Édition internationale

Donald Tusk : la Pologne du côté de l'Ukraine et l'Europe doit comprendre sa force

Ce dimanche matin, avant de s'envoler pour Londres où se déroule ce dimanche 2 mars le sommet spécial pour l'Ukraine, le Premier ministre polonais Donald Tusk a pris la parole à l'aéroport Varsovie-Okęcie martelant que « La Pologne est du côté de l'Ukraine. C'est là que le plus important entre en jeu : notre sécurité, l'intérêt national polonais », ajoutant « Il n'y a pas de doute possible » puis, que « l'Europe doit comprendre sa force ». Verbatim

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Photo - Bénédicte Mezeix-Rytwiński
Écrit par Bénédicte Mezeix-Rytwiński
Publié le 2 mars 2025, mis à jour le 4 mars 2025

 

Un sommet à Londres, deux jours après le camouflet public subi par Volodymyr Zelensky

Sur le tarmac de Varsovie-Okęcie, le Premier ministre Donald Tusk expire longuement puis, avec assertivité, débute son intervention par un rappel des raisons de son voyage à Londres : « Après ces jours plutôt dramatiques et spectaculaires » - référence à la débâcle qui a accompagné les négociations entre les présidents américain et ukrainien, « Tout d'abord, et cela doit être clair une fois pour toutes ici, dans cette guerre entre l'Ukraine et la Russie, la Pologne est du côté de l'extérieur, sans aucun  "mais" », a ré affirmé le chef du gouvernement.

 

💡Un sommet spécial pour l'Ukraine de défense et sécurité réunit à Londres dimanche 2 mars, une douzaine de dirigeants européens dont le Premier ministre polonais Donald Tusk ainsi que les représentants de la France, l’Allemagne, le Danemark, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne, la Finlande, la Suède, la République tchèque, la Roumanie et la Turquie, ainsi que le président de l'Ukraine Volodymyr Zelensky (deux jours seulement après avoir été humilié par le duo formé par Donald Trump et J.D Vance), le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le chef du Conseil européen Antonio Costa, qui prennent part aux discussions, invités par le Premier ministre britannique Keir Starmer.

 

Le Premier ministre polonais Donald Tusk tient fermement la barre

D’une voix ferme qui rythme les 9 minutes de son intervention, Donald Tusk rappelle que « La Pologne est du côté de l'Ukraine. C'est là que le plus important entre en jeu : notre sécurité, l'intérêt national polonais », ajoutant, « Il n'y a pas de doute possible ».

 

L’Europe : un géant qui assume ses responsabilités et qui est armé

 

« L'Europe est réveillée, le géant est réveillé », a déclaré le Premier ministre

« Une Europe qui comprend son potentiel mondial, parce que l'Europe est une puissance, ne sera pas une alternative pour l'Amérique, mais sera l'alliée la mieux accueillie. En fin de compte, c'est aussi ce que veut le président Trump, que l'Europe assume beaucoup plus de responsabilités pour sa sécurité », a-t-il déclaré.

Quant à l'armement européen, le Premier ministre a souligné que « la Pologne doit souscrire une police d'assurance supplémentaire » ; car « une Europe qui est éveillée, qui compte bien, qui comprend son potentiel mondial - parce que l'Europe est une puissance - sera pour l'Amérique non pas une alternative, mais l'allié le plus souhaitable », a-t-il martelé. « En fin de compte, c'est aussi ce que veut le président Trump, que l'Europe assume également ses responsabilités ».

 

La Pologne est le pays le plus pro-américain au monde

 

Casser les idées reçues sur l'Europe qui n'a aucune chance, et sur la Russie qui a un avantage militaire et tactique

Le Premier ministre rappelle qu’ « Aujourd’hui, on entend trop souvent dire que l'Europe n'a aucune chance, que la Russie a un avantage militaire et tactique. Je le sais par expérience et c'est connu, c'est une vérité qui est probablement assez généralement connue. Un agresseur, même s'il s'agit d'un voyou dans une arrière-cour, n'attaque pas le plus petit ou le plus faible, mais seulement celui qui a peur. L'Europe souffre aujourd'hui d'un tel manque d'imagination et de courage. L'Europe doit comprendre sa force et j'en parlerai également à Londres », a notifié le Premier ministre, expliquant qu’il soutient également l'initiative du Premier ministre italien Giorgia Meloni visant à organiser un sommet Europe-États-Unis.

