Édition internationale

L’excellence viticole française mise à l’honneur à Londres

Toutes les régions françaises ont répondu présentes pour Tastin'France ! Plus de 30 producteurs ont présenté leurs vins, prêts à exporter l'excellence viticole française au Royaume-Uni. Mais est-ce que les Britanniques partagent notre engouement pour notre terroir tricolore ?

Tastin'France 2025, photo de Business France UKTastin'France 2025, photo de Business France UK
Tastin'France 2025, photo de Business France UK
Écrit par Hermine Pinoteau
Publié le 20 janvier 2025, mis à jour le 22 janvier 2025

 

Toutes les régions françaises ont répondu présentes pour le Tastin'France, le jeudi 16 janvier, à l'hôtel The Churchill de Londres. Cet événement, organisé par Business France, a fait voyager journalistes, investisseurs, restaurateurs et hôteliers, tout autour de l’Hexagone, grâce à la dégustation de plus de 500 vins, prêts à être commercialisés au Royaume-Uni, l’un des principaux marchés de l’industrie viticole française. 

 

Les producteurs que nous avons rencontrés nous ont présenté leurs produits avec passion, affirmant l’excellence française en matière de vins. Lepetitjournal.com de Londres leur a posé vos questions !

 

Pourquoi exporter des vins français au Royaume-Uni ? 

 

Si le Royaume-Uni est un petit producteur, il s'agit d’un grand consommateur de vin ! Cependant, la consommation britannique en la matière repose à 100% sur les importations. En 2020, la Grande-Bretagne se plaçait au deuxième rang des importateurs mondiaux de vin en volume (après l’Allemagne), ce qui en fait un marché de choix pour les producteurs français. C’est d’ailleurs l’objectif de ceux que nous avons rencontrés, comme pour la viticultrice Noémie Tanneau, qui s’est rendue au Tastin’France pour “venir trouver des importateurs, des professionnels anglais, qui puissent faire voyager mon vin jusqu’en Angleterre et le faire découvrir aux anglais”

 

Tastin'France 2025, photo de Business France UK
Tastin'France 2025, photo de Business France UK

 

En 2021, la France a exporté 11 % de ses vins vers le Royaume-Uni, soit 1,4 million d'hectolitres, ce qui en fait notre deuxième client mondial en valeur. Pour certains producteurs interrogés, il s’agit de leur deuxième plus gros marché d’exportation après le Canada.

 

Le Brexit a-t-il affecté les exportations françaises de vin vers la Grande-Bretagne ?

 

Tous nos interlocuteurs ont été unanimes : le Brexit n’a pas eu un impact significatif, comme annoncé, sur les exportations françaises de vin en Grande-Bretagne. Les prix ont certes légèrement augmenté, mais cela n’a pas freiné la quantité de vin français consommée par les Britanniques. 

 

En revanche, les viticulteurs français sont confrontés à d’autres difficultés, notamment l’augmentation des taxes sur leurs marchandises. Si le gouvernement conservateur de Rishi Sunak avait déjà augmenté la taxation des boissons alcoolisées en fonction de leur teneur en alcool en mars 2023, à partir du 1 février 2025, le régime fiscal pour les boissons alcoolisées au Royaume-Uni va de nouveau changer. 

 

L’actuel gouvernement travailliste va augmenter les droits d’accises (impôt prélevé sur chaque hectolitre d'alcool vendu). Les vins seront taxés au degré d'alcool par tranche de 0,5, ce qui risque de freiner les exportations de vins français. Néanmoins, les taxes sur les boissons effervescentes, notamment la bière et le cidre, servis dans les restaurants, bars et pubs, ne seront pas augmentées.

 

Les producteurs ont exprimé leurs inquiétudes face à ce changement de régime fiscal, comme Florian Champeau, viticulteur, qui nous explique qu’”il y a des taxes en fonction des degrés (...) cela peut être intéressant pour l’importateur d’avoir des vins à faible degré et moins de taxes à payer”.

 

Puisque parallèlement, les producteurs sont également confrontés au réchauffement climatique, qui bouleverse les dates de récolte, réduit les rendements, et entraîne des titres alcoométriques plus élevés : “Il y a une réelle demande, depuis quelque temps, de vins un peu plus légers. C’est vrai que nous sommes dans une région très ensoleillée, ce qui nous donne des vins avec un degré d’alcool assez élevé. Nous avons des rouges qui sont à 14, à 14,5”.

