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Aphrodite de Lorraine à l’affiche d’Il Tempo che ci vuole, production italo-française

Sorti le 26 septembre, le nouveau film de Francesca Comencini, "Il Tempo che ci vuole", traite de la relation avec son père. Comédienne française vivant entre la France et l’Italie depuis de nombreuses années, Aphrodite de Lorraine y incarne la maîtresse d’enfance de Francesca. Rencontre.

Aphrodite de lorraine dans filmAphrodite de lorraine dans film
Écrit par Joanna BLAIN
Publié le 3 octobre 2024, mis à jour le 4 octobre 2024

Il Tempo che ci vuole, coproduction italo-française présentée à la 81e Mostra, festival du cinéma de Venise, est en salles depuis le 26 septembre en Italie. Francesca Comencini explore la relation qu’elle a entretenue avec son père, le célèbre réalisateur Luigi Comencini. Largement autobiographique, ce film narre notamment le voyage du père et de sa fille à Paris : Luigi y ayant emmené Francesca pour la “sauver” après avoir appris que cette dernière sombrait dans la drogue. Ainsi, une partie d’Il Tempo che ci vuole se déroule dans les rues de la capitale française. Désigné film de la critique par le Syndicat National Italien des Critiques Cinématographiques, le long-métrage a également fait partie, parmi dix-neuf autres films, de la présélection pour représenter l’Italie aux Oscars lors de la 97e cérémonie qui se déroulera en mars 2025. Aphrodite de Lorraine, comédienne française vivant à Paris, mais aussi entre Milan et Rome, y incarne la maîtresse de français de Francesca enfant, lorsqu’elle étudiait au lycée français Chateaubriand de Rome. Rencontre.

 


Parlez-nous un peu du film, qui se déroule entre Paris et Rome...

Le film a été produit, en Italie, par Marco Bellocchio (Kavac Film) et en France par Sylvie Pialat (Les films du Worso). C’est pour cette raison qu’il sortira le 12 février prochain dans les salles françaises. C’est le film le plus intime et personnel de Francesca Comencini car elle y raconte la relation avec son père, Luigi Comencini, qui est une grande figure du cinéma italien [Il a notamment réalisé La Belle de Rome, L’Argent de la vieille et Les Aventures de Pinocchio, ndlr]. Elle parle de ses problèmes de drogue dans ces années-là et de son père qui l’a, en quelque sorte, sauvée. Quand il s’est rendu compte qu’elle déviait, il l’a emmenée avec lui à Paris. Pourquoi ? Simplement pour y voir des films. Quand Francesca lui a demandé combien de temps ils allaient rester, Luigi lui a répondu : “Il tempo che ti vuole”. Sous-entendu : le temps qu’il te faudra pour te sauver de tes problèmes. Il y a aussi énormément de références artistiques dans ce film :  des clins d'œil à Maurice Pialat, des aspects plus néoréalistes… On en apprend également davantage sur la façon de tourner de Luigi Comencini dont le mantra était “Prima la vita, poi il cinema” (D’abord la vie, puis le cinéma). D’ailleurs, le film a failli s’appeler ainsi.

Quel rôle y incarnez-vous ?

Il s’agit de ma toute première expérience cinématographique,  je viens plutôt du milieu théâtral. J’ai un petit rôle : j’incarne la maîtresse d’école française de Francesca quand elle avait neuf ans. Je joue donc au lycée français Chateaubriand de Rome (école où était scolarisée Francesca) qui a été mobilisé quelques jours pour le tournage. Mon rôle illustre à quel point Luigi Comencini défendait la parole de l’enfant. En effet, un jour Francesca est rentrée, l’air triste, à la maison car sa classe s’était moquée d’un élève qui bégayait. Luigi lui aurait alors demandé comment avait réagi la maîtresse. Furieux, en apprenant que cette dernière avait laissé faire, il est allé voir l'institutrice à ce sujet. Toute cette histoire a fini chez le proviseur !

Aujourd’hui, est-ce dur de se faire une place dans le milieu du cinéma italien quand on est française d’origine ou au contraire est-ce un atout au casting ?

Depuis deux ans, je travaille avec Giancarlo Caremoli qui dirige une agence artistique à Milan. Il m’a acceptée justement en raison du fait qu’il n’avait aucune actrice française dans son agence. À noter que le milieu du cinéma est un monde extrêmement fermé, il faut passer par un agent pour espérer décrocher un rôle. J’ai donc passé cinq castings, toujours pour incarner des Françaises dans des films ou séries, et le dernier était celui du film de Francesca Comencini.  

Personnellement, qu’est-ce que cela a représenté pour vous de jouer pour Francesca Comencini ?

Quelque part j’ai toujours rêvé de cinéma. En tant que comédienne venant du théâtre, on pense que c’est complètement inaccessible, mais Francesca m’a prouvé que c’était possible. Dans le cadre de mes études en France, j’ai suivi un cours centré sur le cinéma italien. Mon professeur, Oreste Sacchelli, - par ailleurs directeur artistique du Festival du Film Italien de Villerupt en France, qui se déroule chaque année en octobre - m’a transmis sa passion. Quand je suis venue en Italie pour mes études, j’ai cultivé cette passion en allant voir les films de Nanni Moretti, de Francesca Comencini…

Désormais, quels sont vos projets ?

Francesca Comencini m’a réellement donné envie de continuer dans le cinéma. J’attends la réponse d’un récent casting... Et je continue mon travail dans le théâtre. Après avoir vécu quatorze ans à Milan, je navigue désormais entre cette ville, Rome (pour le cinéma) et Paris. J’ai donc renommé ma compagnie de théâtre, autrefois appelée Le Théâtre français de Milan en Le Théâtre francophone sans frontières. En ce moment, je travaille avec Delphine Depardieu au Centquatre - Paris sur une lecture théâtrale du Doigt de la dramaturge kosovare, Doruntina Basha. Parallèlement, je monte une nouvelle création théâtrale, une co-écriture avec l’écrivain Eduardo Manet. Au cœur de la rose retrace l’histoire d’amour entre Antoine de Saint Exupéry et Consuelo, de leur rencontre jusqu'à la disparition d'Antoine en 1944. En février, nous partons en tournée pour jouer dans les Instituts français de plusieurs pays d’Amérique Latine. Je veux faire rayonner la culture française dans le monde entier et ce projet s’y inscrit. Ce n'est qu’un début, car je suis aussi en lien avec l’Asie et l’Afrique de l’Ouest.

 

Publié le 3 octobre 2024, mis à jour le 4 octobre 2024

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