Édition internationale

Les Espagnols de plus en plus heureux, selon une étude d’Ipsos

Soleil, tapas… et bonne humeur ! Avec 72 % d’Espagnols se disant heureux, le pays affiche une progression remarquable du bien-être de sa population. Selon la dernière étude menée par Ipsos dans 30 pays, l’Espagne enregistre l’une des plus fortes hausses depuis 2011, gagnant 11 points en une décennie.

groupe de quatre jeunes espagnols heureux en train de rigolergroupe de quatre jeunes espagnols heureux en train de rigoler
Helena Lopes, Pexels.
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 21 avril 2025, mis à jour le 23 avril 2025

Et si le bonheur avait une adresse ? Pas besoin de chercher loin : il semblerait qu’il suffise de traverser les Pyrénées. Dans un monde où l’inflation, l’incertitude et les écrans grignotent nos sourires, l’Espagne résiste avec une sérénité surprenante. 

C’est en tout cas la conclusion d’une vaste étude menée par Ipsos : 72 % des Espagnols se disent aujourd’hui heureux. Un chiffre en hausse de 11 points depuis 2011, faisant de l’Espagne le pays où la progression du bonheur est la plus marquée sur la période. Décryptage. 

 



 

Les jeunes Espagnols gardent le sourire, malgré tout

 

jeunes espagnols en train de trinquer au bonheur avec des bières
Kampus Production, Pexels. / Contre toute attente, les Espagnols qui se déclarent le plus heureux appartiennent à génération Z. 

 

 

Première surprise à la lecture de l’étude : contre toute attente, ce ne sont pas les baby-boomers au bord de la mer ni les millennials qui dominent le classement du bonheur, mais bien la génération Z. Oui, celle qu’on dit scotchée à TikTok et angoissée par le climat. 

Avec 75 % de jeunes Espagnols nés entre 1997 et 2010 se déclarant heureux, la Gen Z devance légèrement leurs aînés baby-boomers (74 %), dans un mouchoir de poche. La vraie différence se joue avec la génération X (nés entre 1965 et 1980), qui semble regarder le bonheur d’un œil plus circonspect : seuls 68 % s’en réclament. 

 

 

FOMO : la génération Z espagnole face à la tyrannie de la vie idéale

 

 

En observant cette fois l’ensemble de la population (30 pays), les hommes semblent légèrement plus enclins au bonheur que les femmes (73 % contre 70 %), mais l’écart reste modéré.

Méthodologie : Enquête réalisée en ligne par Ipsos entre le 20 décembre 2024 et le 3 janvier 2025, auprès de 23.765 adultes dans 30 pays, dont 1.000 en Espagne. L’échantillon est représentatif de la population adulte dans plusieurs pays, ou du segment urbain connecté dans d’autres.



 

 

Famille, santé mentale et lien social : les clés du bonheur en Espagne

Quand on leur demande ce qui les rend heureux, les Espagnols répondent sans hésiter : la famille et les enfants. Un classique qui récolte 47 % des voix. Vient ensuite la santé mentale (35 %), désormais considérée comme un pilier essentiel du bien-être – plus encore que la santé physique (27 %). Autres ingrédients de la recette du bonheur : les amis, et le sentiment d’être aimé ou apprécié, à parts égales (30 %). 

Mais les réponses varient légèrement selon les générations : les boomers, les X et les millennials placent la famille tout en haut de leur échelle du bonheur. Les Z bousculent les codes : pour 43 % d’entre eux, ce sont les amis qui comptent le plus. La famille, c’est bien… mais les copains, c’est sacré. 

Repères générationnels : Baby-boomers : nés entre 1946 et 1964. Génération X : nés entre 1965 et 1980. Génération Y / Millennials : nés entre 1981 et 1996. Génération Z : nés entre 1997 et 2010. Génération Alpha : nés à partir de 2011. 

 



 

Joie sous le soleil, mais l’argent reste l’ombre au tableau

On dit souvent que le bonheur ne s’achète pas. Certes. L’étude d’Ipsos révèle quand même que les finances restent le premier casse-bonheur planétaire : 58 % des personnes interrogées dans le monde affirment que leur situation économique nuit à leur bien-être. 

En Espagne, elles sont 53 % à faire le même constat. Dans ce pays, l’étude révèle aussi un écart de 22 points entre les ménages les plus aisés (85 % de personnes heureuses) et les foyers à faibles revenus (63 %).

À côté de l’argent, d’autres nuages viennent assombrir le ciel espagnol : la santé mentale (33 %), la santé physique (25 %) et, de plus en plus, les conditions de logement (23 %). 



 

Une qualité de vie en demi-teinte… et un moral en béton

Autre fait étonnant : malgré leur bonne humeur générale, seuls 34 % des Espagnols estiment bénéficier d’une bonne qualité de vie. C’est moins que la moyenne mondiale (40 %) et cela place l’Espagne dans le trio de queue en Europe, juste devant la France (30 %) et la Hongrie (22 %).

Mais attention, le moral ne flanche pas pour autant. 53 % des Espagnols pensent que leur situation va s’améliorer dans les cinq années à venir. Un score qui rejoint la moyenne mondiale, et qui fait de l’Espagne l’un des pays les plus optimistes du Vieux Continent – juste derrière la Pologne, championne toutes catégories avec 58 % d’espoir… dans les chaussettes.

Et si le bonheur, finalement, ne se mesurait pas au PIB mais aux repas en famille, aux éclats de rire partagés entre amis et à cette capacité unique d’espérer, même quand tout tangue ? En Espagne, on ne prétend pas vivre dans un paradis fiscal ni climatique. Mais on y cultive avec talent l’art de savourer les petits plaisirs. Et c’est peut-être ça, le véritable luxe : dans un monde qui court, savoir encore prendre le temps… d’être heureux.