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Les Français sont-ils encore en sécurité à l’étranger ?

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Écrit par Némo Empis
Publié le 8 novembre 2020, mis à jour le 10 novembre 2020

Manifestations contre la France, appels au boycott des produits français et une attaque au couteau contre un garde du consulat de France en Arabie saoudite : des événements récents qui inquiètent les autorités et les spécialistes sur la sécurité des Français à l’étranger.

« La menace est partout ». Les mots sont forts dans la bouche de Jean-Yves Le Drian au lendemain de l’attentat de Nice, qui a fait trois morts le 29 octobre dernier. « Partout » sur le territoire français, mais aussi à l’étranger. Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a appelé l’ensemble des ressortissants français vivant hors de nos frontières, à la prudence. Suite à l’attaque, le Quai d’Orsay a annoncé que le message urgence attentat - plus haut niveau d’alerte du plan « vigipirate » - a été envoyé aux ambassades du monde entier. Dans une intervention sur TV5MONDE, Claude Moniquet, président de l’European Strategic Intelligence and Security Center (ESISC), a été clair : « Nous sommes en face d’une remontée en puissance de la menace terroriste. » Les dispositifs de sécurité autour des présences françaises ont d’ailleurs tous été consolidés, avec une attention particulière autour des écoles.

Une prudence accrue autour des écoles

Un peu plus de deux semaines après la mort de Samuel Paty, assassiné pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves lors d’un cours sur la liberté d’expression, Jean-Yves Le Drian a insisté sur le renforcement de la sécurité autour des établissements français de l’étranger. « Nous avons pris la décision de n'autoriser les ouvertures d'établissements scolaires qu'à partir du moment où la vigilance aura été accrue et une attention aura été portée à l'égard à la fois des parents, des enseignants et des élèves », a-t-il souligné.

Le tragique événement survenu à Conflans-Sainte-Honorine avait d’ailleurs poussé Emmanuel Macron à soutenir la liberté de caricaturer dans son discours d’hommage au professeur. Les propos du chef de l’État ont été mal reçus dans une partie du monde arabo-musulman. « Ces mots auxquels il faut ajouter les positions de la France après la décapitation et le projet de loi contre le séparatisme durcit par le gouvernement font qu’il existe clairement un risque pour les Français à l’étranger », a assuré Claude Moniquet sur la chaîne internationale.

De la haine virtuelle à la menace réelle

Si les établissements scolaires sont évidemment l’une des priorités en matière de sûreté, les autorités n’en n’oublient pas moins leurs consulats, ambassades ou autres Alliances françaises. Le chef de la diplomatie leur a demandé de « ne pas baisser la garde » face aux potentiels dangers qu’ils encourent. En Turquie - où le président Erdogan avait lancé les hostilités en invitant Emmanuel Macron à surveiller sa « santé mentale » -, au Bangladesh, au Pakistan, en Palestine et même au Liban, de nombreuses manifestations ont eu lieu contre l’État français. S’en sont suivis des boycotts des produits français et plus gravement, une attaque au couteau contre un garde du consulat à Djeddah, en Arabie saoudite. « Nous passons vite de la haine virtuelle à la menace réelle », s’est inquiété le ministre, alors qu’il assure que les autorités locales apportent leur soutien à la France « d’une manière générale ».

Vers de nouvelles attaques ?

Cette agression à l’arme blanche survenue à Djeddah, Claude Moniquet l’explique par un changement de mode opératoire des groupes terroristes. « Ils n’ont plus la possibilité de projeter des équipes, d’une part parce que l’État islamique a perdu sa territorialité en Syrie, d’autre part à cause de la fermeture des frontières internationales lance-t-il, ils suscitent donc des attaques avec des moyens « low-cost » comme des couteaux ou des voitures-béliers. » Des attaques extrêmement difficiles à anticiper pour le spécialiste. La récente attaque au couteau à Vienne, la capitale autrichienne, en est la preuve. Quatre personnes y ont perdu la vie et quinze autres ont été blessées.

Emmanuel Macron tente de calmer le jeu

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé notamment des Français de l’étranger, a demandé à ses compatriotes de suivre les recommandations précises qui leur ont été envoyées. « La vigilance de chacun doit être maximale », a-t-il insisté, dans une vidéo postée sur son compte Twitter. Une méfiance justifiée puisque le groupe terroriste Al-Qaïda a dernièrement appelé à commettre des actions contre la France.

Dans un entretien exclusif accordé à la chaîne qatarie Al-Jezira, Emmanuel Macron a tenté d’apaiser les tensions entre son pays et ceux du monde musulman. Il a estimé que ses propos sur les caricatures avaient été déformés. « Je comprends qu'on puisse être choqué par des caricatures, mais je n'accepterai jamais qu'on puisse justifier la violence », a-t-il déclaré pendant l’interview. Par ailleurs, le président de la République a annoncé que les forces de sécurité aux frontières seraient doublées. L’Élysée craint que des actions terroristes puissent être perpétrées par des individus « qui utilisent les flux d’immigration ».

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