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L'Espagne, inquiète sur les conséquences des élections en France

macron  lors d'une visitemacron  lors d'une visite
elysée.fr
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 28 avril 2022, mis à jour le 2 mai 2022

La victoire de Macron continue de faire couler beaucoup d'encre dans les médias espagnols, avec de nombreuses analyses sur fond de comparaison avec la situation en Espagne. La presse, quelque peu catastrophiste, regarde au-delà des législatives et prévoit déjà l'ère post-Macron: Il a "cinq ans pour que l’Europe ne disparaisse pas"…

 

Après une campagne électorale française particulièrement suivie en Espagne, les résultats du second tour de l’élection présidentielle alimentent encore les gros titres et les éditoriaux de la presse espagnole.

D'abord un soulagement…

L'ensemble de la presse, euphorique, a d'abord parlé de "soulagement de l’Union européenne" après la réélection d’Emmanuel Macron, et ce malgré "la forte progression de Marine Le Pen". C’est "l’Europe qui gagne"; "le triomphe d’Emmanuel Macron soulage l’Europe"; "Macron bat Marine Le Pen et dissipe les craintes des marchés", ou encore "la victoire d’Emmanuel Macron est une excellente nouvelle pour la démocratie".

…sur fond d'inquiétude

Mais le mot "soulagement" est rapidement suivi "d'avertissement" dans la presse espagnole. Il est clair pour les analystes politiques et financiers que le soulagement généré par la victoire d'Emmanuel Macron n'a pas réussi à dissiper les inquiétudes "concernant la gouvernabilité du pays voisin et l'orientation de sa politique institutionnelle au sein de l'UE". Face à tous les problèmes soulevés suite à ces élections, les médias s'accordent à dire qu'Emmanuel Macron doit donner une direction positive à sa victoire pour "tempérer le mécontentement radical".

Le dernier train pour Marine Le Pen

"Ne pas perdre n’est pas gagner", résume un journaliste espagnol en faisant référence à une victoire "nette mais fragile" de Macron, avec l’ascension de Marine Le Pen et "sa menace pour le système démocratique". Et même si la leader du Rassemblement National a décidé de rester après sa "brillante défaite", la plupart pense que l'"éternelle candidate" poursuit son long voyage vers un "pouvoir inatteignable". Pourquoi tant d'inquiétude alors?

"Le candidat le plus détesté a battu la candidate la plus crainte"

Un avertissement pour l'Espagne

Pour Iván Redondo, ancien homme fort du gouvernement Sanchez, c’est "la peur qui a gagné en France", et c’est aussi un avertissement pour l’Espagne : "la gauche française aurait pu éviter, unie, que le choix se fasse entre la droite et l’extrême-droite".

 

D'autres renchérissent et affirment que les résultats de Marine Le Pen en France ne sont pas passés inaperçus au sein du PP, le parti de la droite traditionnelle espagnole, mettant en parallèle la situation avec Feijóo, le nouveau président du PP, qui devrait craindre que le parti de Vox n’augmente de manière exponentielle. 

Une France divisée en deux

Le constat est clair pour tous les médias espagnols: Ils dépeignent "une France fracturée", "deux France", "une division" entre les classes moyennes dans les grandes villes, favorables à Emmanuel Macron, et le monde rural et les classes populaires, qui ont voté pour Marine Le Pen.

Macron est décrit comme un président "caméléon" qui a su "surfer entre politiques de gauche et de droite"

Face à ce constat, Macron affronte "un autre mandat difficile",  et il ne doit pas décevoir. "Le candidat le plus détesté qui a battu la candidate la plus crainte" est donc "contraint de se réconcilier avec le peuple français", de "séduire une France crispée". Il doit absolument offrir une réponse "aux divisions reflétées dans les urnes".

 

A son avantage, et de l'avis général, Macron est décrit comme un véritable "gestionnaire de crises", un président "caméléon" qui a su "surfer entre politiques de gauche et de droite". Mais il n'a pas réussi à s’enlever l’étiquette de "président des riches". 

Vers une cohabitation?

Au soir du résultat des élections présidentielles, le coup d'envoi de la campagne des législatives était lancé et la presse espagnole souligne que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon négocient des alliances à toute vitesse pour forcer la cohabitation.

"Recherche Premier ministre de gauche et de droite"

En effet, de l'avis général, le parti présidentiel ne s’est pas consolidé sur le territoire et il va lui être difficile de revalider sa majorité de 2017. Tous prédisent en priorité un gouvernement de gauche et vert, et le quotidien El País ironise même en simulant une petite annonce: "Recherche Premier ministre de gauche et de droite".

"Cinq ans pour que l’Europe ne disparaisse pas"

Macron joue son pouvoir lors de ce troisième tour, mais pas seulement lui. Pour la presse espagnole, c'est l'avenir de la France mais aussi de l'Union européenne qui est en jeu. Et les médias voient d'ailleurs bien au-delà des législatives et s'inquiètent de ce qui se passera dans cinq ans, avec des messages plus ou moins catastrophiques, à la limite du cataclysme, en parlant de la succession de  Macron: "La victoire électorale d’Emmanuel Macron donne cinq ans de trêve à l'UE", "Cinq ans pour que l’Europe ne disparaisse pas". Et dire que les Espagnols sont d'ordinaire optimistes...

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