Ksenia Karelina, danseuse russo-américaine, vient d’être libérée après huit mois de détention en Russie. Pendant ce temps, à Paris, l’opposant Vladimir Kara-Mourza alerte sur la répression en Russie et appelle à la libération des prisonniers politiques.


Après huit mois de détention en Russie, Ksenia Karelina, danseuse russo-américaine, retrouve la liberté dans le cadre d’un échange de prisonnier entre Moscou et Washington. Sa libération, le 10 avril 2025, intervient au moment où Vladimir Kara-Mourza, opposant notoire au Président Vladimir Poutine, est auditionné par la commission des Affaires étrangères et de la Défense ainsi que la commission des Affaires européennes. À Paris, il témoigne de la situation géopolitique de la Russie, du peuple russe et de la lutte pour une Russie libre impliquant la libération des otages.
Libérer les otages : une condition essentielle pour l’opposant russe
Le 10 avril 2025, Ksenia Karelina est montée dans un avion à destination des États-Unis. Détenue en Russie depuis sa condamnation le 15 août 2024, la jeune femme est libérée par Moscou lors d’un échange de prisonniers à Abou Dhabi. Arrêtée et condamnée à douze ans de prison pour un don d’une cinquantaine de dollars fait à une ONG ukraino-américaine, le tribunal russe assure que la somme en question avait contribué au soutien logistique et militaire de l’armée ukrainienne.
À Paris, Vladimir Kara-Mourza évoque, dès ses premiers mots, les otages du régime : « l’escalade incessante de la répression, les centaines de prisonniers politiques, les milliers poursuivis pour des motifs fallacieux, les dizaines de milliers arrêtés lors des manifestations contre la guerre depuis février 2022. Et puis, les centaines de milliers de citoyens qui ont signé des pétitions pour soutenir un candidat anti-guerre à la présidentielle de 2024. Tous incarnent une autre Russie, porteuse d’une histoire différente ».

Proche de Boris Nemtsov, assassiné en février 2015, Vladimir Kara-Mourza lutte sans relâche pour la libération des otages. « Les négociations de l'administration Trump et le régime de Poutine semblent parler de tout, des minéraux, de l'argent, des territoires, mais personne ne parle des vies humaines. Pourtant, il n'y a rien de plus important que cela », exprime-t-il. Vice-président du parti de la liberté populaire, il a joué un rôle clé dans l'adoption par l'Union européenne d'un régime mondial de sanctions en matière de droit de l'homme, connu sous le nom de sanction Magnitsky. Il dénonce : « Il est important que n'importe quel document de cessez-le-feu en Ukraine se pose sur la libération de tous les otages. Bien plus qu’une question d'activité, c'est une question de survivre au monde ».
Il paye son engagement politique au prix fort, empoisonné en 2015 et en 2017, mais ne s’arrête pas de défendre ses convictions, sa conception de la démocratie, de l'état de droit et des droits de l'homme « des centaines de milliers de vies humaines ont été détruites par cette guerre. Nous ne pouvons pas les retourner. Mais il est encore temps de sauver les dizaines de milliers vies toujours captives ».
La censure médiatique et la désinformation sur la guerre en Ukraine
Selon Reporters sans frontières, depuis l’invasion russe en Ukraine en 2022, la quasi-totalité des chaînes de télévisions indépendantes sont bloquées. Plusieurs médias occidentaux ne sont aussi plus accessibles dans le pays.
Pour Vladimir Kara-Mourza, « la propagande de Poutine veut que le monde croit que tous les Russes soutiennent son régime et sa guerre ». Lors de son audition à Paris, il explique que la majeure partie de la population russe n’est pas au courant de ce qu’il se passe en Ukraine. « Leurs sources d’informations se résument à la télévision et la radio, mais tout est contrôlé par le gouvernement », ajoute l’opposant. En 2025, il milite pour une diffusion de cette information objective aux habitants de Russie.
Les démocraties face à leurs responsabilités
Vladimir Kara-Mourza souligne également le rôle crucial des démocraties face à la situation en Russie. « La paix en Europe ne peut qu’exister si la Russie devient une démocratie », affirme-t-il en associant cette évolution au soutien des autres démocraties. Au Sénat, il évoque une tribune publiée quelques mois auparavant dans le Washington Post, avec Ioulia Navalnaïa, la veuve d’Alexeï Navalny, et Ilya Iachine, un opposant russe lui aussi emprisonné pour des raisons politiques. « Nous y dénoncions le fait que, ces derniers mois, la société américaine Apple a supprimé, à la demande du régime de Poutine, plus de 150 applications VPN de l’App Store en Russie. Ces outils permettent pourtant aux citoyens de contourner la censure. Ce n’est pas une action des services russes, mais bien d’une entreprise américaine », dénonce l’opposant.
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