Édition internationale

Diplomatie féministe et lutte contre les violences : “la France montre l’exemple”

À la veille de la journée internationale des droits des femmes, est lancée, au Quai d’Orsay, la nouvelle Stratégie internationale de la France pour une diplomatie féministe, établie pour la période 2025 à 2030. L’objectif est de placer le droit des femmes et des filles et l’égalité de genre au cœur de la politique étrangère. “S'attaquer aux femmes, les agresser et jeter leur intimité en pâture, c'est tout simplement inacceptable. Et notre pays montre l’exemple sur ce sujet.” annonce Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

présentation de la stratégie de la diplomatie feministe de la France - Quai d'Orsay présentation de la stratégie de la diplomatie feministe de la France - Quai d'Orsay
présentation de la stratégie de la diplomatie feministe de la France - Quai d'Orsay - 7 mars 2025
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 7 mars 2025

 

 

La diplomatie française doit aussi servir à l'égalité entre les femmes et les hommes. (...) Il nous faut poursuivre une vraie diplomatie féministe.

 

La féminisation de la diplomatie, où en est-on en France ?

 

La France mène une stratégie de diplomatie féministe depuis 2019

Conscient du caractère prioritaire et global de l’égalité entre les hommes et les femmes, la France décide de mettre en place une diplomatie féministe en 2019. Elle est alors le 4ème pays à adopter une diplomatie féministe après la Suède, le Canada et le Luxembourg. Son objectif principal est d’intégrer l’égalité des sexes à toutes les problématiques à l’international, à savoir la sécurité, la santé, les enjeux climatiques et économiques, la politique etc… "La diplomatie française doit aussi servir à l'égalité entre les femmes et les hommes. (...) Il nous faut poursuivre une vraie diplomatie féministe." annonçait le Président de la République, Emmanuel Macron, en 2019 lors de la conférence des ambassadeurs. En 2023, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères reçoit le Label AFNOR « Égalité professionnelle entre les femmes et les hommes », reconnaissant l’implication du ministère dans une démarche égalitaire à long terme. Une nouvelle qui va donc dans le bon sens. 

 

 

Ce droit ne vaut que s'il s'applique à l'humanité tout entière

 

Le 7 mars 2025, à la veille de la journée internationale des droits des femmes, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot lance officiellement la nouvelle Stratégie internationale de la France pour une diplomatie féministe,sur la période de 2025 à 2030. “S'attaquer aux femmes, les agresser et jeter leur intimité en pâture, c'est tout simplement inacceptable. Et notre pays montre l’exemple sur ce sujet.” insiste-t-il, revenant sur les différents piliers de cette stratégie : défendre les droits et libertés, favoriser la participation et la représentation dans les processus de décision, lutter contre les inégalités fondées sur le genre, mobiliser des financements pour avancer vers l’égalité et combattre les violences faites aux femmes. “Vous pouvez compter sur la France pour inscrire notre engagement en faveur de la diplomatie féministe face au grand contexte. Je le répète, le droit doit finir sur la force. Ce droit ne vaut que s'il s'applique à l'humanité tout entière. Il ne vaut que si nous agissons sans peur pour que les droits des femmes soient partout respectés”. 

 

 

annonce d'une stratégie internationale de diplomatie féministe au Quai d'Orsay le 7 mars 2025
annonce d'une stratégie internationale de diplomatie féministe au Quai d'Orsay le 7 mars 2025

 

 

Chloé Vialard ou la défense des femmes victimes de violence

 

 

L’un des piliers de la diplomatie féministe : combattre les violences faites aux femmes 

L’un des piliers de la Stratégie internationale de la France pour une diplomatie féministe annoncée le 7 mars 2025 est de combattre les violences fondées sur le genre faites aux femmes. “De nouvelles mesures sont prévues (...) Les victimes doivent pouvoir s’informer et connaître les mesures d’accompagnement” souligne Jean-Noël Barrot. 

