La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a dévoilé ce lundi les grandes lignes du projet de loi de finances 2024, adopté en Conseil des ministres : un budget de 24 milliards contenant des mesures de soutien aux ménages et entreprises et sur fonds de réductions d'impôts.
La cheffe du gouvernement Giorgia Meloni et son ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti ont porté ce lundi sur la table du Conseil des ministres, le projet de loi de finances 2024 qui doit être envoyé à Bruxelles d’ici la fin du mois d’octobre.
Il s’agit du deuxième projet de loi de finance du gouvernement de droite. L’année dernière, la Première ministre avait présenté un budget marqué par la prudence, suivant les traces de son prédécesseur Mario Draghi.
Cette année, le projet vaut près de 24 milliards d’euros : un budget sobre afin de donner des gages sur la rigueur des comptes à Bruxelles, et qui reporte donc certains projets de réformes à des temps meilleurs. "La période est complexe et nous devons être sérieux, prudents et responsables", a souligné la Première ministre lors de la conférence de presse qui a suivi le Conseil des ministres. Giorgia Meloni assure présenter "un budget réaliste qui ne gaspille pas les ressources, mais les concentre sur les grandes priorités", a-t-elle ajouté.
Pour dégager des ressources supplémentaires, Giorgia Meloni avait relevé fin septembre la prévision de déficit public pour 2024 à 4,3% du PIB, contre 3,7% estimés auparavant. La révision à la hausse des déficits pour 2024 avait immédiatement été sanctionnée par les marchés financiers, et engendré une brusque hausse des taux d’emprunt de l’Italie.
Parmi les priorités, financées à hauteur de 15,7 milliards d’euros par un endettement supplémentaire et par "des coupes dans les dépenses", figure la "défense du pouvoir d’achat des familles", a fait valoir la Première ministre.
Aider les travailleurs aux revenus faibles et moyens
Face à la hausse des prix à la consommation, Giorgia Meloni a reconduit une baisse des charges pour les salaires annuels jusqu’à 35.000 euros, pour un coût d’environ 10 milliards d’euros pour aider les ménages en difficulté. Cela représente "en moyenne 100 euros de plus par mois dans la poche de 14 millions d’Italiens", assure-t-elle. La réduction de cotisations sera de 6% pour les revenus jusqu’à 35.000 euros par an, et de 7% pour des salaires inférieurs à 25.000 euros.
Taux d’impôt allégé
Autre mesure phare, qui répond à la promesse électorale de la coalition, - à savoir la baisse de la pression fiscale -, le gouvernement a décidé de fusionner les deux premières tranches d’impôt pour faire bénéficier les revenus annuels jusqu’à 28.000 euros d’un taux allégé de 23% au lieu de 25%.
Les nouveaux taux pour les tranches de revenus sont déterminés comme suit : jusqu'à 28.000 euros, 23 % ; au-delà de 28.000 euros et jusqu'à 50.000 euros, 35 % ; plus de 50.000 euros, 43 %.
En outre, les entreprises qui embauchent, notamment des mères, des jeunes et d’anciens titulaires du «revenu de citoyenneté» destiné aux plus pauvres et raboté par le gouvernement, voient leur impôt sur les bénéfices des sociétés réduit de 20% à 30%.
Crèche gratuite à partir du deuxième enfant et exonération des cotisations sociales pour les mères
Giorgia Meloni donne également la priorité au soutien des familles nombreuses. Parmi ces mesures figure la «crèche gratuite à partir du deuxième enfant», mais aussi l’exonération des cotisations sociales pour les mères d’au moins deux enfants (aujourd’hui payées pour un tiers par le travailleur et pour deux tiers par l'employeur). La mesure sera applicable jusqu’aux 10 ans du plus jeune enfant (en cas de deux enfants) ou jusqu’aux 18 ans du plus jeune (dans les familles de trois enfants).
3 milliards pour la santé
Des dépenses supplémentaires de 8 milliards d'euros seront consacrées aux retraites, aux services de santé et aux contrats du secteur public, mais ces dépenses seront financées par des économies budgétaires et une hausse des taxes sur le tabac.
Pour la santé notamment, une dotation supplémentaire de 3 milliards est attendue pour l'année 2024 (auxquels il faut ajouter les ressources du PNRR et les 300 millions reconnus à la Région Sicile) et de 4,2 milliards à partir de 2026. Parmi les mesures envisagées figure l'introduction d'indemnisation des médecins et autres personnels de santé impliqués dans la réduction des délais d'attente, notamment à travers la détaxation des heures supplémentaires.
Faute de rentrées fiscales dans un contexte de de ralentissement économique, le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti mise notamment sur des privatisations (parmi lesquelles de la compagnie Ita Airways) devant rapporter au total environ 20 milliards d'euros d'ici 2026.
Alors que Giancarlo Giorgetti a déclaré qu'il était convaincu que les marchés et les autorités de l'Union européenne accueilleraient le projet de loi de Finances de l'Italie favorablement, l'écart de taux entre l'emprunt d'Etat italien à 10 ans et son équivalent allemand est demeuré stable après la présentation du budget, autour de 200 points de base.