Réouverture progressive des crèches, relance de l'économie, allègement des mesures de quarantaine, le Premier ministre Antonio Costa a annoncé les grandes lignes du déconfinement qui devrait se mettre en place à partir du 4 mai.
Après une nouvelle reconduction de l'état d'urgence jusqu'au 2 mai prochain, le Président de la république Marcelo Rebelo de Sousa a formellement autorisé par décret le gouvernement d'Antonio Costa à procéder au déconfinement du pays à partir de cette date. À l'issue du prochain Conseil des ministres qui aura lieu ce jeudi 30 avril, le Premier ministre annoncera les différentes étapes de ce processus qui promet d'être long et progressif. Sans réelle certitude quant au calendrier des événements, le Premier ministre a néanmoins fait savoir qu´il tiendrait la population informée sur l´évolution du processus de déconfinement tous les 15 jours.
Redynamiser l'économie
Relancer l´économie, c'est l'un des objectifs majeurs du gouvernement pour éviter que la crise sanitaire n'ait de répercussions structurelles sur l'économie du pays. Antonio Costa a fait part de sa volonté de rouvrir certaines activités économiques, à commencer par les petits commerces de quartiers, si la tendance des chiffres du Service National de Santé relatifs à la pandémie se maintient. « Ces commerces sont ceux qui rassemblent le moins de personnes, nécessitent le moins de distance de déplacement, et qui servent le mieux l'économie locale » a expliqué le Premier ministre. Ce sont aussi probablement ces commerçants qui ont le plus souffert du manque à gagner lié à la pandémie. « Si nous ne rouvrons pas boutique dans deux semaines, nous ne pourront plus rouvrir du tout car nous n'avons pas les fonds nécessaires pour remplacer toute la marchandise que nous allons devoir jeter. » explique Karim, propriétaire d'une épicerie dans le quartier d'Anjos, à Lisbonne. Le nouveau décret prévoit une réouverture graduelle des commerces selon différents critères comme les horaires d'ouverture, les secteurs d'activité, le poids des entreprises en termes d'emploi ou encore la zone géographique. Concernant le télétravail, Antonio Costa veut inciter les Portugais qui le peuvent à continuer à travailler depuis leur domicile, notamment pour désengorger les transports publics au moment du possible déconfinement et de la reprise du travail pour de nombreux salariés. Antonio Costa compte également sur une réouverture progressive des équipements culturels (notamment ceux qui ont une capacité fixe et des sièges numérotés) et sportifs (gymnases etc.) si des procédures d'hygiène strictes sont imposées.
Promouvoir de nouvelles normes d'hygiène publique
Le gouvernement souhaite rendre plus abondant sur le marché les moyens de protection individuelle, tels que les masques et le gel hydoalcoolique, afin d'encourager de nouveaux réflexes d'hygiène notamment sur les lieux de travail, les espaces publics et en particulier dans les transports publics. « C'est la plus grande difficulté logistique » à laquelle le gouvernement doit faire face, a admis le Premier ministre. Le cas des transports publics est particulièrement délicat. Costa a suggéré l'idée d'une nouvelle organisation horaire du travail pour éviter les rassemblements pendant les heures de pointe (en continuant le télétravail une semaine sur deux par exemple et en faisant travailler des équipes le matin et d´autres l´après-midi) ou simplement en augmentant le trafic des métros et des bus par exemple. L'objectif étant de garder la situation épidémiologique sous contrôle tout en libérant les Portugais de l'isolement domestique.
Réouverture des crèches et retour partiel en cours des lycéens
Le Premier ministre a exprimé son souhait d'un retour, même partiel, des cours en présentiel à partir du 18 mai pour les élèves de Première et Terminale (11° et 12° année), ainsi que la réouverture des crèches le 1er juin dont manquent cruellement les familles en ce moment, notamment celles qui ne font pas de télétravail. Une étude de l'Ecole Supérieure de Santé Publique portugaise a montré que le Covid-19 touchait très peu de jeunes enfants, qui avaient aussi, de fait, un faible ratio de contamination du fait de leur absence de vie sociale en dehors de celle de leurs parents. D'autres pays européens ont déjà commencé à rouvrir les garderies, notamment en Norvège et en Islande. Cette annonce suscite des inquiétudes notamment auprès des parents et des syndicats d'enseignants, en général, qui craignent une nouvelle vague de contaminations et attendent des garanties concernant les mesures de protection. Le Premier ministre souhaite également rouvrir les universités à partir du 4 mai, si la situation sanitaire le permet. Le reste des élèves, du primaire à la première, resteront chez eux jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Un déconfinement échelonné
Quoiqu'il arrive, le déconfinement se fera en plusieurs étapes : au niveau régional (en fonction de la gravité avec laquelle chaque région a été touchées par l'épidémie) et générationnel (en fonction de l'âge des citoyens) il est probable que les personnes âgées devront restées confinées plus longtemps que les autres par mesure de protection. Il est aussi possible que le confinement reste obligatoire mais que les restrictions de mobilités soient assouplies et ne soient plus limitées à l'activité professionnelles ou à l'assistance de personne vulnérables par exemple. Cela n'a pas encore été formellement établit par le gouvernement.
Regagner la confiance des Portugais
C'est l'un des points clefs qui est ressorti d'une réunion le 14 avril dernier entre le gouvernement et une vingtaine d'économistes portugais : pas de retour à la normalité sans confiance. Pour relancer l'économie, les citoyens portugais doivent absolument se sentir en sécurité afin de redescendre dans la rue pour travailler et consommer sans risquer de tomber malade. La sortie de l'isolement et l'assouplissement des mesures restrictives de déplacement dépendront de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement d'António Costa. « Nous devons établir une confiance collective dans la capacité que nous avons à protéger la populations et les plus fragiles d'entre nous, à mesure que nous nous préparons à lever les restrictions économiques et circulatoire des citoyens » a déclaré Pedro Siza Vieira, ministre d'État de l'Economie et de la Transition Numérique.
Le décret présidentiel rappelle également que pour le déconfinement soit possible, il est nécessaire que « les données épidémiologiques continuent de montrer une diminution de la propagation du virus et que la capacité de réponse du Service national de santé continue d'être assurée. » Chose qui, pour l'instant, dépend encore de la volonté des citoyens de respecter scrupuleusement le confinement jusqu'au 2 mai prochain.