 

Avec le réchauffement climatique, les températures plus élevées font augmenter la concentration de sucres dans les fruits. Lors de la fermentation, ces sucres sont convertis en alcool, ce qui entraîne la production de vins plus alcoolisés.

 

Florian Champeau
Florian Champeau, viticulteur, Tastin'France 2025, photo de Business France UK

 

Avec la montée en puissance de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et des Etats-Unis dans la production viticole, la concurrence se durcit-elle pour les vins français exportés en Grande-Bretagne ? 

 

Bien que l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis soient d’importants exportateurs de vin, les principaux concurrents des producteurs français restent l’Italie et l’Espagne. L’Italie est le premier exportateur de vin au monde en volume, tandis que la France reste le premier exportateur en valeur (et le troisième en volume, derrière l’Australie).

 

La France bénéficie également d’une excellente image grâce à son savoir-faire et un attachement historique britannique aux vins français. C’est ce que nous explique Valerian Girardin, responsable export pour la Cave de Tain : “Le client anglais a une relation avec la France qui est à mon sens ancestrale, ce “je t’aime moi non plus”. Cette relation ami-ennemi que nous avons depuis toujours. Pour les vins, je pense qu’il y a une relation extrêmement tendre. L’Anglais adore les vins français, voit cela comme un produit très qualitatif, même comme un produit de luxe (...) Il y a cette demande qui reste basée sur la qualité, mais aussi sur le côté statutaire. L’Anglais aime bien les étiquettes très françaises, il aime bien ce qui transpire un peu la France.”

 

“Le client anglais a une relation avec la France qui est à mon sens ancestrale, ce “je t’aime moi non plus”. Cette relation ami-ennemi que nous avons depuis toujours. Pour les vins, je pense qu’il y a une relation extrêmement tendre. L’Anglais adore les vins français, voit cela comme un produit très qualitatif, même comme un produit de luxe (...) Il y a cette demande qui reste basée sur la qualité, mais aussi sur le côté statutaire. L’Anglais aime bien les étiquettes très françaises, il aime bien ce qui transpire un peu la France.”

 

De plus, la proximité géographique avec le Royaume-Uni reste un avantage non négligeable pour l’industrie viticole française, facilitant les exportations, comparé à des pays comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

 

Quelles sont les préférences britanniques en matière de vin ?

 

Les réponses de nos interlocuteurs étaient partagées. Certains mettent en avant le rosé et le champagne, d’autres le vin blanc ou le vin rouge, comme Florian Champeau : “Les Anglo-Saxons aiment bien les vins un peu secs avec de la fraîcheur et une belle aromatique”. Cependant, la bière reste la première consommation d’alcool au Royaume-Uni, représentant 62% des volumes d’alcool consommés. Malgré un production locale forte avec plus de 2000 brasseries, le pays reste un des premiers importateurs mondiaux en volume de bières : “La bière nous prend beaucoup de parts de marché (...) c'est un réel problème, il va falloir que nous nous adaptions au marché et que nous trouvions des solutions”.

 

“La bière nous prend beaucoup de parts de marché (...) c'est un réel problème, il va falloir que nous nous adaptions au marché et que nous trouvions des solutions”.

 

La préoccupation environnementale est-elle devenue un élément à prendre en compte dans la distribution des vins français ?

 

Dans les grandes villes britanniques, le label bio organic est reconnu, tout comme les démarches éco responsables et les engagements visant à réduire l’empreinte carbone des productions de vin. 

 

L’histoire de Noémie Tanneau illustre bien cet attachement britannique en matière d’éco responsabilité ! En 2020, cette viticultrice à acheté un petit vignoble bordelais, le Château St-Ferdinand à Lussac Saint-Emilion. Guidée par le respect de la biodiversité et de l’environnement, son vin a été remarqué par Charles III. Lors de sa première visite officielle en France, en septembre 2023, le roi d’Angleterre a sélectionné le vin de Noémie Tanneau pour son engagement environnemental. Elle a ainsi obtenu le trophée de la vigneronne engagée pour l’année 2023. La viticultrice nous explique : “Le roi voulait goûter un vin engagé (...) ce vin j’en suis très fière, qu’il ait cette reconnaissance d’un roi, nous ne pouvons pas rêver mieux !”

 

Noémie Tanneau
Noémie Tanneau, viticultrice, Tastin'France 2025, photo de Business France UK

 

 

 

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