Depuis le 21 avril, Madrid fait face à une grève illimitée du service de collecte des déchets, menée par les syndicats Comisiones Obreras (CCOO), Union générale des travailleurs (UGT) et Confédération générale du travail (CGT). L’objectif : obtenir de meilleures conditions de travail, plus de stabilité et une revalorisation salariale pour les éboueurs employés par des entreprises sous-traitantes mandatées par la mairie.


Des rues saturées de déchets à Madrid
Montagnes de sacs-poubelles, conteneurs débordants et rues impraticables rythment désormais le quotidien de nombreux Madrilènes... Sur Orense, la Plaza Mayor ou dans des quartiers entiers comme Carabanchel, l'accumulation des ordures ne cesse de s'aggraver.
Pour contenir les dégâts, la mairie a imposé des services minimums (à 50 % de la capacité habituelle), organisant une collecte alternée selon les districts. Mais sur le terrain, l'efficacité promise n’est pas au rendez-vous. De nombreux secteurs restent saturés, et la mairie accuse les entreprises concessionnaires de ne pas respecter les services minimums requis, menaçant même d'éventuelles sanctions.
Par ailleurs, le service de nettoyage d'urgence, qui pourrait être mobilisé en cas critique, refuse d'intervenir par solidarité avec les grévistes, ce qui aggrave encore la situation.
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Comment fonctionne la collecte pendant la grève ?
Le plan d'urgence municipal divise les districts en deux blocs pour organiser une collecte, tous les deux jours :
- Samedi 26 et lundi 28 avril : Centre, Arganzuela, Salamanca, Chamartín, Fuencarral-El Pardo, Chamberí, Moncloa-Aravaca, Carabanchel, Usera, Ciudad Lineal, Vicálvaro et San Blas-Canillejas.
- Vendredi 25 et dimanche 27 avril : Retiro, Tetuán, Hortaleza, Moratalaz, Puente de Vallecas, Villaverde, Latina, Villa de Vallecas et Barajas.
Les habitants sont invités à sortir leurs ordures la veille du jour de collecte attribué à leur quartier. Dans les faits, seuls quelques bastions — Centre, Salamanca, Chamartín, Chamberí, Carabanchel, Usera et San Blas-Canillejas — bénéficient encore d’une collecte à peu près régulière. Partout ailleurs, la situation dégénère : les sacs d’ordures s’amoncellent, les trottoirs disparaissent sous les déchets, et la ville s’enlise un peu plus chaque jour dans l’insalubrité.
Bonne nouvelle toutefois : le ramassage du papier, du carton et du verre est maintenu, tout comme la collecte commerciale et le fonctionnement des déchetteries municipales. Les hôpitaux, écoles, crèches, marchés et maisons de retraite continuent aussi d’être épargnés, une priorité pour limiter les risques sanitaires dans les lieux les plus sensibles.
Un conflit qui s’enlise
À l'origine de ce chaos, un bras de fer engagé depuis des mois entre syndicats et entreprises délégataires. Déjà en janvier, Comisiones Obreras tirait la sonnette d'alarme sur l'inefficacité du nouveau système de collecte par phases, dénonçant un double échec : celui du service public et celui des conditions de travail.
Trois mois plus tard, le constat est implacable. Un préaccord avait bien été esquissé entre syndicats et entreprises, mais il a été massivement rejeté par les travailleurs, qui dénoncent l'absence de véritables avancées. Depuis, le dialogue est rompu, et aucune solution ne semble émerger à l’horizon. À ce jour, aucune issue n'est en vue, tandis que la capitale espagnole voit ses rues se transformer peu à peu en dépotoirs à ciel ouvert.
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