 

471 cas de violences conjugales signalés : “ un chiffre bien en deçà de la réalité car les femmes n’osent pas toujours parler ou ne savent pas qu’elles peuvent être aidées”

 

Les chiffres sont choquants : en 2022, selon l’ONU, plus de 133 femmes étaient tuées chaque jour par leur partenaire ou un membre de leur famille, En 2023, plus d’un quart de la population mondiale pense qu’il est justifié qu’un homme batte sa femme. En termes de violences sexuelles, celles-ci ont augmenté de 50% entre 2022 et 2023 selon l’ONU. 95% de ces crimes liés aux conflits sont subis par des femmes et des filles en 2024, toujours selon l’ONU. Au sein de la communauté française à l’étranger, la DFAE annonce - pour ne citer que ce chiffre - 471 cas de violences conjugales signalés : “ un chiffre bien en deçà de la réalité car les femmes n’osent pas toujours parler ou ne savent pas qu’elles peuvent être aidées” justifie Pauline Carmona, Directrice des Français de l’étranger et de l’administration consulaire le 7 mars au Quai d’Orsay. 

 

 

Nos élus locaux et nos agents sont les premiers réceptacles des victimes de violences, des relais indispensables.

 

 

Priscillia Routier : une voix puissante pour l’entraide et la protection des femmes

 

 

La France veut lutter contre les violences faites aux femmes dans le monde - discours le 7 mars 2025 au Quai d'Orsay
La France veut lutter contre les violences faites aux femmes dans le monde - discours le 7 mars 2025 au Quai d'Orsay 

 


 

Une stratégie spécifique contre les violences à l’étranger se met en place 

Une stratégie spécifique contre les violences à l’étranger est annoncée “Nous avons engagé une concertation à l’automne 2024 avec des partenaires publics et la société civile. Des députés et sénateurs y ont participé mais aussi des professionnels concernés et des associations. A partir de cette concertation, nous avons établi une feuille de route, qui se veut évolutive.” explique Pauline Carmona. Trois volets composent la stratégie spécifique : 

 

  • Améliorer les informations et l’accès aux ressources  : “une page existe sur sur les sites de nos postes consulaires” précise la directrice, annonçant également vouloir actualiser l’annuaire des structures d’accueil locales. “Les verrous sautent puisque nous rendons la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr accessible depuis l’étranger. Nous travaillons aussi pour que le numéro 3919 soit disponible pour nos ressortissants” déclare Pauline Carmona. 

 

  • Améliorer l’accompagnement et l’accueil de la parole des victimes. Pour ce faire, la DFAE annonce des formations et un guide spécifique mis en place auprès des postes consulaires et des Conseillers de Français de l’étranger. “La 1ere écoute est indispensable et clé pour donner de la confiance et permettre au contact de se nouer. Nos élus locaux et nos agents sont les premiers réceptacles des victimes de violences, des relais indispensables.” insiste la directrice.

 

  • Renforcer les partenariats pour agir sur toute la chaîne, s’appuyer sur des professionnels de la société civile. “Dans ce sens, nous sommes fiers de signer une convention avec la plateforme Save You le 14 mars 2025.” Plus largement, la DFAE souhaite identifier et étendre les bonnes pratiques : “Je cite en exemple une permanence juridique tripartite mise en place à Singapour, une très belle initiative. Nous travaillons avec le barreau de Paris pour voir comment nous pouvons dupliquer cette pratique ailleurs dans le monde” déclare Pauline Carmona, évoquant également vouloir faciliter des rapatriements nécessaires et accompagner les victimes une fois rentrées en France. 

 

 

“Une paix juste et durable ne peut se faire en laissant de côté la moitié de l’humanité”

 

Les annonces d’une diplomatie féministe française forte sont faites. Reste à voir si elles sauveront des vies. “Une paix juste et durable ne peut se faire en laissant de côté la moitié de l’humanité” rappelle Jean-Noël Barrot.