Voici une petite sélection de Chinoises marquantes, en ce jour de revendication à l'égalité des droits des femmes.
La société est ainsi faite, qu'elle soit chinoise ou française, que l'on a tendance à connaître et à ne retenir que les grandes figures historiques masculines... Et pourtant, l'histoire chinoise a connu de remarquables figures féminines, et ce dans tous les domaines ! Voici une petite sélection de Chinoises marquantes, en ce jour de revendication à l'égalité des droits des femmes.
Qiu Jin, révolutionnaire et féministe
Qiú Jǐn (1875 – 1907) est une poétesse chinoise, connue pour ses engagements féministes et révolutionnaires et considérée comme une héroïne majeure en Chine. Fille de fonctionnaires de Shaoxing (Province du Jiangsu), Qiú Jǐn s'habille en homme occidental pour exprimer sa désapprobation quant au traitement réservé aux femmes sous la dynastie Qing, elle pratique également les arts martiaux. Soutenant plusieurs groupes de révolutionnaires prônant le renversement de la dynastie Qing, elle publie en 1905, la revue Femmes de Chine, dans lesquelles elle exhorte les femmes à acquérir leur indépendance financière par les études et le travail. Elle défend la liberté de se marier et l'accès à l'éducation. Elle sera arrêtée et exécutée alors qu'elle organisait un coup d'état en 1907.
Qian Xiuling, héroïne de guerre
Née en 1912 dans la province du Jiangsu, dans une famille nombreuse et privilégiée, elle se découvre une passion pour les sciences. Âgée de 17 ans, la jeune fille quitte son pays pour aller étudier la chimie à l’Université en Belgique. En 1940, elle sauve un jeune résistant belge en plaidant sa cause auprès d'une ancienne connaissance de Chine, le général allemand Alexander von Falkenhausen. En 1944, l’armée allemande arrête 97 hommes en représailles suite à une action de résistance. Qian Xiuling est alors contactée pour leur venir en aide et bien qu’enceinte, elle n’hésite pas à partir de nuit pour solliciter à nouveau la clémence de Falkenhausen. Les otages seront libérés quelques jours plus tard. Un roman, une série télévisée et un documentaire lui ont été consacrés.
Li Na, championne mondiale de Tennis
Li Na a remporté la finale de Roland Garros le 4 juin 2011 et est devenue la première (et pour l'instant la seule) joueuse asiatique à remporter un tournoi du Grand Chelem en simple (tous sexes confondus). Elle sera numéro 2 mondiale et remportera un deuxième Grand Chelem en Australie en 2014. Elle a ainsi permis au tennis de devenir populaire en Chine !
Song Qingling
Song Qingling est une femme d'État chinoise, deuxième épouse du « Père de la Chine moderne » Sun Yat-sen, et héritière de sa mission politique. Elle fut membre du Kuomintang, puis à partir de 1948 de son comité révolutionnaire. Seule membre de la famille Song à rester en Chine continentale après cette date, elle s’efforça d’y faire appliquer les idées de son mari, occupa un certain nombre de fonctions officielles, en majorité honorifiques, et se consacra à l’enfance et au social. En 1981, deux semaines avant sa mort, elle fut nommée "Présidente honoraire de la République" — elle est la seule personne à avoir jamais porté ce titre — et inscrite d’office au parti communiste.
Ching Shih, capitaine pirate
Née en 1784, elle est prostituée à Canton quand elle se fait capturer par des pirates. Elle se marie avec l'un d'entre eux, Cheng I, pirate renommé descendant d’une famille pratiquant la piraterie depuis des générations. A sa mort, sa veuve entreprend alors de consolider son pouvoir en s’assurant du soutien de sa belle-famille ainsi que des capitaines pirates qui lui étaient loyaux.
Pour unir la flotte, Ching Shih établit un code de lois sévère et strictement appliqué : sont punies par la mort désobéir aux ordres, voler les villages qui assistent les pirates, ne pas mettre le butin en commun ou violer une prisonnière. Appelée par les Britanniques "La Terreur de la Chine du Sud", elle a commandé l’une des flottes de pirates les plus puissantes de l’histoire ; si puissante qu’aucune marine n’a jamais pu la vaincre.
Chai Jing, journaliste et militante pour l'environnement
Chai Jing nait en 1976 dans la province du Shanxi en Chine. Elle se lance dans des études de comptabilité mais rêve de travailler en tant qu'animatrice à la radio. En 2001, Chai Jing est engagée à la Télévision Centrale de Chine, comme présentatrice et reporter de l’émission Horizon Connection. En 2008, après le séisme au Sichuan, elle se rend sur les lieux et vit quelques temps avec les réfugiés pour témoigner de leurs difficiles conditions de vie. Enceinte, elle apprend que son bébé a développé une tumeur dans l’utérus. Elle se penche alors attentivement sur les problèmes environnementaux.
En 2015, Chai Jing produit une longue investigation sur la pollution de l’air en Chine, assemblant données, visites d’usines, analyses d'experts de l’environnement, interview des gérants d’usine et des officiels. Son documentaire, Under the Dome, sera disponible en ligne gratuitement. Il connait alors un succès fulgurant et provoque un véritable éveil des consciences sur l’ampleur du problème en Chine.
