Lockerbie : A search for Truth, revient sur l’attentat le plus meurtrier de l’histoire britannique et la quête de justice de Jim Swire, qui a perdu sa fille dans cette tragédie. La série produite par Sky Atlantic et Peacock raconte le contexte de tensions internationales dans lequel s’inscrit ce drame, ainsi que l’enquête menée par le FBI et la police britannique, qui conserve toujours ses zones d’ombre.
Le 21 décembre 1988, un avion de la compagnie américaine Pan Am, effectuant la liaison entre Londres et New York, explose en plein vol, au-dessus du village écossais de Lockerbie.
Les 259 personnes présentes à bord, ainsi que 11 habitants de Lockerbie, périssent dans cette tragédie. L’enquête révèle que l’explosion a été causée par une bombe dissimulée dans une valise. Connue sous le nom d’”attentat de Lockerbie”, il s’agit de l’attaque terroriste la plus meurtrière de l’histoire britannique.
La série télévisée Lockerbie : A search for Truth (en français Lockerbie, autopsie d’un attentat), disponible depuis le 2 janvier, raconte l’histoire de Jim Swire. Ce médecin anglais, qui a perdu sa fille Flora dans l’explosion de l’avion, mène un combat acharné pour lever le voile sur la machination de cet attentat et obtenir justice.
La tragédie de Lockerbie s’inscrit dans un contexte de tensions internationales
Après une enquête internationale menée par le FBI et la police britannique, deux ressortissants libyens : Abdelbaset al-Megrahi et Lamin Khalifah Fhimah, sont inculpés en 1991. C’est sous la pression internationale et les sanctions de l’ONU que le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi accepte de livrer les deux suspects.
En 2001, Lamin Khalifah Fhimah est acquitté, tandis que Abdelbaset al-Megrahi, officier du renseignement libyen et chef de la sécurité de Libyan Arab Airlines, est condamné à la réclusion à perpétuité par la justice écossaise, pour le rôle qu’il a joué dans l’attaque terroriste.
Ca drame s’inscrit dans un contexte de tensions grandissantes entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Libye, accusée de soutenir le terrorisme. Bien que Kadhafi ait officiellement reconnu la responsabilité de la Libye dans l’attentat, il a toujours nié en être à l’origine.
Pourtant, en 2011, Mustafa Abdul Jalil, ancien ministre libyen de la Justice déclare que Mouammar Kadhafi a personnellement ordonné l’attentat. Cependant, aucune preuve tangible n’a été avancée à ce sujet.
Une attaque terroriste marquée par ses zones d’ombre
Certains enquêteurs estiment que la responsabilité libyenne n’est pas la seule engagée dans cet attentat. Des théories impliquent la responsabilité d’autres pays, comme celle de l’Iran ou de groupes palestiniens.
Le procès de Abdelbaset al-Megrahi a également été très critiqué, sur son déroulement, la qualité des preuves, et celle des témoignages qui ont été entendus dans ce cadre. Des éléments troublants, tels que la disparition de témoins ou l’inaccessibilité de documents cruciaux pour l’enquête, continuent d’alimenter les doutes.
En 2020, les Etats-Unis annoncent la mise en accusation d’un autre officier du renseignement libyen : Abu Agila Mohammad Masud, soupçonné d’avoir fabriqué la bombe à l’origine de l’attentat. Celui-ci a été extradé et placé en détention aux Etats-Unis en 2022.
L’histoire de Jim Swire
La série dramatique britannique Lockerbie : A search for Truth s'inspire de l’histoire vraie de Jim Swire, racontée dans son livre The Lockerbie Bombing : A Father’s Search for Justice, coécrit avec Peter Biddulph et publié en 2021.
Sa fille, Flora Swire, âgée de 23 ans, s'apprêtait à commencer une nouvelle vie en rejoignant son fiancé aux Etats-Unis. Après sa disparition tragique dans l’attentat, Jim Swire n’a jamais cessé de remettre en question les conclusions officielles. Il se lance alors dans une quête inlassable pour obtenir justice et faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame.
Dès le départ, il critique la gestion de l’enquête par les autorités britanniques et américaines. Il a également toujours exprimé des doutes quant à la culpabilité de Abdelbaset al-Megrahi. Pour lui, les preuves présentées lors de son procès étaient insuffisantes. Jim Swire a même voyagé plusieurs fois en Libye pour rencontrer des membres du régime de Mouammar Kadhafi et discuter de l’attentat. Sa position, controversée, lui a attiré autant de soutiens que de critiques, certains considérant qu'il s'était laissé manipuler.
Au fil des décennies, Jim Swire est devenu une voix incontournable dans le combat pour la vérité sur Lockerbie. Son engagement a mis en lumière les défaillances de l’enquête et soulevé des questions sur les jeux politiques derrière l’accusation de la Libye. Pourtant, malgré toutes ses recherches, Swire n'a pas encore obtenu les réponses définitives qu'il cherchait pour honorer la mémoire de sa fille et des autres victimes.
En parallèle, il a souvent parlé de l'importance de se souvenir des vies perdues, pas seulement des débats politiques ou judiciaires. Sa campagne est une illustration poignante de l’amour d’un père, mais aussi de son refus d’accepter des demi-vérités, même au prix de critiques ou d'isolement.
Une série qui interroge sur les responsabilités engagées dans ce drame
Réalisée par Otto Bathurst et Jim Loach, la série Lockerbie : A search for Truth est disponible sur les plateformes Now TV et Sky Atlantic (au Royaume-Uni et en Irlande), ainsi que sur Peacock aux Etats-Unis. Jim Swire est incarné par Colin Firth (Le Discours d’un roi, Kingsman). Le casting réunit également Catherine McCormack dans le rôle de Jane Swire, Sam Troughton dans celui de Murray Guthrie, et Mark Bonnar en tant que Roderick McGill.
A travers l’histoire et la quête de Jim Swire, elle revient sur l’atrocité de l’attentat de Lockerbie, tout en soulevant de nombreuses questions au sujet des responsabilités engagées dans ce drame, comme celle de l’Iran et d’autres acteurs potentiels. Elle conclut que la vérité, malgré les années, n'émerge jamais complètement et reste insaisissable.