Édition internationale

L’olivier et sa culture, un savoir traditionnel turc en danger

Arbre mythique, l’olivier entretient avec les civilisations humaines du vaste bassin méditerranéen, un lien culturel aussi fort qu’ancien, porteur d’un très riche patrimoine. En Turquie, l’olivier est cultivé de la mer Noire à la mer Egée en passant par la Méditerranée et l’Anatolie. Un savoir-faire traditionnel millénaire, qui pourrait aujourd’hui disparaître.

Culture de l'olivierCulture de l'olivier
©Kültür ve Turizm Bakanlığı
Écrit par Pauline Sorain
Publié le 26 février 2024, mis à jour le 25 mars 2024

Un classement pour préserver

Les traditions et savoir-faire autour de la culture de l’olivier font, depuis 2014, partie de l’inventaire du patrimoine culturel intangible de la Turquie établi par le ministère de la Culture et du Tourisme (Kültür ve Turizm Bakanlığı). C’est en 2017 que la Turquie, consciente de l’importance de préserver ces savoir-faire exceptionnels, a déposé un dossier auprès des instances de l’UNESCO au titre de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Cependant, au vu des graves menaces pesant sur ces pratiques et connaissances traditionnelles, il a été décidé en 2020 de requérir une protection au titre du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Depuis décembre 2023 c’est chose faite, et ces pratiques traditionnelles vont pouvoir bénéficier d’un vaste plan de sauvegarde.

 

Culture de l'olivier
 ©Kültür ve Turizm Bakanlığı

 

Des pratiques ancestrales

Les connaissances, méthodes et pratiques traditionnelles associées à la culture de l’olive ("zetincilik") ont une signification traditionnelle profonde en Turquie. Dans certaines zones rurales, les producteurs maîtrisent l’art de greffer et de tailler le "delice", l’olivier sauvage et disposent d’une connaissance des terroirs essentielle au bon développement des oliviers. S’y ajoutent des traditions en matière de récolte, de transformation et de conservation des olives, qui se transmettent par l’oralité depuis des siècles.

 

Greffe d'un oliver  ©Kültür ve Turizm Bakanlığı
Greffe d'un oliver  ©Kültür ve Turizm Bakanlığı

 

Le début et la fin de la récolte (généralement en novembre et en janvier), sont marqués par d’importants rituels emprunts d’un esprit de partage et d’unité sociale. Des festivals locaux sont organisés, avec notamment des fêtes, des concours, des danses folkloriques, etc. Autant de traditions qui jouent un rôle essentiel dans la préservation de l’identité sociale et culturelle des zones rurales qui ont su conserver ces gestes à travers le temps.

 

Voici venu le temps des olives... turques

 

Des savoir-faire menacés

Ces traditions qui entretiennent indéniablement un lien durable avec l’environnement sont toutefois menacées. Les facteurs favorables à une perte rapide des ces connaissances et traditions sont nombreux : l’exode rural tout d’abord, mais aussi la mécanisation, l’augmentation de l’utilisation des fertilisants chimiques, l’extension des exploitations, etc. Ainsi, bien que les moulins à huile en pierre continuent à être utilisés pour l’extraction de l’huile d’olive, les autres méthodes d’extraction traditionnelles ont été pour la plupart abandonnées. Il en va de même pour les variétés locales d’olives qui tendent à disparaître et pour l’ensemble de la connaissance des gestes traditionnels de culture, de récolte, et de transformation.

 

Culture de l'olivier
 ©Kültür ve Turizm Bakanlığı

 

L’inscription de ces traditions et savoir-faire sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente génère la mise en œuvre de mesures rapides en lien direct avec les communautés villageoises concernées : information, éducation, sensibilisation, recherches académiques et réalisations de documentaires…

 

 

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