À l’aube de ses 50 ans, Veronica Chacon, chanteuse lyrique et comédienne, revient sur son parcours éclectique, ses inspirations, et son one-woman show « Mais pour qui elle se prend ? », qui sera joué au Toulouse Lautrec Jazz Club de Londres le 26 novembre prochain. Entre humour et émotion, Veronica nous raconte son chemin vers la scène et ses réflexions sur la vie d’artiste.
« Un couteau suisse artistique »
Originaire de Suisse et de Colombie, Verónica Chacón se définit comme un véritable « couteau suisse artistique ». « Une amie m’a un jour surnommée ainsi lors d’une soirée de networking, » raconte-t-elle en riant. « J’écris, je chante, je mets en scène, et je fais même la promotion de mes spectacles. Tout cela fait partie de l’artisanat ! » Dès l’âge de trois ans, Veronica est montée sur les planches, encouragée par sa mère, professeure de musique. Issue d’une famille créative, mais où personne n’avait fait carrière dans l’art, elle a toujours été attirée par la scène. Pourtant, son parcours ne s’est pas fait sans obstacles.
Après des études en musique classique, elle s’est installée à Londres à l’âge de 23 ans, sur les conseils de ses proches, pour poursuivre ses rêves. « Je devais y rester trois ans, j’y suis toujours après 26 ans, mariée à mon pianiste, » raconte-t-elle, un sourire dans la voix.
Un spectacle entre introspection et humour
Son spectacle, « Mais pour qui elle se prend ? », est à la fois un hommage à son amour pour la mélodie française et une exploration introspective. « J’ai voulu soigner mon syndrome de l’imposteur avec le public, » confie Verónica. « Il n’y a pas une histoire linéaire, mais plutôt des thématiques qui me sont chères, comme la quête de soi, les différents rôles que l’on endosse, et cette petite voix intérieure qui nous questionne constamment. »
« J’ai toujours eu du mal à me sentir à l’aise dans les cases. Je préfère créer ma propre voie. »
Véritable one-woman show, le spectacle mélange des chansons issues du répertoire des Frères Jacques, de Francis Poulenc ou encore Erik Satie, des textes personnels, et une mise en scène où Veronica incarne plusieurs personnages : « J’aime toucher les gens avec mes histoires, les faire rire et pleurer. » Ce mélange de chant et de théâtre est le reflet de son parcours, où elle ne coche jamais les cases préétablies. « J’ai toujours eu du mal à me sentir à l’aise dans les cases. Je préfère créer ma propre voie. »
L’une des expériences les plus marquantes de Verónica s’est déroulée pendant le confinement de 2020. Inspirée par les Italiens chantant depuis leurs balcons, elle a décidé de faire de même, ouvrant sa fenêtre pour chanter à ses voisins. « La première fois, il y avait cinq personnes, » se souvient-elle. « Mais à la deuxième semaine, il y avait 160 personnes dans la rue ! C’était bouleversant. » Cette initiative spontanée lui a confirmé que son métier, au-delà de l’argent, était de toucher les gens, même dans les moments les plus difficiles.
Un avenir sous le signe de la créativité
À presque 50 ans, Verónica revendique fièrement son âge et la richesse de son expérience. Elle porte un regard lucide sur la place des femmes dans l’industrie musicale : « Nous sommes plus de la moitié de la population mondiale, et pourtant, on nous considère encore comme des minorités. C’est absurde, » s’indigne-t-elle. Tout en reconnaissant les progrès réalisés, elle déplore le politiquement correct et l’artificialité des quotas. « Il faut arrêter de remplir des quotas et simplement laisser chacun prendre sa place. Il y a de la place pour tout le monde. »
Après « Mais pour qui elle se prend ? », Verónica n’a pas l’intention de ralentir. Elle envisage de faire tourner le spectacle à travers l’Angleterre, notamment dans les communautés francophones, et rêve de se produire en Suisse et en France. Parallèlement, elle travaille sur un projet intitulé « Empower Voices », destiné à aider les gens à retrouver leur voix intérieure à travers l’art et la créativité. Avec son humour, sa sagesse et son énergie, Veronica Chacon continue de briser les conventions, sur scène comme dans la vie, et invite son public à se poser la question : « Mais pour qui je me prends ? »
Verónica Chacón se produira le 26 novembre 2024 au Toulouse Lautrec Jazz Club de Londres. Une performance à ne pas manquer pour découvrir cette artiste aux multiples talents.