Le chiffre peut faire peur : Madrid serait la première ville d'Europe en termes de nombre de morts de cyclistes. Pire encore, les accidents de deux roues auraient principalement lieu en juillet-août. Une récente enquête a par ailleurs révélé que 67 cyclistes ont trouvé la mort sur les routes espagnoles en 2010, soit près de 20% de plus que l'année précédente. Les plus touchés seraient les 15-17 et les 55-64 ans. Au jour d'aujourd'hui, près de 3 millions d'Espagnols enfourchent leur bicyclette quotidiennement. Devraient-ils s'inquiéter ?
(Photo DR)
Les raisons généralement invoquées pour choisir un autre mode de transport que le vélo ne manquent pas à Madrid. Dans le top cinq des excuses pour se déplacer autrement : ville trop grande, trop polluée, trop encombrée, manque de respect des voitures envers les cyclistes ou encore routes pas ou peu adaptées à la pratique du vélo. S'aventurer en ville en deux roues relèverait-il du miracle ? Un spécialiste de la question avance quelques conseils à l'intention de ceux qui souhaiteraient s'élancer sur les routes ou améliorer leur pratique du deux-roues en ville.
"Il faut pratiquer pour pouvoir en parler"
Juan Merallo est de ceux qui pratiquent régulièrement le vélo à Madrid. Auparavant secrétaire au sein de la confédération Con Bici (une fédération qui chapeaute des dizaines d'associations à travers toute l'Espagne), Juan est désormais membre actif de Peda Libre, une association de vélos fortes de quelque 350 membres actifs et de près de trente années d'expérience. Ce madrilène passionné de deux-roues sait donc de quoi il parle. Ainsi, même si les chiffres sont éloquents, il tient à tempérer : "Bien sûr, Madrid n'est pas la ville la plus adaptée au cyclisme urbain mais il faut pratiquer pour pouvoir en parler" avant d'ajouter qu'il existe des zones plus praticables que d'autres dans la ville. "Nous avons mis en place une carte à destination de tous ceux qui souhaitent se déplacer en deux-roues". Intitulée Guía ciclista de Madrid, elle répertorie les itinéraires recommandés. On y trouve ainsi le détail des rues tranquilles (directement inspiré du plan des rues tranquilles édité par le blog En bici por Madrid) mais aussi le tracé de l'Anillo Verde, la piste cyclable qui fait tout le tour de Madrid. "Le but" rappelle Juan Merallo, "c'est de se déplacer de façon sûre et d'acquérir les bons réflexes, à commencer par l'achat d'antivols solides". À ceux qui souhaitent s'y mettre ou ne savent plus vraiment quels chemins emprunter, Juan affirme "qu'il est toujours possible de demander des conseils à Peda Libre, à la fois sur l'équipement, sur les routes à emprunter mais aussi sur le comportement général d'un cycliste". En Espagne où près de 20,5 millions de personnes possèdent un vélo, plusieurs associations comme Peda Libre cohabitent. Leur objectif majeur étant bien sûr de protéger le cycliste mais aussi de faire bouger les choses en leur faveur.
PRATIQUE Plus d'infos sur les pages suivantes : - l'Office du vélo à Madrid www.madrid.es/oficinadelabici - l'association Peda Libre www.pedalibre.org - le blog de nouvelles et promotion du vélo à Madrid www.enbicipormadrid.es - pour savoir où louer, acheter ou faire réparer son vélo www.madridprobici.org - la Coordination de défense du cyclisme Con Bici www.conbici.org |
Le vélo comme véhicule à part entière
Parmi les associations promouvant la pratique du vélo, on retiendra Con Bici, une coordination de défense du vélo réunissant un total de 54 associations et collectifs en Espagne et au Portugal. Chargée de promouvoir l'usage habituel du vélo, en tant que moyen de locomotion et de transport depuis sa création en 1992, elle est aussi membre du Comité à l'origine de l'organisation de la Semaine Européenne de la Mobilité. Lors de cette dernière, qui a lieu une fois par an, un thème est choisi comme par exemple "le vélo comme moyen de locomotion pour aller travailler". Les actions de Peda Libre, par ailleurs membre de cette coordination, sont également tournées vers la sensibilisation de la population à l'existence des cyclistes. "Il nous semble primordial de parler du vélo en tant que véhicule à part entière" explique Juan Merallo. "Notre combat central, c'est de tendre vers des routes adaptées à la pratique du cyclisme mais aussi de sensibiliser les autorités aux problèmes récurrents rencontrés par les cyclistes". Juan constate en effet que "Madrid est une des seules villes d'Europe à ne pas avoir de vélos publics et nous nous battons pour l'implantation de ce service". Peda Libre et les autres se sont aussi battus longtemps pour obtenir le droit pour les cyclistes de transporter leur vélo dans le métro, bien que les plages horaires autorisées restent encore limitées (de 10h à 12h30 et après 21h les jours de semaine). Il semblerait qu'il y ait encore du pain sur la planche et, en ce sens, l'organisation Bici Critica est bien décidée à dénoncer ce genre de situation en réunissant de 2000 à 3000 cyclistes tous les derniers jeudis du mois à la Plaza de Cibeles. Le respect des cyclistes à Madrid, ce n'est donc pas forcément une affaire qui roule.
Charlotte LAZAREWICZ (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 14 juin 2012
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