent vous être ôtés du jour au lendemain. Regardez ce qu’il se passe aujourd’hui en Pologne, au Brésil ou en Russie », regrette Nettie Pollard.

Aujourd’hui, avec l’augmentation des crimes de haine à l’égard de la communauté LGBTQ+, la liberté de protester est plus que menacée :

« C’était plus facile de militer dans les années 70. Aujourd’hui, nos manifestations font face à des restrictions ; cette année, une manifestation des droits des transsexuels a été annulée, la surveillance policière est trop importante, trop oppressante. Les crimes de haine augmentent radicalement contre les transsexuels et les personnes non-binaires, c’est insupportable. »

Elle espère sincèrement que la future génération saura s’armer contre l’oppression et les discriminations que subissent la communauté LGBTQ+ :

« Nous avons plus de jeunes aujourd’hui avec nous et la jeunesse est aussi révolutionnaire que nous. »

 

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Photo Credit : Holly Buckle 

 

Et aujourd’hui…

 

Le regard porté sur l’actuelle Gay Pride par les militants du GLF est assez critique. Ils regrettent d’observer la Pride désormais dirigée par un groupe privé et des grandes entreprises au lieu d’une association caritative ou d’un mouvement bénévole. Les deux anciens membres que nous avons interviewés sont d’accord sur ce point ; la privatisation et la commercialisation de la Gay Pride d’aujourd’hui remettent en question considérablement l’authenticité et la spontanéité de la marche des fiertés.

 

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