Édition internationale

Le Cambodge entre avancées sociales et défis commerciaux

Le Cambodge traverse une période paradoxale. D'un côté, le gouvernement de Hun Manet affiche sa détermination à augmenter salaires et protections sociales malgré la crise économique mondiale. De l’autre, l’industrie textile, pilier de l’économie, est fragilisée par les tensions commerciales, notamment par les tarifs douaniers imposés par Donald Trump.

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Photo : AKP
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 29 avril 2025

 

À l'occasion du 139e anniversaire de la Journée internationale du travail , Hun Manet a salué devant plus de 5 000 représentants syndicaux et universitaires les progrès réalisés : "Malgré les défis, nous avons travaillé dur pour garantir des hausses salariales régulières", a-t-il affirmé, soulignant également l’élargissement de la couverture médicale, l’aide aux femmes enceintes et la formation de jeunes issus de familles pauvres.

Pour 2025, il avait annoncé que le salaire minimum dans le textile, la chaussure et les articles de voyage serait porté à 208 dollars par mois, avec des revenus réels compris entre 225 et 236 dollars grâce aux avantages divers. Un geste important pour un secteur qui fait vivre près de 1,5 million de travailleurs, dans un pays dépourvu de système de retraite publique.

 

Les oubliés de la guerre commerciale

Cependant, cette dynamique est menacée. Les nouveaux tarifs américains pourraient déstabiliser l'économie cambodgienne, tout comme celles du Vietnam et du Bangladesh, également très exposées. Alors qu’un taux de  49 % pourrait menacer les exportations cambodgiennes vers les États-Unis, même une taxe limitée à 10 % pourrait avoir des effets dévastateurs sur les exportations textiles particulièrement. 

Dans l’industrie textile, toute hausse des coûts se répercute directement sur les salaires et les conditions de travail. Lors de la pandémie de 2020, cette logique avait déjà provoqué licenciements massifs et précarisation.

En 2020, confronté aux sanctions européennes liées aux droits de l'homme, le Cambodge avait réduit les jours fériés et les avantages sociaux, freinant ainsi la hausse des salaires. Avec les tarifs américains, la peur s’installe à nouveau : produire plus, avec moins de garanties, devient la norme.

 

Déplacer la production ? Mission difficile 

Après les sanctions européennes, les exportations cambodgiennes sont restées stables. Le savoir-faire est difficile à déplacer, et la situation politique chez les concurrents (Birmanie, Bangladesh, Sri Lanka) est trop instable. Donc, même avec des taxes, relocaliser n’est pas si simple.

Chaque pays a sa spécialité : le Cambodge produit des basiques comme les T-shirts, tandis que la Turquie et le Maroc s’occupent de la fast-fashion grâce à leur proximité avec l’Europe.

Résultat : Trump ne va pas bouleverser les chaînes mondiales du textile. Mais il sème l'incertitude. Les investissements sont freinés, les commandes ralentissent.

Et au Cambodge, ceux qui cousent nos vêtements voient leurs salaires et leurs conditions de travail se fragiliser un peu plus.

 

Un avenir incertain malgré les efforts

Face aux secousses extérieures, Phnom Penh renforce son soutien aux travailleurs. Mais dans un monde globalisé et instable, les promesses politiques pourront-elles faire face à l'effet domino des guerres commerciales ? 

 

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