Si le PIB italien a dépassé les objectifs pour 2023, le déficit budgétaire a été bien plus élevé que prévu l’année dernière, révèle l’Istat. La dette publique colossale a malgré tout diminué.
Le produit intérieur brut (PIB) de l’Italie a augmenté de 0,9% en 2023, a indiqué l’Institut national des statistiques le 1er mars, soit légèrement plus que la dernière prévision du gouvernement qui estimait la croissance à 0,7%. Cela reste un net ralentissement par rapport aux 4% de 2022, un chiffre également revue à la hausse par l'Istat par rapport aux 3,7% annoncés auparavant.
Moins bonne nouvelle, le déficit budgétaire s’est quant à lui établi à 7,2% du PIB, soit bien davantage que les prévisions du gouvernement qui tablait sur un ratio de 5,3% en 2023.
Les incitations fiscales jugées responsables du dérapage
Le ministre de l’Economie, Giancarlo Giorgetti, accuse le "Superbonus", une incitation fiscale instaurée par le gouvernement Conte en 2020, et visant à l’amélioration des habitations en matière d'économie d'énergie. « Les chiffres révèlent que l’hémorragie de l’irresponsable saison du superbonus a eu un lourd impact sur 2023, qui a malheureusement dépassé nos attentes déjà pessimistes », a-t-il déclaré dans un communiqué.
En d’autres termes, l’initiative avait permis de relancer un secteur de la construction en difficulté et contribué à alimenter un rebond de la croissance après la pandémie, mais elle a également été coûteuse pour les comptes publics. Le Superbonus a absorbé plus de 70 milliards de ressources publiques en 2023, davantage encore des 55 milliards de 2022.
Avec la fin du dispositif prévu cette année, « les finances publiques s'engagent à partir de 2024 sur la voie d'une durabilité raisonnable », a promis le ministre.
Malgré le dépassement budgétaire, l’énorme dette publique de l’Italie a néanmoins diminué par rapport à l'année précédente, aidée par une forte inflation qui a augmenté le niveau du PIB nominal.
La dette publique est tombée à 137,3 % du PIB en 2023, contre 140,5 % l'année précédente, selon l'Istat, et s’affiche comme la deuxième plus importante de la zone euro. Ce chiffre est inférieur de près de trois points à l'objectif de 140,2 % fixé par le gouvernement.
Selon l’exécutif, la dette est vouée à rester stable autour de 140% du PIB jusqu’en 2026.
Une croissance tirée par la demande intérieure
La croissance de l'année dernière a principalement été tirée par la demande intérieure – investissements en hausse de 4,7%, consommation des ménages en augmentation de 1,2% -, et dans une moindre mesure par les flux commerciaux avec une hausse des exportations limitée à 0,2%, selon les données de l'Istat. Une réduction des niveaux de stocks a néanmoins apporté une contribution négative significative, de 1,3 point.
Cette année, le gouvernement s'attend à une croissance du PIB de 1,2%, un chiffre considéré comme irréaliste par les organismes indépendants. Le Fonds monétaire international estime lui aussi que l'économie italienne connaîtra une croissance plus modeste, de 0,7 %.