Pān Yùliáng, artiste peintre
Née à Yangzhou en 1895, Pan Yiuliang est vendue par son oncle à une maison close à 13 ans. Il y rencontre un riche fonctionnaire qui la prend comme seconde épouse et lui permet de s'instruire. En 1921, elle entre aux Beaux-arts de Lyon, puis de Paris. Elle obtient le prestigieux Prix de Rome et s'installe en Italie. Elle retourne en Chine en 1928 et enseigne à l'école d'arts de Shanghai.
Son style artistique est post-impressionniste et mêle techniques traditionnelles chinoises et influences européennes. Elle introduit le fauvisme en Chine, mais ses tableaux, d'avant-garde, en particulier ses nus, reçoivent un accueil contrasté. En quittera alors définitivement la Chine en 1937.
Li Qingzhao, grande poétesse
Née la dynastie Song, Li Qingzhao est considérée comme l’une des plus grandes poétesses chinoises et une maîtresse de l’art du poème chanté. À une époque où peu de femmes bénéficient d’une éducation, sa mère est une poétesse connue et reconnue. Li Gefei, son père, est fonctionnaire à la capitale. Entourée de livres, Qingzhao reçoit une excellente éducation et étudie notamment la littérature, l’histoire, la calligraphie, la musique, la peinture. À dix-sept ans, son talent est déjà connu et admiré dans les milieux littéraires.
Qiangzhao épouse Zhao Mingcheng, avec qui elle partage une passion commune pour la poésie. Qiangzhao envoie de nombreux poèmes à son époux, souvent loin de la maison conjugale et qui admire le talent de sa femme. Cependant, face à l'invasion Jin, le couple fuit vers le Sud, à Nanjing. Mingcheng mourra rapidement, laissant son épouse dans l'errance et la misère. Des quinze volumes de poèmes qu'elle a composé, il ne nous est parvenu que Poèmes de Jade.
Chien Shiung Wu, physicienne
Née en 1912 dans la province du Jiangsu, elle est très proche de son père, fervent défenseur de l’égalité des sexes, et celui-ci encourage ses intérêts, lui assurant un environnement de livres, de magazines et de journaux. En 1929, Wu termine ses études parmi les meilleurs de sa classe et est admise à l'Université nationale centrale de Nankin. A la fin de ses études en physique et en chimie, elle s'embarque pour les États-Unis avec une amie chimiste. Wu étudie alors à l'Université de Californie à Berkeley sous la direction d'Ernest Lawrence et passe son doctorat en 1940.
Elle a ensuite travaillé à l'enrichissement de l'uranium pour le Projet Manhattan, puis démontré expérimentalement en 1956 la non-conservation de la parité dans les interactions faibles. Son livre Beta decay publié en 1965, figure encore comme référence standard pour les physiciens nucléaires. Elle fut la première femme instructeur au Département de physique de l'université de Princeton, la première femme docteur honoris causa de Princeton, ainsi que la première femme président de la Société américaine de physique (élue en 1975).
Dong Mingzhu, femme d'affaires
À 63 ans, celle que l’on surnomme «la dame de fer» ou encore «sœur Dong», est présidente de la société Gree Electric - le plus grand fabricant de climatiseurs de Chine. Arrivée au début des années 1990 dans le groupe, Dong Mingzhu a commencé comme simple vendeuse puis a gravi les échelons pour finir présidente en 2012. Elle figure au sommet de la liste annuelle Fortune China des 25 femmes d'affaires les plus influentes du pays.
Wu Zetian, impératrice
Wu Zetian (武則天, 624-705) est l’unique impératrice de l’histoire chinoise, fondant la dynastie Zhou dont elle est la seule souveraine.
Enfant, elle est initiée aux arts et à la culture, parmi lesquels la poésie, la danse, la musique ou encore la peinture. Entre 12 ans, elle devient l’une des concubines de l’empereur Tang Taizong. Remarquée pour sa grande beauté comme pour son caractère fort, elle attire rapidement l’attention de l’empereur ainsi que de son fils et héritier Li Zhi. Devenu empereur et très épris de la jeune fille, il la prend également comme concubine à la cour impériale. Celle-ci gagne très rapidement en influence. Elle supplante les autres épouses et rivalise avec l’impératrice, nouant des alliances pour s’efforcer de la faire chuter. Elle parvient à ses fins et les fait exécuter par l'empereur pour sorcellerie... Elle devient alors officiellement impératrice Wu Zetian « selon la volonté du ciel ». C'est elle qui véritablement dirige le pays dès lors.
Wu Zetian fait de nombreuses propositions politiques en faveur de l’agriculture et du statut des femmes. Elle préconise notamment une baisse des impôts, la création de centres de soins pour femmes, une attention portée à la situation des veuves et des vieilles femmes, ou encore l’augmentation de la période de deuil à la mort de sa mère pour la rendre équivalente à celle concernant la mort de son père.
Malgré les conditions de son accession au pouvoir et son manque de scrupules, elle contribua à faire de la Chine de l'époque une immense puissance commerciale et culturelle.