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Adieu sodas et pizzas : ce que prévoit le nouveau menu scolaire en Espagne

Le gouvernement espagnol vient d’approuver un décret royal visant à améliorer l’alimentation dans toutes les cantines scolaires du pays. Objectif : garantir à tous les enfants, quel que soit le revenu de leur famille, un accès à des repas sains et équilibrés.

jeune élève espagnol assis devant plat sain et équilibré dans une cantine scolaire en espagnejeune élève espagnol assis devant plat sain et équilibré dans une cantine scolaire en espagne
Yan Krukau, pexels.
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 22 avril 2025, mis à jour le 23 avril 2025

Manger sainement à l’école ne devrait pas être un privilège. C’est le message porté par le nouveau décret royal adopté mardi 15 avril 2025 par le gouvernement espagnol. Cette réforme, applicable dans l’ensemble des établissements scolaires — publics, sous contrat et privés — entend garantir que chaque élève ait accès à cinq repas sains par semaine, en réduisant les inégalités liées à l’origine sociale.

“Le réfectoire scolaire est un outil essentiel pour réduire les inégalités et garantir le droit de tous les enfants à une alimentation de qualité”, a déclaré Pablo Bustinduy, ministre des droits sociaux, de la consommation et de l’agenda 2030, lors de la conférence de presse qui a suivi le Conseil des ministres.
 

Une assiette plus équilibrée pour chaque élève : le pari nutritionnel de l’Espagne

 

poisson et brocolis dans une assiette
Geraud pfeiffer, pexels. / Les nouveaux menus misent sur des plats équilibrés, riches en fruits, légumes, céréales complètes et protéines de qualité.

 

Le décret impose plusieurs mesures phares :

  • Des fruits et légumes frais tous les jours, dont 45 % doivent être de saison et issus de la production locale, avec 5 % certifiés bio ;
     
  • Du poisson au moins une fois par semaine ;
     
  • Une augmentation des légumineuses et céréales complètes, selon les recommandations de l’Agence espagnole de sécurité alimentaire (Aesan) et de l’OMS ;
     
  • La suppression totale des boissons sucrées, énergétiques et des viennoiseries industrielles, tant dans les menus que dans les distributeurs et cafétérias scolaires.

 

Cette réforme s’inscrit dans le Plan stratégique national pour la réduction de l’obésité infantile (2022-2030). L’enjeu est de taille : en Espagne, plus de 40 % des enfants âgés de 6 à 9 ans sont en surpoids, et 17,3 % sont considérés comme obèses. Et dans la balance, le facteur économique pèse lourd : près de la moitié des enfants (46,7 %) issus de familles gagnant moins de 18.000 euros par an présentent un excès de poids, contre 29,2 % dans les foyers plus aisés.

 

Carte de l'obésité en Espagne : plus de surpoids dans les zones pauvres

 

Fini les pizzas industrielles et les plats trop sucrés !

Le texte va plus loin en encadrant strictement la composition des aliments servis :

  • Interdiction des produits contenant plus de 5 g de sucre par portion emballée ;
     
  • Limite fixée à 200 kilocalories par portion, dont maximum 35 % provenant de graisses, et 10 % de graisses saturées ;
     
  • Les plats préparés industriels comme les pizzas ou chaussons ne pourront être proposés qu’une fois par mois ;
  • Les fritures seront limitées à une fois par semaine, à condition d’être cuisinées avec de l’huile d’olive ou de tournesol à haute teneur en acide oléique.

En 2023, une étude gouvernementale révélait que 37 % des écoles ne proposaient que… deux portions ou moins de légumes frais par semaine, et que 1.200 établissements scolaires ne servaient jamais de poisson. La réforme souhaite corriger ces lacunes et promouvoir une alimentation durable dès le plus jeune âge.


 

Une cantine plus juste pour les enfants espagnols

En introduisant une offre végétarienne et végétalienne obligatoire, et en interdisant les excès de sucre, de gras et de sel, l’Espagne entend faire de ses cantines un levier de justice sociale et de santé publique. “Tous les enfants auront désormais accès, chaque jour, à une alimentation saine et nourrissante, indépendamment du revenu de leur famille”, a assuré Pablo Bustinduy.

Alors que l’Espagne affiche le sixième taux d’obésité infantile le plus élevé de l’UE, ce décret marque un tournant pour mieux aligner la réalité des cantines scolaires avec les principes d’un régime méditerranéen vanté partout, mais jamais servi dans les assiettes des plus jeunes...