Avec ses temples majestueux, ses mosquées imposantes et ses quartiers bouillonnants de vie, Kuala Lumpur est un fascinant mélange de cultures et de traditions. De Chinatown à Little India, en passant par les Batu Caves et les marchés de street food, la capitale malaisienne dévoile une richesse culturelle et gastronomique unique en Asie du Sud-Est.
Trois heures de vol plus tard, après avoir quitté Hanoï, vous atterrissez à Kuala Lumpur, la capitale malaisienne. Ce qui frappe, dès les premiers pas dans les ruelles de la mégapole, c’est sa richesse culturelle. Tandis que résonnent les appels à la prière, certains s’agenouillent sur leurs sajjada (tapis de prière), d’autres revêtent des colliers de fleurs pour entrer dans les temples hindous ou allument des bâtons d’encens dans des lieux de culte taoïstes. La religion est omniprésente dans ce pays majoritairement musulman. En 2020, le dernier recensement gouvernemental indiquait que 45 % des habitants de la capitale sont musulmans, 32 % bouddhistes et 8 % hindouistes.

Pourquoi ne pas commencer votre visite par la mosquée Sultan Abdul Samad Jamek ? Chapeautée par les fidèles musulmans, cette immense mosquée a été érigée en 1909 par l’architecte britannique Arthur Benison Hubback. Faite de marbre blanc et de brique rouge, elle fut l’une des premières mosquées bâties à Kuala Lumpur et reste aujourd’hui un lieu de culte emblématique des Malais. L’islam s’est implanté en Malaisie dès le XIIᵉ siècle, porté par les marchands arabes, indiens et persans qui commerçaient dans la région. Les ports malais, en particulier Malacca, sont rapidement devenus des carrefours d’échanges où l’influence islamique s’est intensifiée. Autour de la mosquée, on trouve encore des vestiges de l’ère coloniale britannique, ainsi que l’emblématique place de l’Indépendance, Merdeka Square.
Richesse religieuse et culturelle

Si vous visitez le quartier de Chinatown, au cœur de la ville, vous plongerez dans l’histoire de la diversité ethnique malaisienne. Parmi les incontournables, le temple taoïste Guan Di, fondé en 1888, est l’un des plus anciens temples chinois de la ville. Une scène intrigante s’y déroule : une convertie passe sous une table du site, agenouillée. « Je fais cela pour provoquer la chance et la prospérité », explique-t-elle. À quelques mètres de là se dresse le Sri Maha Mariamman. Fondé en 1873, il est dédié à Maha Mariamman, une divinité hindoue considérée comme la protectrice des Tamouls et des personnes en difficulté. Devant le temple, un homme projette avec force une noix de coco au sol, rituel symbolisant la chance et la purification.

Le quartier de Chinatown est chargé d’histoire. Dans les années 1850, Kuala Lumpur n’était qu’un modeste village minier, où l’étain attirait chercheurs de fortune et commerçants. Les migrants chinois, majoritairement Hakkas et Cantonais, s’y installèrent pour exploiter les mines sous l’impulsion de Kapitan Yap Ah Loy, figure clé du développement de la ville et de son quartier chinois. Aujourd’hui, des fresques murales figent quelques scènes du passé. Ici, toutes les cultures et croyances se mêlent en harmonie. Pourtant, l’histoire rappelle que cette coexistence n’a pas toujours été paisible. Des heurts intercommunautaires ont marqué la ville, notamment en 1969, lorsque des tensions entre les communautés malaise et chinoise ont conduit à des violences meurtrières. Aujourd’hui, l’heure est au vivre-ensemble.
Diversité gastronomique
Ancienne colonie britannique et autrefois carrefour commercial du monde, la gastronomie malaisienne est un véritable melting-pot de saveurs. Influencée par des traditions portugaises, moyen-orientales, indonésiennes, chinoises, indiennes et européennes, elle mélange les goûts pour tenter de satisfaire tous les palais. Le marché à ciel ouvert de Kampung Baru est une excellente introduction à la cuisine malaisienne. Dès l’entrée, l’odeur du poisson frit, des légumes sautés et des épices en dit long sur les préférences culinaires locales. Ici, on déguste des plats traditionnels dans une ambiance conviviale et familiale. Le marché offre une vue imprenable sur la skyline des gratte-ciel du quartier des affaires, tout en restant préservé de l’agitation parfois étouffante du centre-ville.

Les incontournables ? Nasi lemak (riz au lait de coco), brochettes satay à la sauce cacahuète, ikan bakar (poisson grillé)... J’ai craqué pour un Nasi Pad Ka Pao, un riz frit au bœuf à la thaïlandaise, accompagné de Keropok Lekor, du poisson haché, assaisonné et frit. Mes papilles, habituées aux spécialités d’Asie du Sud-Est, se souviendront longtemps de ce plat de rue, servi pour moins de 5 euros *une somme plus significative pour les locaux*. Pour les amateurs de cuisine indienne, le quartier de Brickfields, aussi connu sous le nom de Little India, est un passage obligé. Ici, on mange comme à New Delhi, dans des cantines populaires servant des plats typiques aux travailleurs indiens de Kuala Lumpur. Outre la cuisine, l’architecture du quartier est fascinante : les anciennes bâtisses coloniales britanniques, ornées de couleurs vives et inspirées des traditions hindoues, offrent un véritable spectacle visuel.
Visite des batu caves
À 40 minutes en train du centre-ville se trouvent les Batu Caves, site emblématique de l’hindouisme en Malaisie. De nombreux clichés du lieu circulent sur Internet, mettant en avant son architecture démesurée et son escalier coloré de 272 marches, gardé par des singes aux mains baladeuses. Mais victime du surtourisme, l’environnement autour du site est souvent bondé et mal entretenu. Chaque année, les Batu Caves accueillent des milliers de fidèles hindous lors de Thaipusam, une célébration où les pèlerins portent des kavadi (offrandes sacrificielles) en signe de dévotion.
Le temple de Batu Caves a été fondé en 1891 par un marchand indien, Thamboosamy Pillai, frappé par la ressemblance de l’entrée de la grotte avec un "vel", la lance céleste du dieu Murugan. Aujourd’hui, le site est dominé par une statue dorée de 42,7 mètres, la plus haute au monde dédiée à cette divinité hindoue. La visite des différents sites historiques offre un aperçu global de l’histoire du monde, la Malaisie ayant toujours été un carrefour où se sont rencontrés divers peuples, chacun apportant son héritage et sa culture.