 

💡Les chiffres clés de l’intervention de Donald Tusk
- Donald Tusk a ensuite énoncé les données présentées par l'Institut international d'études stratégiques, qui est, selon lui, l'un des instituts les plus réputés pour évaluer les « capacités militaires ».
 
- « En termes de soldats professionnels, l'Europe  (nous comptons avec l'Ukraine, parce que nous sommes du même côté) compte 2.600 000 hommes, l'Amérique 1.300 000, la Chine 2.000 000, la Russie 1.100 000 », a-t-il énuméré.

- « C'est un tel paradoxe : 500 millions d'Européens demandent à 300 millions d'Américains de les défendre contre 140 millions de Russes. Pouvez-vous compter ? Comptez sur vous-même. Commencez à compter sur vous-même » (...) « l'Europe doit comprendre sa force ».

Donald Tusk a tenu à citer des chiffres concernant les avions de chasse opérationnels : « L'Europe et l'Ukraine en possèdent 2.091, les États-Unis 1.456, la Chine 1.409 et la Russie 1.224, soit près de deux fois plus d'avions de combat que la Russie. » En ce qui concerne l’« artillerie : avec l'Ukraine, l'Europe en possède 14.400, les États-Unis 5.000, la Chine 9.500 et la Russie 5.157 », concluant sa démonstration par : « il n'y a même pas de comparaison possible ».

 

Un soutien indéfectible à l’Ukraine sans aucun « mais »

Le Premier ministre ré affirme son soutien au pays dirigé par Volodymyr Zelensky : « L'intérêt national polonais ne nécessite aucune discussion, mais un soutien sans équivoque et durable à l'Ukraine dans sa défense contre l'agression russe », ajoutant, qu’« il est dans notre intérêt de renforcer l'alliance avec les États-Unis : quelles que soient les circonstances difficiles qui l'accompagnent. »

« Aujourd'hui, la situation est compliquée, nous le savons. Tout en soutenant l'Ukraine dans l'intérêt de notre sécurité nationale, nous, Polonais, sommes de fervents partisans de l'alliance la plus étroite possible entre la Pologne, l'Europe, l'ensemble de l'Occident et les États-Unis ».

 

💡Pour rappel, le chef du gouvernement polonais a déclaré sur la chaîne TVN, le 27 février que Donald Trump est un partenaire beaucoup plus difficile que n'importe quel précédent président américain.

 

« Nous sommes confrontés à un dilemme, la position de l'administration de Washington n'est pas aussi claire que la nôtre sur la question de l'Ukraine et de la Russie, nous pouvons le constater. Mais nous devons dépasser ce dilemme (...). Nous avons de très bonnes relations avec les Américains, donc notre voix sera d'autant plus entendue », a déclaré le Premier ministre, rappelant que les dépenses de défense de la Pologne sont les plus importantes au sein de l'OTAN.

 

La Pologne, une voix qui porte en Europe et de l’autre côté de l’Atlantique

« La Pologne avec sa réputation, la Pologne dont nos alliés européens et les Etats-Unis disent que nous avons une situation exceptionnelle, notre voix sera d'autant plus entendue. (…) Il n'y a pas de doute : nous soutenons l'Ukraine et renforçons l'alliance avec les Etats-Unis, quelles que soient les circonstances difficiles ».

« Nous voulons un réveil de l'Europe et une volonté de prendre la défense au sérieux, non pas parce que nous voulons participer à un conflit. Aujourd'hui, nous disons tous haut et fort : la paix par la force. Une Europe forte, convaincue de sa force, bien armée, prête à défendre ses frontières est une Europe qui peut garantir la paix non pas en capitulant devant l'Ukraine, mais par sa propre force collective. »

 

La frontière orientale de l’OTAN

Le chef du gouvernement a annoncé qu’il veillerait, lors de la rencontre à Londres à rappeler à ce que tous les pays européens pensent à renforcer le flanc oriental de l'OTAN. « La présence de troupes européennes supplémentaires en Finlande, dans les États baltes et en Pologne, à la frontière avec la Russie et la Biélorussie, constituera un véritable test des intentions et des capacités de chaque pays européen ». Le Premier ministre a ajouté qu'il en discuterait avec le chef de l'OTAN, Mark Rutte.

 

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