Boris Johnson estime que les femmes transgenres ne devraient pas pouvoir prendre part aux compétitions sportives féminines. Ses propos alimentent un débat déjà houleux au cours de ces dernières semaines autour des droits des personnes trans.
En se prononçant jeudi 7 avril sur la question des femmes transgenre athlètes, le leader de l’archipel précise un peu plus son approche sur la question des droits trans. Il a affirmé que, selon lui, les « mâles biologiques ne devraient pas prendre part à des compétitions sportives féminines », avant d’ajouter qu’il n’aurait jamais cru devoir “réfléchir autant à ces questions”.
Les propos de Boris Johnson interviennent juste après l’interdiction des thérapies de conversion, promise par la Reine et à présent entérinée par le gouvernement. À noter que si les personnes homosexuelles et bisexuelles du Royaume ne sont plus contraintes de suivre l’une de ces pseudo-thérapies, leur pratique demeure autorisée sur les personnes transgenres. Le 11 avril, une manifestation a pris place devant Downing Street, réclamant un « ban » complet.
Les doutes de Boris Johnson sur un sujet “complexe”
Ces propos interviennent 15 jours après une session parlementaire de questions/réponses durant laquelle il se prononçait déjà sur ces thématiques. À la question « Les femmes transgenres sont-elles des femmes ? », il avait répondu évasivement que, d’après lui, « les faits de biologie basique » restent extrêmement importants. Une rhétorique déplorée par le conseiller de l’exécutif sur les questions LGBTQ+, Iain Anderson, qui estime que le Premier Ministre s’inscrit dans une « guerre anti-woke ».
Boris Johnson, de son côté, semble plutôt reconnaître qu’il n’a pas encore saisi toute la complexité du sujet, ajoutant qu’il a bien conscience que ses propos du 7 avril pourraient créer une controverse. Lors de sa prise de parole, il avait d’ailleurs précisé que ses mots ne signifient pas « qu’il n’est pas immensément solidaire des personnes qui souhaitent changer de genre, qui transitionnent », et insiste sur la nécessité de les entourer et de leur donner « un maximum d’amour et de soutien ». Ainsi, le premier ministre entend désormais la nécessité de trouver un consensus. Un aveu contrastant avec ses décisions politiques, mais allant de pair avec son attitude changeante au cours des précédentes semaines : épinglé pour une blague sur la communauté trans et le parti travailliste, il aurait dans le même temps démontré un « soutien incroyable » envers son collègue, le MP Tory Jamie Wallis désormais out, [ouvertement transgenre], d’après les déclarations de ce dernier.
Des évolutions dans le monde du sport
Ces débats ont lieu quelques semaines seulement après l’obtention d’une médaille d’or en natation par Lia Thomas, la première nageuse universitaire transgenre à décrocher un tel titre aux Etats-Unis. Face aux critiques de cette victoire, le Comité International Olympique n’a pas souhaité fixer un seuil de concentration de testostérone limite à respecter pour les sportives, reportant cette responsabilité sur les différentes fédérations. L'événement semble diviser un peu plus la scène politique britannique, où les Labours et Tories se voient tous deux critiqués par différentes personnalités aux positionnements divergents. La nageuse Sharron Davies reproche par exemple au parti travailliste « d’abandonner les droits des femmes » en prenant position en faveur des athlètes transgenres dans les compétitions féminines.
Ces réflexions hétéroclites quant à la place des femmes trans dans le sport soulèvent nombre d’autres questionnements, demeurant en suspens. Comment distinguer une femme transgenre d’une femme cisgenre, sans procéder à un certain nombre de tests potentiellement coûteux et intrusifs ? Doit-on harmoniser, en vertu de l’argument de l’avantage biologique, les compétitions selon les morphologies et les dispositions anatomiques, y compris au sein des équipes cisgenres ?