Dans le cadre de la Semaine des Possibles, en collaboration avec les éditions Actes Sud, la Libreria Stendhal propose du 27 novembre au 1er décembre cinq rencontres autour d’une thématique commune : l’environnement.
La librairie nous a offert une ouverture haute en couleurs avec la présentation du Petit Manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion. Diplômé en médecines naturelles, acteur, poète et romancier, Cyril Dion écrit et co-réalise avec Mélanie Laurent le film documentaire Demain en 2015, qui donnera lieu à l’écriture d’un livre du même titre. Il continue à mener une réflexion sur la nature et s’interroge sur l’effondrement écologique qui se produit sous nos yeux dans son Petit Manuel de résistance contemporaine, publié aux éditions Actes Sud en 2018.
C’est en toute humilité que l’auteur commence par rappeler la situation critique dans laquelle se trouve le monde actuellement.
« Depuis qu’on a fait Demain, depuis qu’on parle de ces sujets-là depuis les années 70, la situation a continué à s’aggraver et aujourd’hui on est arrivé à un point où ça devient une histoire de survie de notre espèce, et on n’en a pas trop conscience. On sait qu’il y a un problème, mais on ne sait pas vraiment à quel point », raconte l'auteur.
Avec lucidité et d’abord sans once utopique, l’écrivain évoque les problèmes du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité, qui seront, selon lui, à l’origine de nombreux autres problèmes mondiaux, créant de fait des conflits géo politiques et la disparition d’une bonne partie de l’humanité.
Savamment ponctuée de chiffres, la présentation est convaincante, l’auteur ne rechigne pas à nous évoquer son point de vue de manière illustrée (ce qu’il fera par la suite à de nombreuses reprises).
« Il y a quelques temps je donnais une interview et je faisais une allégorie avec la Révolution Française : au moment de la Révolution Française, la population ne s’est pas soulevée parce qu’elle réclamait les Droits de l’Homme ; non, elle s’est soulevée parce que le prix du pain s’était envolé, il y avait des famines, parce que justement elle avait le sentiment qu’il y avait une distorsion énorme entre une catégorie de la population qui mangeait dans l’opulence, alors qu’une grande partie n’arrivait même pas se nourrir. Cette énergie-là a donné de l’élan et a provoqué une révolte, qui a été l’occasion de porter au pouvoir des idées qui étaient mûres depuis une quinzaine d’années », poursuit Cyril Dion.
Un homme franc
Si l’Historien grince des dents, la comparaison est néanmoins subtile ; il attire l’attention sur le fait que la conscience écologique doit passer par un apprentissage, idée qu’il laisse ensuite un peu en sommeil.
On apprécie au long de cet exercice de questions / réponses la franchise de l’homme et cette envie de remettre en question un système qui ne fonctionne plus, et bien qu’il se cantonne à proposer des solutions sans bouleversement d’un ordre établi ; il va de soi que son analyse met en exergue l’incapacité de l’économie capitaliste à trouver des solutions.
Si ses propos dénotent la prépondérance d’un tel compte-rendu, l’auteur se montre fidèle à son vœu de ne pas « radicaliser » ou « moraliser » son discours, son but avoué étant de faire de ce combat celui où tout le monde pourra se sentir concerné.
Qualifié de « petit livre incisif » par Charlotte Bloch dans l’Express, ce petit manuel expose les problèmes liés aux questions écologiques et essaie de trouver des réponses adaptées, qui doivent passer par une résistance individuelle et collective.
Petit Manuel de résistance contemporaine, Cyril Dion, Paris, Actes Sud, 2018, 160 p.