Dix soldats britanniques ayant servi dans les forces armées israéliennes sont visés par une plainte déposée au Royaume-Uni pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. L’initiative, portée par un collectif d’avocats et d’ONG, intervient dans un contexte de mobilisation internationale croissante pour juger les exactions présumées commises à Gaza.


Crimes de guerre : une procédure judiciaire enclenchée au Royaume-Uni
Lundi 7 avril 2025, une plainte visant dix soldats britanniques a été déposée à Londres pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Cette initiative judiciaire est portée par l’avocat pénaliste Michael Mansfield, assisté de six autres spécialistes des droits humains et d’une équipe de chercheurs basés au Royaume-Uni et à La Haye. La plainte a été soumise au nom du Public Interest Law Center et du Palestinian Center for Human Rights.
Elle a été déposée auprès de l'unité des crimes de guerre de la police britannique. “Le dossier va désormais être examiné par des enquêteurs spécialisés afin de déterminer s’il justifie l’ouverture d’une enquête au Royaume-Uni”, a précisé un porte-parole de la police antiterroriste auprès de la BBC. “À l’heure actuelle, aucune enquête n’a encore été ouverte sur des faits liés à ce conflit.”
Dix soldats britanniques dans le viseur
Les suspects visés sont dix hommes et femmes, certains d'origine israélienne, d’autres binationaux britanno-israéliens. Tous ont servi dans les forces armées israéliennes entre le 7 octobre 2023 et le 31 mai 2024, lors de la guerre opposant Israël au Hamas dans la bande de Gaza. Ils auraient exercé les fonctions de soldats ou de gradés au sein des différentes unités de Tsahal : génie militaire, blindés, parachutistes ou corps d’ingénieurs. Pour des raisons juridiques, leurs identités n’ont pas été rendues publiques à ce stade.
Un rapport accablant sur les exactions présumées
Selon les informations recueillies par The Guardian, ces militaires seraient impliqués dans des attaques délibérées contre des civils et des travailleurs humanitaires. Ils sont également accusés d’avoir participé à des déplacements forcés de civils, à des frappes coordonnées sur des zones protégées, comme des hôpitaux, des monuments historiques ou encore des sites religieux, ainsi qu’à des opérations militaires dans des zones densément peuplées.
Michael Mansfield, avocat principal de l’affaire, a dénoncé l’inaction généralisée face à ces violations présumées du droit international : “Au cours des dix-huit derniers mois, nous avons été témoins de crimes internationaux et nos dirigeants n’ont pas fait grand-chose, voire rien, pour prévenir les souffrances de millions de Palestiniens innocents. Les ressortissants britanniques ont l’obligation légale de ne pas participer aux crimes commis en Palestine. Personne n’est au-dessus de la loi.”
Il ajoute : “Si l’un de nos ressortissants commet une infraction, nous devons agir. Même si nous ne pouvons pas empêcher les gouvernements des pays étrangers de mal se comporter, nous pouvons au moins empêcher nos ressortissants de mal se comporter.”
“Au cours des dix-huit derniers mois, nous avons été témoins de crimes internationaux et nos dirigeants n’ont pas fait grand-chose, voire rien, pour prévenir les souffrances de millions de Palestiniens innocents. Les ressortissants britanniques ont l’obligation légale de ne pas participer aux crimes commis en Palestine. Personne n’est au-dessus de la loi.” Michael Mansfield
Une mobilisation judiciaire mondiale en faveur des Palestiniens
Cette plainte s’inscrit dans une dynamique internationale plus large. À travers le monde, de nombreuses organisations pro-palestiniennes appellent à poursuivre les militaires israéliens pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Le 1er avril 2025, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a adopté une résolution demandant à l’Assemblée générale d’”envisager la mise en place” d’un mécanisme indépendant chargé de collecter des preuves en vue de soutenir d’éventuelles poursuites judiciaires concernant les crimes commis depuis 2014 dans les territoires palestiniens occupés. 27 pays ont voté en faveur de cette résolution, 16 se sont abstenus, dont la France, et 4 ont voté contre. Une telle initiative pourrait renforcer les démarches judiciaires comme celle engagée au Royaume-Uni.
L’armée israélienne rejette les accusations et appelle ses soldats à la prudence
Interrogée par la BBC, l’armée israélienne a fermement rejeté l’ensemble des accusations, tout en réaffirmant que le Hamas utilise des civils comme boucliers humains dans les zones civiles, notamment dans les hôpitaux et dans les écoles.
Face à la pression judiciaire croissante, l’armée israélienne à déconseillé à ses soldats de voyager à l’étranger, craignant les possibles arrestations dans certains pays.
Sur le même sujet
