Histoires Croisées : quand l’architecture relie les femmes
Le Centre Culturel Canadien accueille, du 13 février 2025 au 17 mai 2025, l’exposition de la professeure associée en études architecturales, Léa-Catherine Szacka. Histoires Croisées Gae Aulenti, Ada Louise Huxtable, Phyllis Lambert, sur l’architecture et la ville présente les figures les plus influentes de l’architecture de l’après-guerre.


La profondeur de la salle principale nous plonge immédiatement dans la grandeur de l’architecture et de l’histoire de ces trois femmes. Gae Aulenti, Ada Louise Huxtable et Phyllis Lambert sont réunies, dans cette exposition documentaire, par leurs histoires liées. Inspirée par les riches archives laissées, Léa-Catherine Szacka, professeur en études architecturales, donne accès à un assemblage inédit d’images et de documents les reliant.
Trois thèmes et cinq projets animent les murs du Centre Culturel Canadien. Au rythme des voix des protagonistes, la promenade transporte sur deux continents : l’Amérique du Nord et l’Europe.
Phyllis Lambert, une architecte canadienne reconnue pour ses grands projets : elle rédige, le 28 juin 1954, une lettre de huit pages dans laquelle elle s’offense du projet choisi par son père pour le Seagram Building. En réponse, Samuel Bronfman décide de faire venir sa fille de Paris à New York pour choisir qu’elle puisse choisir elle-même un architecte, et elle est nommée chef de projet. En parallèle, elle a œuvré pour la préservation des bâtiments en pierres grises, typiques de l’architecture traditionnelle de Montréal. Dans les années 1970, alors que plusieurs projets de démolition sont envisagés, elle lance des campagnes documentaires, puis se consacre à des projets de conservation.
L’exposition illustre comment les expatriés, à travers le monde, peuvent se sentir connectés à l’architecture de différentes régions, en passant par New York et le Seagram Building, Paris et Le Musée d’Orsay, ou encore Milan et la Piazzale Cadorna, l’exposition montre comment les expatriés, à travers le monde, peuvent se sentir connectés à l’architecture de différentes régions. Elle met en lumière la manière dont ces architectes ont su naviguer entre différents contextes géographiques et culturels.

Archivio Gae Aulenti, Milan. © AGA.
Trois femmes, trois contextes différents, une même génération
Nées toutes trois dans les années 1920, le croisement métaphorique de Gae Aulenti, Ada Louise Huxtable et Phyllis Lambert se révèle à travers les trois thématiques majeures : leur relation ambivalente avec le modernisme, leur engagement précurseur pour la préservation du patrimoine et leur défense de l’architecture comme art public.
Ada Louise Huxtable, critique d’architecture américaine, a œuvré contre la destruction de Pennsylvania Station à New York. Dans les années 1960, elle lutte pour sa préservation et rédige plusieurs articles dans le but de dénoncer cette démolition et de sauver la station. Finalement démolie pour faire place au Madison Square Garden, il reste un exemple de projet qui a permis de démarrer le mouvement aux États-Unis de lutte de préservation du patrimoine. En 1968, le New Yorker publie une caricature représentant le chantier d’un architecte constructeur, est accompagnée de la phrase : “Ada Louise Huxtable already doesn't like it” (Ada Louise ne l’aime déjà pas). Une illustration qui met en avant sa puissance, ainsi que celles des femmes qui œuvrent dans un monde dominé par les hommes, tout en étant aussi puissante, sinon plus.
Chacune, à sa manière et à l’échelle de sa ville, a joué un rôle clé dans l’élaboration des règles et lois pour la défense du patrimoine. En outre, leurs parcours soulèvent aussi des questions de pouvoir, de classe sociale, ainsi que de féminisme et de sororité.
“L’architecture est un métier d’hommes, mais j’ai toujours fait semblant de l’ignorer”, exprime Gae Aulenti
Avec Gae Aulenti nous arrivons à Paris. En 1979 la gare d’Orsay est inscrite au titre des monuments historiques. L’agence ACT Architecture est sélectionnée lors d’un concours visant à transformer l'ancienne gare en musée du XIXè siècle. Un an après, l’architecte italienne remporte elle aussi un concours pour réaliser l'aménagement intérieur et la scénographie du Musée d’Orsay. Peu connue auparavant pour des projets de préservation patrimoniale, elle entame, après ce projet, une série de transformations de bâtiments historiques, notamment au Palazzo Grassi de Venise et au musée d'Art de Catalogne de Barcelone.
Informations pratiquesFini le17mai
Jusqu'au 17 mai à 18:00
Adresse
130, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Remarques : Centre Culturel Canadien
Horaires
Du lundi au vendredi : 10:00 - 18:00 Entrée libre