Mercredi 27 et jeudi 28 novembre à Madrid, les French Tech Days organisés par Business France ont rassemblé près de 350 entreprises, autour de 18 startups originaires de l'Hexagone, à la conquête du marché espagnol.
Les French Tech days constituent la partie visible de l'iceberg d'un programme d’accélération business sur 6 mois pour des entreprises françaises souhaitant se développer en Espagne. "Pendant ces six mois, les sociétés ont reçu l’expertise des collaborateurs de Business France, des informations d’un mentor et une étude de marché en fonction de leurs attentes". On comprendra donc que pour la 9e édition de l'événement, realisé les premières années sous le nom de Digital Sisters et depuis 3 ans renommé FTDays, la manifestation est désormais plus qu'incontournable. "On est victimes de notre succès", affirme Geraldine Filippi, Directrice de Business France pour la péninsule Ibérique. "Cette année nous avons dû refuser des candidatures de startups françaises. Quelque part tant mieux : cela nous permet de choisir celles qui ont le plus de chances de réussir au cours de ces journées. Quant aux autres, nous sommes toujours en mesure de les aider via notre accompagnement traditionnel par la suite".
L'opération s'inscrit en tous cas dans le cadre d'une (nouvelle) année record pour Business France, qui enregistre une hausse de ses indicateurs sur la Péninsule dans tous ses domaines d'activité : "En l'attente des chiffres consolidés, nous pouvons déjà nous réjouir d'avoir dépassé nos objectifs en termes d'accompagnements d'entreprises françaises, mais aussi de projets d'investissements d'entreprises espagnoles en France, et même de nombre de V.I.E. embauchés par des filiales françaises sur le territoire". Les chiffres sont bons et ils s'expliquent, dans le sens des investissements espagnols, par "une attractivité croissante de la France, notamment dans les secteurs de l'innovation" et dans le sens inverse, "par le rythme de croissance de l'économie ibère, et la dissipation des clichés que les entreprises françaises ont longtemps entretenus concernant le marché espagnol".
Startup nation
Après les rdv organisés début novembre à Lisbonne en marge du Web Summit, c'est donc au tour de la capitale espagnole d'accueillir pendant deux jours les pépites françaises. Sur le Google Campus mercredi, Business France a organisé pour les 18 startups un "boot camp" avec une série d'activités préparatoires à la journée du jeudi, elle même articulée autour de deux grands événements : d'une part le concours de pitchs, ces présentations d'entreprise concentrées sur 2 mn de temps, devant un jury d'experts et un parterre de décideurs, de clients potentiels et d'investisseurs, couronné par la remise de trois prix, et d'autre part les réunions "face to face", avec des structures locales, dans une claire dynamique de prospection commerciale. "Mentorées" par les cadres dirigeants de filiales françaises déjà installées dans le pays, spécialistes des secteurs concernés, formées sur les spécificités pays via des conférences et des ateliers dédiés, les startups ont abordé leurs "grands oraux" du jeudi de façon sereine. "Nous leur transmettons la nécessité de pitcher en espagnol, afin de les préparer à l'idée que le marché se conquiert en utilisant la langue de Cervantès", insiste notamment Géraldine Filippi.
Promouvoir l'émergence du "Google européen"
Shanti Bobin, Cheffe du service économique régional de Madrid à l'Ambassade, se félicite elle aussi du succès de l'opération. "On vient voir ce qu'il se dit, on écoute ce qu'ont à proposer les entreprises, on essaye d'apprendre du savoir-faire de Business France", explique-t-elle. Surtout, avec le regard régalien qui caractérise l'institution qu'elle représente, la Cheffe du service économique reprend le discours du Président de la République sur "la startup nation" que se doit d'être la France, soulignant que les FT Days s'inscrivent dans cette dynamique. "Ce n'est pas seulement un effort national qu'il faut réaliser", précise-t-elle en outre, "il y a un véritable rôle à jouer à l'échelle européenne". Et de préciser : "Il faut promouvoir le terreau de startups qui permette l'émergence du Google européen de demain. Il s'agit d'une question de souveraineté de l'Europe, vis à vis du reste du monde, notamment de l'Asie et des Etats-Unis".
Depuis 2013, l’ascension rapide et continue de la French Tech a fait de la France l’un des principaux écosystèmes au monde
Lors du discours d'ouverture à la Résidence de France, Gautier Lekens, ministre conseiller de l'Ambassade, a lui aussi défendu le dynamisme de la France en la matière : "Depuis 2013, l’ascension rapide et continue de la French Tech a fait de la France l’un des principaux écosystèmes au monde" a-t-il déclaré. "Les montants levés par les startups ont été multipliés par 4 en 5 ans pour atteindre 3,6 milliards d'euros en 2018. Ce chiffre devrait être encore largement dépassés cette année avec déjà 2,8 milliards d'euros levés au premier semestre. Au premier semestre 2019, la France se situe au deuxième rang européen en termes de montants levés et de nombre de levées de fonds, derrière le Royaume-Uni mais devant l’Allemagne ; la France a vu naître 9 licornes dont 4 rien qu’au premier semestre 2019 : Doctolib, eFront, Ivalua et Meero", a-t-il souligné.
Reflet de cette tendance, ce sont donc 350 représentants d'entreprises qui se sont inscrits pour échanger avec les 18 startups accompagnées lors des FT Days par Business France. 350 participants et presque autant d'acheteurs potentiels, qui représentent des filiales françaises, bien sûr, et notamment certaines de celles qui se sont implantées dans le pays de la main de Business France -de telle sorte que "la boucle est bouclée"- mais aussi des grandes entreprises espagnoles et même internationales, preuve que quels que soient leur pays d'origine, les grands groupes maintiennent une veille particulièrement active sur les propositions et les apports technologiques que sont susceptibles de leur apporter les structures accompagnées par Business France. A l'instar d'Ikea, de Sanofi Iberia ou de Telefónica, qui ont exposé leur démarche en la matière lors de deux conférences tenues à la Résidence, ou encore de Carrefour ou du cabinet BDO, qui ont participé au jury. "Ils viennent chercher de la tech, des idées et des solutions, avec l'idée de s'appuyer sur des entreprises déjà existantes plutôt que de partir de zéro", commente Géraldine Filippi.
C'est finalement l'entreprise Visiotalent qui a reçu le premier prix, devant Exotec Solutions et Geovelo, respectivement second et troisième. Ignacio Sánchez, country manager pour l'Espagne de la marque, qui propose une plateforme digitale personnalisable pour faciliter les processus de sélection de personnel, s'est déclaré particulièrement honoré de recevoir le Prix, attribué par "un jury formé de clients potentiels, qui ont reconnu le dur labeur que nous avons réalisé, ainsi que la véritable tendance qui s'organise dans notre secteur, autour des solutions que nous proposons". Avec un chiffre d'affaires dépassant les 20 millions d'euros dans l'Hexagone, la marque dispose de 4 personnes à Madrid, pour conquérir le marché ibère. Une future pépite donc, qui pourrait peut être demain, qui sait, faire partie du "Next 40", la liste de 40 startups françaises à fort potentiel.