Entre glamour, prises de position politiques et découvertes cinématographiques, la 75ᵉ édition de la Berlinale a tenu toutes ses promesses. Alors que Dreams (Sex Love) de Dag Johan Haugerud remporte l'Ours d'Or, le festival a été marqué par une forte mobilisation contre la montée de l’extrême droite en Allemagne et la commémoration de la Seconde Guerre mondiale. Des blockbusters très attendus aux pépites du cinéma indépendant, retour sur les temps forts de cette édition, avec un focus sur les films français et un palmarès audacieux.
Alors que le soir du dimanche 23 février, les yeux de toute l’Europe étaient tournés vers l’Allemagne, où se jouait l’avenir politique du pays, un autre scrutin captivait les cinéphiles du monde entier : le palmarès de la 75ᵉ édition de la Berlinale. Après deux semaines de projections, d’ovations et de tapis rouge, le Festival international du film de Berlin s’est achevé par la consécration de Dreams (Sex Love) du Norvégien Dag Johan Haugerud, qui remporte l’Ours d’or. L’occasion pour nous de revenir sur les temps forts des deux semaines les plus animées du cinéma allemand.
Les temps forts du festival
Un festival de cinéma, c’est avant tout une réunion d’artistes parmi lesquels des célébrités internationales qui illuminent le tapis rouge, et à Berlin, ça n’a certainement pas manqué. De Timothée Chalamet à Robert Pattinson, les stars ont fait crépiter les flashs des photographes et provoqué la ferveur des fans, massés aux abords du Berlinale Palast.
Mais cette 75ᵉ édition a aussi été marquée par un contexte politique sous haute tension. Comme par le passé, le festival et ses intervenants n’ont pas manqué de prendre position face à l’actualité, et de nombreux discours poignants ont été prononcés pour dénoncer la montée de l’extrême droite en Allemagne.
C’est notamment le cas de la directrice de la Berlinale elle-même. L’Américaine Tricia Tuttle a en effet affirmé que le but d’un tel événement était de rejeter “toutes les idées répandues par de nombreux partis d'extrême droite’’.
Un engagement politique auquel s’ajoute un contexte de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, la programmation du festival incluait la rediffusion de Shoah du Français Claude Lanzmann. Les Berlinois·es ont pu découvrir ou redécouvrir ce documentaire long de 8 heures, grâce auquel a pu se construire la mémoire de la déportation et de l'extermination des juifs et des Tziganes d’Europe.
Des films déjà incontournables
Au-delà de la politique, la Berlinale reste un haut lieu du cinéma mondial et l’édition 2025 n’a pas dérogé à la règle.
Du côté des grosses productions, souvent américaines, trois ont marqué les esprits. Il y a bien sûr l’avant-première allemande du biopic de Bob Dylan A Complete Unknown (2024), qui était très attendue. Autre film qui a fait sensation lors du festival, Mickey 17 mené par Robert Pattinson, qui donne la réplique, entre autres, à la Française Anamaria Vartolomei (Maria, Le Comte de Monte-Cristo). Enfin, le festival a consacré Blue Moon de Richard Linklater avec l’Ours d’argent de la meilleure performance, décerné à Andrew Scott, confirmant ainsi l’excellence de sa prestation.
Outre les grosses productions et blockbusters, ce genre de rendez-vous du septième art permet la mise en lumière de jeunes réalisateurs, acteurs et genres cinématographiques peu consommés. En effet, nombreux sont les courts-métrages, documentaires et films d’animation qui innovent le paysage audiovisuel de la Berlinale. Le film Lesbian Space Princess, d’Emma Hough Hobbs et Leela Varghese, a été particulièrement remarqué. Ce film d'animation, à mi-chemin entre science-fiction et manifeste engagé de la communauté queer, propose une aventure intergalactique audacieuse et profondément ancrée dans les problématiques contemporaines.
Il y a bien sûr eu des films allemands, Das Licht, qui a ouvert le festival, mais également Heldin, et notre coup de cœur Köln 75, qui nous plonge dans l’effervescence politique et culturelle de Cologne en 1975, à travers le récit intime de Vera Brandes.
Et du côté français ?
Après avoir fait sensation lors des dernières éditions, allant jusqu’au sacre de Mati Diop et son documentaire Dahomey, qui a remporté l’Ours d’or lors de la 74ᵉ édition, les films français présents cette année avaient la lourde responsabilité d’être à la hauteur de leurs prédécesseurs.
À l’image de ses dernières semaines à Berlin, les films français projetés au festival ont été recouverts d’un épais manteau blanc. Entre La Tour de glace de Lucile Hadzihalilovic avec Marion Cotillard et L’Incroyable Femme des neiges avec Blanche Gardin. Le film de Lucile Hadzihalilovic est d’ailleurs le seul film français en compétition à avoir remporté un prix : l’Ours d'argent de la meilleure contribution artistique.
Dans un registre différent, La Cache de Lionel Baier, adaptation du roman de Christophe Boltanski avec Michel Blanc, a également fait forte impression. Ce drame intime revisite un épisode méconnu de Mai 68.
Le cinéma français s’est aussi illustré à travers des collaborations internationales, comme Kein Tier So Wild, une coproduction franco-allemande et le court-métrage franco-sénégalais Ne réveillez pas l’enfant qui dort. Bijou de sensibilité visuelle, le récit d’Aïda, hantée par des visions dans la nuit, n’a pas laissé les festivaliers indemnes.
Avec un palmarès audacieux et engagé, cette 75ᵉ Berlinale confirme une fois encore son rôle de vitrine pour un cinéma exigeant et sans concession. Alors que les projecteurs s’éteignent sur Berlin, les films primés entament désormais leur voyage vers les salles du monde entier.
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