Édition internationale

Droits de douane américains : les effets sur le made in Italy, en chiffres

Alors que l’Italie est le troisième pays européen exportateur vers les Etats-Unis, la première ministre Giorgia Meloni a rencontré, ce mardi, les entreprises italiennes des secteurs qui seront les plus touchés par les droits de douanes américains, pour définir une stratégie. Zoom sur les régions et les secteurs du made in Italy les plus impactés.

drapeau italien accroché au murdrapeau italien accroché au mur
Photo de Jametlene Reskp sur Unsplash
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 8 avril 2025, mis à jour le 10 avril 2025

Des aides aux entreprises italiennes les plus touchées par les tarifs douaniers, et un dialogue étroit avec les États-Unis. Ce sont les deux directives sur lesquelles s'appuie la Première ministre italienne Giorgia Meloni, prête à s'envoler pour Washington, le 17 avril prochain, pour discuter des tarifs directement avec le président américain Donald Trump.

La cheffe de l’exécutif a rencontré les principaux secteurs du made in Italy ce mardi 8 avril à Palazzo Chigi. Sur la table des discussions, différentes solutions visant à compenser les potentielles pertes estimées, comme un renforcement du fonds réservé au made in Italy ou des aides délivrées sur le modèle de celles du Covid.

Avec une taxe de 20 % sur les produits importés de l'Union européenne, les tarifs douaniers américains auront un lourd impact sur le made in Italy. En 2024, l'Italie est en effet le troisième pays de l'UE exportateur vers les États-Unis, derrière l’Allemagne et l’Irlande. Les entreprises du Belpaese y ont vendu des biens et des services à l'étranger pour une valeur de 64,7 milliards d'euros l’année dernière, selon Eurostat, le service statistique de Bruxelles, contre 161,2 milliards d’euros pour l’Allemagne et 72,1 milliards pour l’Irlande.

En contrepartie, l'Italie a importé seulement pour 25,9 milliards de dollars des biens et des services américains.

Les régions du made in Italy les plus touchées

Les mesures introduites par le président américain affecteront principalement la Lombardie, l’Émilie-Romagne et la Toscane, d’après l’ICE - Agence pour la promotion à l'étranger et l'internationalisation des entreprises italiennes. Ces trois premières régions exportatrices vers les États-Unis – respectivement à hauteur de 13,7 milliards d’euros, 10,5 milliards et 10,2 milliards d’euros en 2024 -  représentent à elles seules environ la moitié des exportations italiennes outre-Atlantique.

 

Agroalimentaire, mode et luxe : l’impact des droits de douane sur le made in Italy

Les nouveaux droits de douane contre l’UE, selon les estimations de Bruxelles et sur la base des flux commerciaux actuels, toucheront 70% des exportations européennes, pour un revenu américain de 81 milliards d'euros.

Les secteurs phares du made in Italy – l’agroalimentaire, la mode et le luxe – seront sans surprise les plus impactés.

L'Italie est notamment le premier pays au monde pour les exportations de fromage vers les États-Unis avec 40 867 tonnes, soit presque le double de la France. « Pour les entreprises italiennes, les États-Unis sont la première destination extra-européenne avec 486 millions d'euros de valeur d'exportation », déclare le président de l'association Assolatte, Paolo Zanetti, au Corriere della sera. Parmi eux, le Parmigiano Reggiano sera sans doute le plus impacté : le marché américain représente le premier marché avec 22,5 % de la part totale des exportations.

Les droits de douanes risquent également d’impacter lourdement l’huile d’olive extra vierge italienne, les Etats-Unis représentant le premier pays importateur. Sur les 3 milliards d’euros d’exportations d’huile d’olive en 2024, environ 1,1 milliard résultent des échanges avec les Etats-Unis.

L'Italie est par ailleurs le deuxième exportateur européen de vin vers les États-Unis, avec 1,9 milliard d'euros exportés en 2024, derrière la France (2,3 milliards d'euros).

Autre indicateur d’un fleuron agroalimentaire made in Italy : 800 000 jambons de Parme étaient destinés au marché américain en 2024, soit un tiers du quota total d'exportation.

Aussi, selon le centre de recherche Unimpresa, dans le seul secteur agroalimentaire (exportations de 5 à 6 milliards d'euros), une réduction de 5 à 10 % de la demande pourrait se traduire par une baisse de 250 à 600 millions d'euros, dont 400 à 600 millions perdus dans le seul secteur du vin et 100 à 150 millions dans celui du fromage.

La mode et le luxe (12 milliards d'euros d'exportations) risquent également une chute de 600 à 1,2 milliard d'euros.

Concernant l’industrie chimique italienne (plus de 40 milliards d’export en 2024), les Etats-Unis représentent le quatrième marché pour la plupart des entreprises italiennes.

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